ATTENTION: Cannabis... ça fait aussi du mal
Édité par TQa, mardi 7 août 2007 à 15:23 :: REVUE DE PRESSE TOXICOMANIE :: permalien #2128
(En bref...) Un titre à la Une de Libération qui souligne que «plusieurs études internationales mettent en lumière les risques que la consommation de joints fait courir à la santé publique». Se demandant ce qui ce passe «sur le front du cannabis», produit qui «n’a jamais été aussi populaire», le journal observe qu’il pourrait provoquer des psychoses et qu’il serait aussi nocif que le tabac en matière d’atteintes pulmonaires ou cardiaques, causant par ailleurs un grand nombre d’accidents de la route.
Le journal qui revient sur l’éditorial du Lancet qui indiquait en 1994 que fumer du cannabis «même à long terme n’est pas nuisible à la santé», mais aussi sur le rapport du Pr Roques démontrant trois ans plus tard que «le cannabis était de loin une des drogues les moins toxiques», assure «tel était donc le paysage, le cannabis est interdit mais peu nocif».
D’après Libé, la société vivait donc dans une «double schizophrénie» où d’un côté on réprimait l’usage de cannabis et de l’autre on fumait de plus en plus de joints en se méfiant plus du policier que des conséquences pour la santé. Relevant que «l’air du temps» a changé peu à peu, avec les alarmes de certains médecins sur un certain nombre de troubles mentaux observés chez les fumeurs réguliers, le journal rappelle qu’en juin The Independant a présenté ses excuses aux lecteurs estimant s’être trompé en faisant campagne en 1997 pour la dépénalisation du cannabis.
Le quotidien qui note que The Lancet a lui aussi «fait amende honorable» en affirmant «que les travaux que l’on publie nous conduisent à conclure que le cannabis accroît le risque de maladie psychotique», précise que quelques jours plus tard c’est la revue Thorax qui rendait compte d’une étude néo zélandaise montrant que «fumer un seul joint de cannabis à les mêmes effets sur les poumons que fumer 2,5 à 5 cigarettes d’un cou». Se demandant si on assiste à «un violent retour de bâton», le quotidien estime que s’il «se passe bien quelque chose de réel», il n’en reste pas moins qu’en matière de drogue «les argument sont biaisés car idéologisés». Pour Le Pr Parquet «il n’est pas sain de poser la question en termes de réévaluation des dangers (...) il y a des données nouvelles qu’il faut analyser et décortiquer et en même temps il ne faut pas faire l’impasse sur la représentation sociale du produit». Selon lui, «il est clair que le cannabis n’est pas sans effets secondaires mais lesquels réellement?».
Bernard Roques, auteur du rapport de 1997 observe «il n’y a rien pour moi de très nouveau». Le journal qui souligne que pour sa part Didier Jayle, président de la MILDT, se montre «en accord avec ce nouvel air du temps», rapporte son propos «on a clairement sous estimé le danger du cannabis. Quand nous avons lancé une campagne en 2005 sur le thème «le cannabis est une réalité», c’était une façon de dire que ce n’est pas tout à fait anodin». «Qui en doutait?» commente Libé.
Un article aussi sur «Les maux qui menacent les fumeurs de joints», sachant que les médecins s’interrogent sur trois risques. «La fumette rend elle psychotique?» interroge le journal qui fait état de la méta analyse sur une trentaine d’études publiée par The Lancet, la quelle conclut que le cannabis augmenterait de plus de 40% les risques de développer une malade mentale. D’après le quotidien, ce lien est très délicat à établir car on peut se demander si la survenue de psychoses chez les fumeurs s’explique parce que le fumeur est prédisposé à cette pathologie ou s’il y a un lien de causalité direct.
Rapportant que selon les chercheurs, le risque de psychose augmente avec l’intensité de la consommation mais qu’il peut y avoir d’autres facteurs explicatifs, sachant que le risque de développer des troubles tels que la schizophrénie est faible, le quotidien fait état du scepticisme du Pr Roques qui observe que «ce qui est nouveau c’est (...) l’existence d’une relation directe entre intensité et durée de consommation (...) et augmentation du risque» mais que « cela ne répond pas à des interrogations essentielles » à savoir si ces épisodes psychotiques «sont spontanément réversibles ou non» et s’ils sont «rapidement éliminés par les traitements neuroleptiques». Le Pr Parquert qui «partage cette attitude prudente» déclare pour sa part « la consommation de cannabis peut aussi cacher des troubles mentaux. La personne se sentant mal s’automédicamente en fumant. Elle ne viendra nous voir que très tard à un moment où la maladie mentale est déjà installée».
Evoquant les dangers du cannabis pour les poumons et le cœur, Libé revient sur l’étude publiée dans la revue Thorax, dont «la principale découverte», selon les chercheurs, «est qu’un joint est similaire à 2,5 à 5 cigarettes de tabac en terme d’obstruction respiratoire». Le Pr Parquet ironise «on a l’impression de découvrir la lune» et il explique «le cannabis brûle moins bien que le tabac et donc produit plus de gaz carbonique» et par ailleurs «le papier utilisé dans les joints est plus épais augmentant ainsi la production d’oxyde de carbone». Indiquant que chez les consommateurs réguliers cela aura «des conséquences en particulier sur le risque d’hypertension artérielle», il observe «cela est clair, incontestable mais aucune étude majeure n’a été faite». Pour d’autres, la consommation de cannabis est liée à celle de tabac ce qui amplifie les risques. En ce qui concerne cannabis et conduite, le quotidien assure que «c’est le danger le plus clair» puisque le rapport de l’OFDT fait état d’une «nette détérioration de certains facultés sous l’influence du cannabis» et notamment «capacité de contrôle d’une trajectoire, temps de décision allongé, mécanismes d’attention en déficit», sachant toutefois que «les conducteurs conscients d’une diminution de leurs capacités modifieraient leur comportement (...) pour une moindre prise de risque» mais que l’on compte tout de même parmi les conducteurs impliqués dans un accident mortel, 7% de cas positifs au cannabis et 2,8% de conducteurs ayant consommé alcool et cannabis. Le journal qui fait état d’un risque d’accident mortel multiplié par deux avec le cannabis, estime que 170 morts imputables au surrisque cannabis « c’est beaucoup mais qu’on est loin des 2270 morts liées à l’alcool».
Sous le titre «Regard froid», un éditorial où Laurent Joffrin juge qu’il faut «jeter un regard froid» sur la question car «les fumées de la polémique ont trop longtemps obscurci une discussion passionnée». Selon lui, les scientifiques sont les mieux placés pour se prononcer et ils «viennent de rendre leur verdict»: le cannabis «favorise les maladies cardiovasculaires», est «très dangereux au volant» et «à forte dose il est soupçonné de faciliter le développement de la schizophrénie». Affirmant qu’il n’est pas forcément plus dangereux que le tabac puisque le cannabis n’entraînerait pas d’addiction, ce qui induit que le fumeur de cannabis arrêterait plus facilement sa consommation que le fumeur de cigarettes, l’éditorialiste souligne que ces constatations "ne règlent pas la discussion sur la prévention", sachant qu’au moment où on agit avec vigueur contre le tabac, il serait paradoxal de dépénaliser un autre produit dangereux. Laurent Joffrin qui relève que selon les adversaires de la répression, l’illégalité ne facilite pas forcément la prévention, fait observer que « le diagnostic des scientifiques n’annonce pas forcément un nouveau cycle répressif » mais « qu’il marque surtout la fin de la naïveté ».
Libération a aussi interrogé des fumeurs qui «répondent aux dangers du cannabis par l’autorégulation et la consommation maison». D’après le journal, «l’idée force» qui se dégage des discours des uns et des autres c’est que le cannabis est peut-être néfaste mais pas plus que le tabac ou l’alcool. Affirmant que l’on aurait tort de croire que c’est parce qu’ils ne connaissent pas les dernière études en date, le journal souligne que la plupart font le choix de continuer à fumer tout en s’autorégulant.
Un étudiant lyonnais de 25 ans qui dit «accorder du crédit à ce qu’on il peut lire dans la presse ces derniers temps», assure «quand je monte à deux ou trois joints par jour, après je m’oblige à ne pas en fumer dans les deux ou trois jours qui suivent» avec aussi quelques principes comme ne pas fumer avant le travail, éviter les mélanges avec l’alcool et ne pas fumer seul. Pascal, 23 ans, ingénieur, qui fume pour sa part un joint par jour, seul ou non, depuis l’âge de 19 ans, assure que cela ne l’a pas empêché de réussir ses études ni de gérer sa vie. Il reconnaît les effets cancérigènes du cannabis mais «à long terme» tout en se montrant «moins insouciant» sur les effets indésirables après certaines soirées (gêne, glaires, vomissements en association avec l’alcool). Michaël, journaliste parisien de 27 ans, pratique «l’autoculture» car il ne fait pas confiance au contenu de ce qui lui est vendu «ça va du plastique jusqu’au verre pilé» dit-il. Sur les trois garçons interrogés, c’est lui le plus alarmistes sur les effets néfastes du cannabis et il parle de «dépendance psychologique».
Affirmant s’être trouvé certains soirs «complètement parano» car il croyait être suivi, il a décidé de réduire sa consommation pour passer d’un joint chaque soir à deux par semaines. Patricia qui a profité de sa grossesse pour mettre un terme à sa consommation, dit que quand elle fumait, dans «un coin de sa tête» il y avait «quand même cette peur du cancer». D’après le quotidien, ils ne sont pas nombreux à redouter des incidences psychologiques, et l’avis de Pascal «est largement partagé» «je ne pense pas que ce soit le cannabis qui déclenche la schizophrénie. C’est plutôt celle ci qui est latente chez certaines personnes et le cannabis ne fait que la révéler». Pierre, 54 ans, dit, à raison de 10 joints par jour, avoir vécu «des crises de schizo assez galopantes». Toutefois selon lui «les réflexions sur la santé ne satisfont de toute façon jamais un individu encore moins un jeune».
A noter une interview de Dominique Voynet, sénatrice verte de Seine Saint Denis, qui «pointe les effets contre productifs de la prohibition» et se dit «favorable à une légalisation contrôlée du cannabis» car la politique actuelle de prohibition est «hypocrite et inefficace». Pour elle, la légalisation contrôlée n’est pas un encouragement à l’usage mais elle permettrait de lever des tabous et de «mener une politique de prévention plus juste» en avertissant plus clairement des dangers comme on le fait pour l’alcool et le tabac. Jugeant qu’avec les campagnes de prévention actuelles «les jeunes ont l’impression d’entendre un message totalement décalé par rapport à la réalité», elle estime que plutôt que d’interdire sans rien expliquer, il vaut mieux faire réfléchir les jeunes «sur leurs pratiques» et «leur dire de réserver ce produit à un usage seulement récréatif» mais aussi les informer sur les risques qu’ils courent en prenant le volant. La sénatrice verte qui estime que la seule dépénalisation n’empêcherait pas l’économie souterraine, ajoute qu’aujourd’hui les cultures «industrielles» permettent d’enrichir la plante en THC, alors que dans le cadre d’une légalisation contrôlée l’Etat pourrait encadrer la concentration en THC. Source: MILDT, Paris
samedi 11 août 2007
Santé et cannabis : état des lieux
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