mercredi 27 janvier 2010

Menace sur le web

Après la bataille Google-Chine, voici de quoi s'inquiéter dans nos démocraties ...

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L'Acta : le traité qui menace le web


39 Etats entament ce mardi de nouvelles négociations sur un accord secret visant à lutter contre la contrefaçon, en particulier le téléchargement illégal sur Internet.



Acta. Ces quatre lettres font frémir le web. L'acronyme de l'Anti-Counterfeiting Trade Agreement, un projet de traité international "anti-contrefaçon", entame sa septième phase de négociations ce mardi 26 janvier au Mexique.
Très peu d'informations ont filtré sur les précédentes négociations, le projet d'accord dit "commercial" négocié entre 39 Etats ayant été classé "secret défense" par les Etats-Unis. Néanmoins, selon un document de la Commission européenne publié par Wikileaks, l'Acta comporterait deux volets : un premier sur les produits pharmaceutiques et la contrefaçon, et un second sur les mesures pour lutter contre les violations de droits d'auteurs.
Ce sont surtout les mesures envisagées dans cette seconde partie qui inquiètent les internautes. Si les négociations se déroulent dans une grande opacité, une certitude demeure : l'Acta entend bien durcir le droit international sur les questions de propriété intellectuelle.

"Notre objectif reste de conclure le traité cette année"

Contacté par le Nouvelobs.com, une source de la Commission européenne, proche des négociations, détaille l'agenda de ces prochains jours : "ce mardi elles porteront sur les questions civiles, mercredi sur les mesures pour les douanes, jeudi sur les questions relatives à Internet et au numérique, et enfin vendredi sur d'autres sujets et sur la possibilité de rendre public le projet d'accord".
Il précise que l'Acta ne sera pas finalisé ce vendredi. "Un prochain round de négociations est déjà prévu mi-avril en Nouvelle-Zélande. Mais notre objectif reste de conclure le traité cette année."
Autour de la table des négociations sont réunis "plusieurs représentants techniques de chaque pays. Pour les pays de l'Union européenne, le négociateur et son équipe sont diligentés par la commission européenne, sauf pour les questions pénales où c'est la présidente tournante de l'UE qui prend le relais". Par contre, autour de la table : "aucune entreprise ou association, uniquement des représentants d'Etat".
Cette source tient à préciser que "le dernier jour des négociations verra un communiqué officiel" et qu'"avant la conclusion de l'accord, le texte sera mis à disposition".

"Un prolongement de la loi Hadopi"

Concrètement, pour Internet, l'Acta envisage d'imposer des mesures de filtrage du web à l'échelle mondiale, mais aussi l'instauration d'une riposte graduée généralisée (à l'image d'Hadopi), ainsi que des droits accrus pour les douaniers qui pourraient vérifier les ordinateurs et autre baladeurs pour vérifier qu'ils ne contiennent pas de contenus violant les droits d'auteurs.
Le principal problème est que l'Acta autoriserait la coupure de l'accès à Internet ainsi que la fouille des ordinateurs aux douanes sans passer par un juge, ce qui est encore illégal en France et a déjà posé problème pour la loi Hadopi.
Interrogé par Nouvelobs.com, Aurélien Boch, membre de la Ligue Odebi, voit dans l'Acta "un prolongement de la loi Hadopi en voulant rendre répréhensible la contrefaçon numérique". La Ligue Odebi se place catégoriquement "contre la riposte graduée mondiale" mais aussi "contre le fait que des douaniers puissent ouvrir des ordinateurs et fouiller dedans sans avoir recours à un juge".

"La plus grosse menace sur nos libertés"

Jérémie Zimmerman, porte-parole et cofondateur de la Quadrature du net, s'inquiète lui particulièrement des mesures de filtrages. "L'Acta prévoit que les opérateurs Internet soient responsables des contenus hébergés chez eux, et risquent les tribunaux si ces contenus sont protégés" par des droits d'auteurs, explique-t-il à Nouvelobs.com. "Les opérateurs [fournisseurs d'accès, sites de partages de vidéo, blogs...] deviendraient alors des auxiliaires de police." Fournisseurs d'accès et autres opérateurs seraient ainsi contraints d'instaurer le filtrage réclamé par les autorités.
Sous couvert d'anonymat, un négociateur européen confirme au point.fr qu'"une responsabilité indirecte des intermédiaires techniques" est discutée puisqu'"une quantité énorme de contenus piratés transitent par leur réseau". Il précise que les FAI seront ainsi obligés de "réagir lorsqu'un ayant droit leur signale une infraction", ainsi que de "surveiller leur réseau".
Pour Jérémie Zimmermann, "c'est la plus grosse menace sur nos libertés et ça fait froid dans le dos..."

"Un réel danger pour la liberté d’expression"

De son côté, Reporters sans frontières "exprime sa grande inquiétude" sur l'éventuel traité "dont les mesures représentent un réel danger pour la liberté d’expression". RSF appelle ainsi l'Union Européenne à s'expliquer sur "des mesures qui mettraient en grave péril la liberté sur Internet".
Même demande du côté des députés. Fin décembre, le député de l'Essonne et président de Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan, demandait que "l'élaboration de l'Acta soit librement accessible à nos concitoyens et, d'autre part [connaître] la position de la France sur ce dossier". Il appelait ainsi le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, à s'exprimer sur ce sujet. Une demande restée lettre morte...
Dans ce secret, la Ligue Odebi voit "un moyen de court-circuiter le législatif", explique Aurélien Boch. "Les Etats-Unis veulent imposer la ratification de l'ACTA par les pouvoirs exécutifs, à l'image des directives européennes."

"Rien ne sera fait hors des règles et des droits déjà existants"

"L'Acta est un traité crucial", ajoute Lucie Morillon, responsable des questions d'Internet chez RSF. "S'il était adopté en l'état actuel des choses, il serait lourd de conséquences sur les libertés d'expression et d'information. A terme, l'Acta peut changer la face d'Internet", explique-t-elle. "C'est un traité important qui mérite un débat démocratique", conclut-elle, engagée.
Aux critiques sur les craintes pour les libertés sur Internet, la source de la Commission européenne proche des négociations concède simplement "avec Internet se pose la question de l'équilibre. Internet est un acquis communautaire mais n'est pas en dehors des lois. Si beaucoup de contenus piratés circulent, rien ne sera fait hors des règles et des droits déjà existants".

(Boris Manenti- Nouvelobs.com)

vendredi 22 janvier 2010

Stand by me ... played for change ;o))

Une vidéo à voir pour changer d'humeur quand le matin on s'est levé du pied gauche





car ici, il est dit que la musique peut changer le monde ...

lundi 18 janvier 2010

Cuisine tchèque à la sauce cannabis

Quand la république tchèque légalise la consommation de cannabis, ça fait des vagues chez les voisins ...

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Cuisine tchèque à la sauce cannabis

Publié le 15 janvier 2010 | Gazeta Wyborcza
Devant un stand de glaces au cannabis lors de la "Million Marijuana March". Prague 2009. Photo : Greensky sk

Devant un stand de glaces au cannabis lors de la "Million Marijuana March". Prague 2009. Photo : Greensky sk


La cuisine tchèque au bon goût de cannabis

Depuis le 1er janvier, les Tchèques peuvent posséder de petites quantités de stupéfiants sans être inquiétés. Rien d’étonnant dans un pays où l’herbe fait presque partie de la vie quotidienne, remarque le journaliste polonais Mariusz Szczygiel.

J’ai été surpris de trouver dans l’épicerie fine la plus huppée de Prague, il y a dix ans, une vodka à la marijuana. Dans un alcool à 40% de consistance huileuse et de couleur paille flottaient des graines de cannabis. J'ai été surpris que dans la librairie voisine on vende un livre de recettes intitulé "Nous cuisinons avec du cannabis". J'ai été surpris de constater qu’au dilemme "manger ou fumer", l’auteur du livre tranchait : manger. Parce que fumée, l'herbe agit immédiatement ou au bout de cinq minutes, et son action dure deux heures, tandis qu’absorbée dans n'importe quel plat, elle ne produit ses effets qu’une demie, voire une heure et demie plus tard mais que ces derniers se font sentir pendant huit heures. 


J'ai été surpris lorsque la libraire m’a confié que la pratique de la cuisine avec du cannabis était encore très rudimentaire en République tchèque. Les gens s'en servent n’importe comment, en mélangeant des quantités hasardeuses avec des plats divers, alors qu’il faut des mets spéciaux, conçus spécialement pour la marijuana, d’où le caractère indispensable du livre. 
J'ai été surpris lorsqu’après un procès de plusieurs années, le tribunal d’Olomouc a acquitté la maison d’édition de ce livre et a autorisé sa diffusion. 
J'ai été surpris quand j'ai appris que les premiers appels à la légalisation du cannabis avaient été lancés en Tchécoslovaquie seulement quelques dizaines de semaines après l'effondrement du communisme, dans le journal étudiant Zverdlo.

Václav Havel, amateur d'herbe


J'ai été surpris en apprenant qu’en 2000, le président Václav Havel a gracié un jeune de 19 ans qui avait proposé son herbe à deux garçons plus jeunes que lui, raison pour laquelle il avait été condamné à quatre ans de prison avec sursis. "Je ne pourrais pas me regarder dans une glace", aurait déclaré le président, qui fumait lui-même. J'ai été surpris qu’à la clinique psychiatrique de la faculté de médecine de l'Université Charles de Prague soit créée la chaire d’addictologie, qui a aussitôt entrepris des études scientifiques sur la marijuana et sa consommation. 
J'ai été surpris d’apprendre que pour la consommation de cannabis les Tchèques occupent la première place en Europe, devant les Pays-Bas. En 2004, un Européen sur dix et un Tchèque sur cinq fumait de la marijuana. 
J'ai été surpris que depuis que les autorités ferment les yeux sur la consommation de cannabis, on constate en République tchèque une baisse significative de la consommation de drogues dures. 
J'ai été surpris qu’il en soit de même pour la consommation de bière. Il semble que plus les Tchèques boivent de la bière, moins ils consomment moins d'alcool fort. 
J'ai été surpris qu’une drogue formellement interdite, comme l’est la marijuana, soit en Tchéquie l’objet de deux magazines officiels Konoptikum et Soft Secrets.

J'ai été surpris que les premiers renseignements sur la culture de la marijuana à domicile et sous une lumière artificielle soient apparus au début des années 90 dans le très sérieux hebdomadaire Reflex, sous la forme d’un guide pour les patients atteints de la maladie de Parkinson, qui peut être traitée avec cette plante. J'ai été surpris que ce même magazine organise depuis 2004 un concours annuel de la meilleure photo de marijuana cultivée par les lecteurs, la Reflex Cannabis Cup. Les photographies concourent dans les catégories: Indoor, Outdoor, Beauté, Ikebana. J'ai été surpris qu’un millier de photographies soient en compétition chaque année et que leurs auteurs, même après avoir remporté le concours, restent anonymes. Seule la moitié des membres du jury est rendue publique. Y siègent des personnes connues, qui ne savent pas grand-chose sur la marijuana, et des inconnus, qui connaissent absolument tout sur la culture maison.

"Les Tchèques ont une belle culture"

J'ai été surpris que la première sélection des photographies soit faite par le rédacteur en chef de l'hebdomadaire en personne (qui, après avoir vu le film "Katyn" [d’Andrzej Wajda] à la télévision tchèque m'a écrit dans un e-mail : "Les Tchèques ont une belle culture, mais les Polonais une belle âme"). 
J'ai été surpris que le magazine indique dans un message spécial que l’utilisation de cette drogue avant l’âge de 16 ans est néfaste, qu’elle peut conduire à la psychose chez les adolescents, que dans les plats elle peut être facilement utilisée à trop forte dose, que fumée elle est dangereuse et, comme toute matière organique inhalée, cancérigène. 
J'ai été surpris que la rédaction conseille de "NE PAS FUMER!". Il est préconisé d’utiliser plutôt un inhalateur de marijuana, censé protéger contre les substances goudronneuses très nuisibles. Lorsque j'ai appris que depuis du 1er janvier, la culture du cannabis pour usage personnel (jusqu'à cinq plantes) et la possession de petites quantités de drogue (par exemple, jusqu'à 15 g de cannabis), n’étaient plus punies par la loi en République tchèque, je n’ai pas été surpris.

dimanche 10 janvier 2010

Barack Obama écoutera-t-il Michael Moore ?

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Mon plan pour General Motors

Documentariste, Michael Moore a notamment reçu la Palme d’or à Cannes en 2004 pour son pamphlet anti-Bush : Fahrenheit 9/11. L’un de ses premiers films, Roger & moi (1989), montrait les dégâts causés par la suppression de 30 000 emplois par GM dans sa ville natale.

11.06.2009 | Michael Moore 

J’écris ces lignes depuis Flint (Michigan), le berceau de General Motors, entouré d’amis et de membres de ma famille inquiets pour leur avenir et celui de leur ville. Quarante pour cent des logements et des entreprises de Flint sont à l’abandon. Quel serait votre état d’esprit si vous viviez dans une ville où près d’une maison sur deux est vide ? Nous voici aujourd’hui au chevet de General Motors. Le cadavre de l’entreprise n’est pas encore froid et je suis rempli de joie. Il ne s’agit pas d’une joie revancharde vis-à-vis d’une entreprise qui a ruiné ma ville natale et apporté misère, divorce, alcoolisme, détresse physique et mentale aux personnes avec lesquelles j’ai grandi. Je n’éprouve évidemment aucune joie non plus à l’idée que 21 000 salariés supplémentaires de GM vont se voir notifier la perte de leur emploi. Mais vous et moi et le reste de l’Amérique sommes maintenant propriétaires d’un constructeur automobile ! Qui diable peut donc vouloir gérer une entreprise automobile, de nos jours ? Lequel d’entre nous aimerait voir 50 milliards de nos impôts déversés dans le gouffre sans fond de GM pour tenter encore de le sauver ? Soyons clair : le seul moyen de sauver GM est de tuer GM. Mais préserver nos précieuses infrastructures industrielles doit être la priorité absolue. Si nous permettons que nos sites de production automobile soient fermés ou rasés, nous le regretterons amèrement quand nous nous apercevrons que ces usines auraient pu fabriquer les systèmes exploitant les énergies alternatives dont nous avons désespérément besoin. Et quand nous nous rendrons compte que les meilleurs moyens de transport sont le tramway, les trains à grande vitesse et les autobus propres, comment les fabriquerons-nous si nous laissons disparaître nos outils industriels et notre main-d’œuvre qualifiée ? Alors que le gouvernement fédéral et les tribunaux s’apprêtent à “réorganiser” GM, voici le plan que je demande au président Obama de mettre en œuvre pour le bien des salariés, des villes où l’entreprise est implantée et du pays tout entier.

A l’image de ce qu’a fait le président Roosevelt après l’attaque de Pearl Harbor, le président Obama doit dire à la nation que nous sommes en guerre et qu’il nous faut :

1. Convertir immédiatement nos usines automobiles à la production de transports en commun et à l’exploitation d’énergies alternatives.

2. Ne pas mettre 30 milliards de dollars supplémentaires dans les coffres de GM pour lui permettre de fabriquer des voitures. Il vaut mieux utiliser ces fonds pour maintenir les effectifs actuels – et réembaucher la plupart des salariés précédemment licenciés – de manière qu’ils se consacrent à la production des nouveaux modes de transport du XXIe siècle.

3. Annoncer que des trains à grande vitesse sillonneront le pays de part en part d’ici cinq ans. Confier partout la construction des nouvelles lignes de chemin de fer aux travailleurs en quête d’emploi.

4. Lancer un programme visant à doter toutes les villes, grandes et moyennes, de tramways et faire construire les rames dans les usines GM. Procéder systématiquement à l’embauche de main-d’œuvre locale pour l’installation et la gestion de ces transports.

5. Pour les zones rurales non desservies par les voies ferrées, faire produire par les usi­nes GM des autobus économes en carburant et non polluants.

6. Dans l’immédiat, faire fabriquer des véhicules hybrides ou tout électriques dans certaines usines. Il faudra quelques années pour que nous nous habituions aux transports en commun. Quitte à avoir des automobiles, autant qu’elles soient plus respectueuses de l’environnement.

7. Reconvertir certains sites GM désaffectés en unités de production d’éoliennes, de panneaux solaires et autres systèmes exploitant les énergies renouvelables.

8. Accorder des avantages fiscaux aux personnes qui se déplacent en véhicule hybride, en bus ou en train.

9. Créer une taxe de 2 dollars sur chaque gallon (3,79 litres) d’essence pour financer ces programmes. Elle poussera les automobilistes à se tourner vers des voitures moins gourmandes ou à utiliser les nouveaux transports que les anciens ouvriers de l’automobile auront construits pour eux.

Voilà pour commencer. Mais, s’il vous plaît, je vous en conjure, ne sauvez pas GM pour qu’une version réduite de la firme continue de fabriquer des Chevy ou des Cadillac. Ce n’est pas une solution viable à long terme.

mardi 5 janvier 2010

Déjà ??? Mais c'est beaucoup trop tôt, Lhasa ...

Merci à Greg de m'avoir permis de te découvrir il y a déjà 12 ans ... en partance pour la Galice, une pause à Bordeaux et une révélation ... une révélation ...




Pendant tout le séjour, tu nous accompagnas ... même jusqu'à Santiago de Compostel ...

Et plus tard, beaucoup plus tard, car comme toute personne précieuse, tu sais te faire désirer, tu revins sur une route alors vivante ...




Puis ce fut (et ce sera) ce dernier album ... ton album, intime, et nous ignorions alors à quel point ;o((




A Dieu alors ou @ bientôt, désolé que je suis de n'avoir pu assister à une de tes prestations, je me réconforte avec ce que m'offrent les nouvelles technologies ...




Et comme le dit Inamorato, "On le savait déjà la Mort n'a pas l'oreille musicale."

samedi 2 janvier 2010

H1N1: pourquoi c'est tombé sur les mexicains ?

Encore un message de l'oncle Paul que j'avais zappé (c'est fou comme c'est prenant les fins de trimestre ;o)) :

Emission à voir sur vidéo de 36.9° - Magazine Santé hélvetique : H1N1: pourquoi c'est tombé sur les mexicains ? video [43:03 Min] (NB les porcs sont nourris d'OGM, déjections de volaille etc....)
Commentaire par Fabrice Nicolino

Thibault Schneeberger, de Genève, vient de m’envoyer un cadeau royal, et je l’en remercie chaleureusement. Il s’agit d’un documentaire de la télé suisse romande, remarquable de la première à la dernière image. Vite, vite ! On peut, pour le moment en tout cas, le visionner depuis un ordinateur (ici). De quoi parle-t-il ? De cette grippe porcine que les autorités officielles ont préféré - opportunément - appeler H1N1.

Je vous ai parlé plus d’une fois de cette affaire extraordinaire, dès ce printemps (ici), m’étonnant que personne ne pointe le doigt sur le village mexicain de La Gloria, où se trouve une immense porcherie industrielle, Granjas Carroll, filiale du géant américain Smithfield Foods, le plus gros producteur mondial de porcs. Smithfield Foods, et je vous souhaite bon appétit, est le propriétaire en France de Justin Bridou et de Cochonou, entre autres. La première victime de la grippe porcine est un gamin de La Gloria, ce que les autorités ont longtemps nié (ce point n’est pas dans le film).

Je crois, et si je me trompe, qu’on me pardonne, que le journaliste Ventura Samara est le seul, en tout cas en langue française, à avoir mené une enquête à La Gloria. Je ne vais pas vous raconter le film, mais vous livrer quelques impressions, brut de décoffrage. On y voit le réel, c’est aussi simple que cela. J’ajoute que je connais le Mexique, et que, quand j’entends Dona Teresa Hernandes Rivera - une petite dame - parler de la corruption généralisée, je n’ai guère besoin de preuves. Quand j’entends le ministre de la Santé José Angel Cordoba dire : « Tous les standards de l’environnement et de l’eau à la porcherie Granjas Carroll sont respectés. Le problème pourrait venir des familles qui détiennent à la maison des porcs, dans des conditions qui ne sont pas les meilleures », je n’ai pas réellement besoin d’une autre démonstration.

Et pourtant ! Et pourtant ce film m’a soufflé. Il y a plus de neuf chances sur dix pour que la grippe qui affole notre système de santé soit né autour de cet élevage concentrationnaire de porcs. Immonde est encore un faible mot. Des centaines de cadavres de porcs croupissent en permanence dans des fosses au contact du sol et de la nappe phréatique. Savez-vous combien cette soi-disant ferme compte de porcs ? 100 000 ! La nourriture OGM vient par trains du Canada ou des États-Unis, aucun officiel, aucun vétérinaire autre que ceux de la transnationale ne pénètrent dans les locaux, où tout est automatisé. Une poignée d’ouvriers règne sur un empire de bidoche. Des lagunes sont emplies de merde de cochons et de seringues qui ont servi à piquer les animaux à coup d’hormones et d’antibiotiques. Les rats prolifèrent, les chiens errants prolifèrent, qui bouffent du porc mort au champ d’horreur, avant d’aller se faire caresser par les gosses du village.

Aucune analyse d’eau, d’air, de poussière n’a été ordonnée. Sur les centaines de prises de sang effectuées sur les villageois, aucune n’a été rendue publique. Officiellement, seul un petit gosse aurait donc été touché par la grippe. C’est crédible. Très. Des centaines d’habitants de La Gloria et des environs ont été touchés, et le sont, par des maladies respiratoires atypiques. Mais tout le monde s’en contrefout car, comme le dit sans ciller le ministre, « les investisseurs étrangers sont les bienvenus ». Tu parles ! Le traité de libre-échange Alena, préparé sous Bush père, mais signé par Bill Clinton, a changé le Mexique en une colonie. À La Gloria, les médecins ne veulent pas parler, car ils ont PEUR. L’un d’eux, masqué, raconte l’incroyable sort sanitaire fait aux habitants, et conclut que, si personne ne veut parler, c’est parce que chacun craint d’être tué. Tué, c’est aussi simple que cela.

Ce que j’appellerai un énième chapitre de l’histoire vraie du monde, au temps du choléra planétaire.

PS : Que faire ? Ce qui précède n’est pas une réponse à cette question obsédante. Je tenterai de donner d’ici peu un article sur le sujet, mais en attendant, réfléchissons un peu. Il faudra de toute façon commencer par quelque chose. En l’occurrence, s’il existait un mouvement réel de la société, il est évident que nous serions une bonne centaine à occuper jour et nuit le siège de Justin Bridou. Et que nous n’en sortirions pas, en tout cas pas volontairement, tant qu’une mission indépendante n’aurait été formée pour enquêter à La Gloria sur la situation des riverains de la porcherie industrielle. Il me paraît qu’une action de cette nature aurait un sens. Mais le mouvement susceptible de lancer ce genre de choses n’existe pas.

Il est à inventer. http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article12405 fabrice-nicolino.com


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Messages de forum :
Un début de vérité sur la grippe porcine (dite H1N1)
lundi 14 décembre 2009
par Gilles Lecoq

Bonjour,

On dirait que la recherche de la "vérité" ne fait pas partie du programme de l’OMS, de l’ONU, ou du grand déballage médiatico-politico-écolo-bio de COP 15, surnommé ainsi dans les milieux bien "informés".Ironie du vocabulaire, le mot COP ne signifie-t-il pas FLIC en anglais ?? Du coup, ça éclaircit aussi les choses de ce côté-ci.

Pour en revenir à l’article de F.Nicolino, ça fout tout de même une trouille bleue de se rendre compte que ce Trust Porcin est capable en toute impunité, sous le regard "bienveillant" et corrompu des autorités mexicaines, d’empoisonner une population entière trop miséreuse, trop pauvre, trop ignorante, et trop "là-bas", ailleurs que "chez nous", pour pouvoir se rebeller contre ces "barbares".Au contraire, la "fameuse" H1N1 va permettre à quelques laboratoires pharmaceutiques de se faire des couilles en or avec cette pandémie, alors que la solution première de traiter le mal à la racine coûterait peut-être quelques millions de dollars au fabricant de Cochonou, mais n’entraînerait certainement pas sa disparition. Mais la Mort d’un péon mexicain, enfant de surcroît, ne pèse guère dans la balance à dividendes des prometteurs de cette bouffe industrielle. Dernièrement, j’ai pu voir un reportage sur un cas de grippe "inoffensive", bien sûr, pour l’Homme, dans un élevage de chèvres aux Pays-Bas !!! La Folie Meurtrière continue, l’empoisonnement systématique et sciemment orchestré par toutes ces Industries de la bouffe-à-la-Chaîne prospère, là encore sous le regard bienveillant des ces mêmes "Politicards" qui ripaillent gaiement sous les auspices du Danemark.Ce Pays n’est-il pas en Europe, un des "Grands" de la production porcine ??? G.Lecoq.




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Tchernobyl apicole

Donc ce soir un message reçu de l'Oncle Paul le 14/12/2009 que je n'avais pas encore trouvé le temps de lire ...
Dans ce document en pièce-jointe sur le Tchernobyl apicole, je devine la patte - la main d'expert - de notre ami de Langon ! Quel boulot monstre !! Félicitations à Philippe !!!
Il faut le lire pour les nombreuses pistes d'action qui en découlent. Car nous avons à noter qu'il s'agit d'une analyse qui date déjà de décembre 2007, que le 15 novembre 2007 Michel Barnier a installé le "comité d’orientation du plan de réduction de l’usage des pesticides", lui demandant de faire des propositions d’un plan qui se déclinerait selon deux axes forts :
  • réduction de 50% de l’usage des pesticides dans un délai de 10 ans, en veillant à ce que les agriculteurs ne soient jamais laissés sans solutions de substitution.

  • la suppression des 53 molécules les plus dangereuses

Aujourd'hui faisons le bilan, deux ans plus tard par rapport à la réponse donnée par les autoritées françaises et européennes jusqu'ici. Deux indices seulement : Luc Guyau, président de la FAO ; Monsanto qui reclame 1,3 millions d'€uros en dommages et intérêts aux 57 Faucheurs Volontaires d'une parcelle de maïs OGM supposée insecticide/tolérante au Roundup (MON810 + NK603 + MON 89034?) ; mais on ne sait toujours pas ce qui a été neutralisé à Poinville en août 2007... Or au lieu de développé la bio ... Le HVE arrive avec une nouvelle mouture de l'agricultire raisonnée du réseau FARRE/UIPP ...

25 novembre 2009: Et voilà le faux bio (texte récupéré chez : http://www.biovignal.fr/breve.php3?id_breve=639

Les français veulent du bio ? Ils auront du « HVE », pour « agriculture à Haute Valeur Environnementale ». Un nouveau concept que cherche à nous vendre notre ministre de l’Agriculture, Bruno Lemaire. En décodé, ça veut dire lever le pied sur les pesticides, la consommation d’eau et d’énergie…

En 2002, on nous avait déjà fait le coup avec « l’agriculture raisonnée ». Un flop. C’est pourquoi on nous remet le couvert avec le HVE, et toujours la même idée derrière la tête : faire de l’ombre au « bio », dont le consommateur raffole. À tel point qu’avec à peine 2,1 % des surfaces agricoles on est obligé de remplir les chariots à coup de fruits, de légumes ou de céréales pour moitié importés.

Il y a deux ans pourtant, le ministre de l’Agriculture d’alors, Michel Barnier, nous annonçait que d’ici à 2012, 6 % des champs seraient plantés en bio. Une promesse reprise tambour battant pas le Grenelle de l’environnement. Or, non seulement l’agriculture bio « made in France » est toujours dans les choux, mais elle a été carrément oubliée dans le projet de loi de modernisation agricole.

« 650 millions d’euros d’aide et 1 milliard d’euros de prêts bonifiés devraient ainsi pleuvoir sur l’agriculture intensive, sans une seule goutte pour les producteurs bio », s’énerve le président de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (Fnab). Une partie de la cagnotte sera en revanche utilisée pour encourager les agriculteurs à se faire certifier « Haute Valeur Environnementale ».

Objectif affiché : la moitié des fermes estampillées HVE en 2012. Le ministère de l’Agriculture est tellement fier de sa trouvaille qu’il en donne un aperçu sur son site. On apprend ainsi que « le dispositif s’articule selon trois niveaux ». Le premier « correspond au respect des exigences environnementales de la conditionnalité » ( !). Le deuxième « s’appuie sur des obligations de moyens, correspondant à des exigences figurant dans un référentiel, et s’articule avec les démarches existantes, qu’elles oient sectorielles, horizontales, territoriales ou liées à la certification de produits » ( !).

Et le troisième est tout aussi limpide et signifiant ! De là à penser que les carottes bio sont cuites…

Le Canard Enchaîné N° 4647 du 18 novembre 2009

Cf. aussi article de Richard Marietta (Président) : 05 63 55 91 42 et Guy Kastler (chargé de mission) : 06 03 94 57 21

naturetprogrès.org Fédération de consommateurs et de professionnels bio depuis 1964

LA CERTIFICATION HVE : HAUTE VALEUR CONTRE L’ENVIRONNEMENT (Le non-sens de la certification HVE)

Après les députés, les sénateurs s’apprêtent à instaurer avec la loi Grenelle II une nouvelle certification des exploitations agricoles. Ce label « Haute Valeur Environnementale » (HVE), pensé loin des réalités quotidiennes de terrain, ne reflètera pas la qualité des démarches véritablement respectueuses de l’environnement. Avec trois niveaux de contraintes différents, dont les deux premiers se contentent de qualifier le respect de la réglementation générale, le nouveau label Haute Valeur Environnementale va avant tout ajouter de la confusion (...)

lire la suite de l'article




Le message qu'avait reçu l'oncle Paul et qui avait motivé l'envoi du sien :

Bonjour,

Hier jeudi 10 décembre, quelques apiculteurs du SAPB (Syndicat des Apiculteurs Professionnels de Bretagne) ont participés à une réunion de travail dans les locaux de Cohérence à Lorient.

Nous avons échangé avec Marc Pouvreau, sur la pertinence d’un travail approfondi en commun (avec différentes associations membres de Cohérence) pour mieux communiquer sur les nouvelles molécules que sont les néonicotinoïdes.

Ces molécules, arrivés il y une petite quinzaine d’années, constituent pour de nombreux apiculteurs la raison principale de leurs problèmes.

Si quelques milliardièmes de grammes suffisent à tuer les abeilles, ces néonicotinoïdes sont aussi parmi les matières actives les plus toxiques pour l’homme (DJA = 0,2µg/ kg p.c./ jour).

Mais bien qu’il s’agisse des insecticides des plus toxiques et des plus persistants qui soient, de surcroît les plus usités à l’échelle du monde, il est pour le moins surprenant que ces insecticides ne sont que très exceptionnellement recherchés à l’occasion de monitorings environnementaux.

Vous trouverez ci-joint un dossier, réalisé il y a 2 ans pour le Ministère de l’agriculture, mais de plus en plus d’actualité, car ces insecticides « traitements de semences » sont malheureusement de plus en plus utilisés. A cela plusieurs raisons :

- On n’attend pas de voir le parasite sur la plante : c’est la graine qui est enrobée, ce qui fait un potentiel de surfaces décuplé, et des chiffres d’affaires qui se comptent par centaines de millions d’euros…

- Les chiffres d’affaires générés justifient un matraquage publicitaire, avec des arguments partisans et mensongers, des graphiques trompeurs. A 75€ de plus à L’ha pour le Cruiser par exemple, le résultat économique sera en général négatif pour l’agriculteur… mais jackpot pour Syngenta…

- Les graines sont enrobées à l’usine… l’agriculteur n’a plus à sortir son pulvérisateur… réputé ternir l’image de marque de l’agriculture.

Vous remerciant de prendre quelques minutes pour la lecture du dossier joint, nous attendons vos suggestions pour la constitution d’un groupe de travail sur ces poisons extrêmes.

Pour le SAPB,

José Nadan


Nous mangeons déjà des OGM !!!

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Guy Kastler : des plantes ayant subi des mutations sont déjà dans nos assiettes
14 avril 2009

OGM de deuxième génération, plantes mutées à coup de radiations, semences de synthèse dont les gènes seront numérisés et privatisés... Guy Kastler nous décrit ce que préparent les multinationales de l’industrie génétique et agroalimentaire. Le délégué général du Réseau semences paysannes explique également comment nous, jardiniers paysans ou simples citoyens urbains, pouvons empêcher cette destruction programmée du vivant. Entretien.

Guy Kastler, délégué général du Réseau semences paysannes, chargé de mission pour Nature et Progrès, membre de la Confédération paysanne et de la commission Biodiversité de Via Campesina, s’entretient avec Sophie Chapelle pour BastaMag, 11 mars 2009 [1]

Y a t-il aujourd’hui des plantes mutées dans nos assiettes ?

Oui, nous mangeons tous des blés mutés ou des potagères mutées. Contrairement aux plantes transgéniques, il n’y a aucune obligation d’information du consommateur. Les plantes mutées sont considérées comme des OGM par la directive européenne 2001-18, mais elles sont exclues de son champ d’application. Près de 3000 variétés de 170 espèces différentes obtenues à partir de mutations incitées sont recensées par l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique). Elles sont commercialisées sans aucun étiquetage et sans aucune évaluation environnementale ou sanitaire. Pourtant, de l’aveu même des chercheurs, le stress violent que subit la plante génère des recombinaisons génétiques aléatoires plus nombreuses qu’avec la transgénèse. Ces recombinaisons sont responsables de la plupart des effets nocifs des OGM sur la santé. Il n’y a aucune raison pour qu’elles soient inoffensives avec les plantes mutées.

Depuis quand l’Agence internationale de l’énergie atomique s’occupe-t-elle d’agriculture ?

Elle travaille depuis une dizaine d’années, en partenariat avec la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) sur l’augmentation de la production alimentaire des Etats membres. Ils justifient le recours à la mutagenèse par le besoin de trouver des plantes dès maintenant pour nourrir le monde.

En quoi consiste cette mutagenèse ?

Depuis les années 1950, les chercheurs travaillent sur des cellules qu’ils soumettent à un stress important : par irradiations - bombardements au cobalt ou rayons gamma - ou avec des produits chimiques très agressifs comme la colchicine. C’est ce stress qui provoque une mutation de gènes aussi appelée « mutation incitée » par l’AIEA [2]. Pendant des années, le coût de cette technique aléatoire a freiné son développement. Après avoir soumis des milliers de cellules au stress mutagène, il fallait les multiplier en autant de plantes avant de savoir si cette mutation présentait un intérêt. La connaissance aujourd’hui du génome de la plante rend la méthode de la mutagénèse intéressante économiquement et industrialisable. A partir du moment où l’on a la séquence génétique complète d’une plante, on repère immédiatement dans la cellule si un gène a muté ou pas et si la mutation est intéressante. Une dizaine de multiplications suffisent ensuite pour obtenir les lignées recherchées. La mutation incitée est considérée comme une « méthode de sélection traditionnelle », une tradition pourtant bien récente. On ne ferait qu’accélérer le processus naturel de modifications spontanées des plantes, au fil des millénaires et de leur co-évolution avec l’environnement [3].

La lutte contre les « simples » OGM est-elle déjà dépassée ? Où en est le rapport de force au niveau européen ?

La bagarre contre les OGM de première génération - OGM pesticides et/ou OGM résistants à un herbicide - n’est pas gagnée en Europe. Depuis 15 ans cependant, nous maintenons un rapport de force qui nous est favorable et qui est important pour les pays du Sud car il justifie leurs moratoires. Mais cela risque d’évoluer avec l’arrivée sur le marché des OGM de deuxième génération. Ces OGM sont dits « sécurisés » et « éco-compatibles » car ils sont censés garantir l’absence de risque pour l’environnement et la coexistence entre les cultures OGM et les autres cultures. Leur transgène deviendrait inactif avant la floraison ou la récolte, ou ne serait pas activé sans l’usage d’un produit chimique. Cela empêcherait toute contamination. Actuellement, ces OGM de deuxième génération font l’objet de recherches dans le cadre d’un programme appelé « Transcontainer » financé par la Commission européenne.

OGM de deuxième génération en préparation, plantes mutées déjà commercialisées... Que nous préparent encore les apprentis sorciers du 21ème siècle ?

Pendant longtemps, la biologie moléculaire a reposé sur l’idée qu’à un gène correspondait une protéine. Lorsque l’on modifiait un gène, on pensait ne modifier que la protéine. Ce dogme est totalement remis en cause aujourd’hui par la biologie synthétique. Aussi appelée biologie « systémique », elle porte sur la manière dont les gènes sont reliés entre eux. Les liens qui organisent les relations entre les gènes influeraient tout autant que les gènes eux-mêmes sur la présence et la nature des protéines. C’est ainsi que des chercheurs travaillent actuellement sur la combinaison de plusieurs gènes en vue de créer des plantes résistantes à la sécheresse. Mais ces recherches n’ont pas abouti pour le moment.

Dans la transgénèse, les gènes transférés sont déjà issus de synthèse chimique recopiant la séquence de gènes naturels. Aujourd’hui, une nouvelle étape est franchie. On passe de l’insertion de gènes synthétiques dans des organismes vivants réels - les OGM - à la mise en réseau de ces gènes et à la fabrication de portions de génomes ou de génomes totalement synthétiques. Autrement dit, il est possible de fabriquer aujourd’hui des organismes vivants et reproductibles complètement nouveaux. Des laboratoires ont réussi à le faire avec des bactéries. Leur travail porte aujourd’hui sur les plantes. C’est là que réside le principal danger : la plante entière étant fabriquée par synthèse, les chercheurs n’ont plus besoin de graines vivantes mais seulement de leur séquence génétique numérisée dans un ordinateur.

Les banques de semences, qui conservent la biodiversité des plantes cultivées, risquent-elles d’être abandonnées au profit de semences « numériques » privatisées ?

C’est déjà le cas, notamment dans les pays du Sud. C’est la mission des Etats de préserver les ressources génétiques - animaux, microbes, plantes - et de les mettre à disposition de tous. Cette mission est d’autant plus essentielle dans les pays qui ont industrialisé leur agriculture que la biodiversité cultivée dans les champs a disparu. Cette mission est pourtant délaissée progressivement au prétexte de manque de crédits. Une partie des banques de gènes est aujourd’hui privatisée, avec un accès de plus en plus restreint pour l’agriculteur ou le jardiner. Toutes les firmes ont construit leurs propres banques de gènes grâce à leur accès facilité aux banques de semences publiques.

En France, le Bureau des ressources génétiques (BRG) a été absorbé par une Fondation de droit privé (Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité) ouverte aux fondateurs publics - INRA [4], CNRS, Muséum national d’histoire naturelle, CIRAD... - mais également privés [5]. Ceux-ci siègent d’office au Conseil d’administration où ils deviendront facilement majoritaires.

Sur l’île de Svalbard en Norvège, les fondations Bill Gates et Rockefeller ont financé une banque de gènes dans laquelle sont entreposés dans le froid plus de 4,5 millions d’échantillons de semences. L’accès à cette banque est réservé aux institutions contrôlées par les multinationales semencières. Ces semences ne seront pas ressemées : elles perdront rapidement toute leur capacité de germination. Même mortes, elles pourront livrer leurs séquences génétiques aux ordinateurs de l’industrie, convaincue de sa capacité à recréer un monde artificiel à partir de ces seules séquences. Un monde qui sera totalement fiché par la marque des droits de propriété industrielle sur les gènes. Mais l’industrie ne pourra jamais faire des plantes capables de s’adapter partout. Elle en fabriquera quelques-unes pour toute la planète, qui ne pousseront qu’avec davantage d’engrais chimiques et de pesticides. En agissant ainsi, elle remet en cause la possibilité même de nos enfants de se nourrir.

Comment éviter cette destruction du vivant ?

Créé en 2003, le Réseau Semences Paysannes s’est développé très rapidement avec l’apparition des OGM. Paysans et jardiniers ont pris conscience que s’ils ne voulaient pas avoir d’OGM, ils devaient s’emparer du travail de conservation, de sélection et de multiplication des semences. La première étape a donc été de se réapproprier les savoirs et les ressources génétiques pour les remettre dans les champs. Tout en continuant ce travail de réappropriation, nous sommes en train de passer à une deuxième étape. Face au risque de disparition de milliers de graines enfermées dans des banques, face à l’impossibilité de sélectionner des plantes saines à partir de semences commerciales modernes trafiquées - à cause de la perte de leur qualité nutritionnelle et du besoin d’engrais chimiques pour pousser - nous appelons à vider les banques de semences pour faire des maisons de la semence.

A quoi servent ces maisons de la semence ? Quel rôle peuvent jouer les simples citoyens ?

L’idée des maisons de la semence est que paysans et jardiniers s’y regroupent pour mettre leurs semences en commun et gèrent ensemble ce patrimoine. On ne peut pas chacun de son côté replanter chaque année 500 à 800 variétés de semences. Dans la mesure où l’Etat privatise cette mission de service public, la société civile doit s’en emparer en faisant reposer la gestion de ce patrimoine sur une organisation collective. Les paysans ont un rôle clair à jouer dans ce travail de culture. Les jardiniers amateurs sont aussi une composante essentielle. Ils ont préservé ces dernières années des milliers de variétés anciennes de potagères ou d’arbres fruitiers qui seront une bonne partie de l’alimentation de demain. Pour celles et ceux qui n’ont pas de terre, nous avons besoin d’une aide administrative mais aussi de personnes qui communiquent sur ce travail et lui donnent du sens. La société civile doit aussi nous aider à mobiliser les élus pour la reconnaissance des droits des paysans et des jardiniers à conserver, ressemer et échanger leurs semences. Des conseils municipaux ont déjà pris des délibérations pour cela.

Les lois actuelles empêchent donc les paysans de ressemer leur propre récolte ?

Le verrouillage juridique est de pire en pire. En France, les agriculteurs n’ont pas le droit d’échanger des semences. Ils ne peuvent plus ressemer une partie de leur récolte sans payer de royalties, c’est à dire une redevance aux semenciers. On parle de « contribution volontaire obligatoire » pour le blé tendre. C’est un système qui pourrait être étendu à toutes les espèces. On a encore le droit aujourd’hui d’échanger des semences qui ne sont pas inscrites au catalogue à titre payant ou gratuit si c’est pour une exploitation non commerciale. On peut par exemple vendre une semence à un jardinier amateur car il va consommer sa propre récolte et ne pas la vendre sur un marché. Mais cette dernière marge de manœuvre risque aussi de disparaître avec une réforme actuelle des règlements européens. Pourtant, le Parlement a ratifié un traité, le TIRPAA [6], qui reconnaît les droits des paysans à ressemer, échanger et vendre leurs semences. Mais le gouvernement n’applique pas ce traité et une campagne citoyenne est aujourd’hui indispensable pour la reconnaissance de ces droits.

Ces alternatives ont-elles des équivalents en Europe ?

Des réseaux ressemblent beaucoup aux nôtres en Italie, en Espagne, en Allemagne ou en Autriche. La mobilisation citoyenne en Europe sur le thème des semences prend de l’ampleur et accompagne très souvent les luttes anti-OGM. Nous avons du retard sur les pays du Sud où la conservation de la biodiversité est le premier acte de l’agriculture vivrière. Tous ces paysans conservent et échangent leurs semences. Leur mobilisation aujourd’hui est extrêmement importante à la fois contre les lois européennes qui s’imposent à l’ensemble de la planète, et contre les Ogm pour protéger leurs semences des contaminations. Nous avons beaucoup à apprendre des pays du Sud.


Publication originale Bastamag

[1] Une première version de cette publication contenait une erreur dans l’attribution de cet entretien. Nous prions nos lecteurs et Mme Sophie Chapelle de bien vouloir nous en excuser.

[2] « Les scientifiques de l’AIEA utilisent les rayonnements pour produire des plantes améliorées à rendement élevé qui soient capables de s’adapter à des conditions climatiques difficiles comme la sécheresse ou les inondations, ou de résister à certaines maladies et insectes ravageurs. L’induction de mutations, c’est le nom de la technique, est sûre, éprouvée et rentable. Elle est utilisée depuis les années 20 », communiqué de l’AIEA du 2 décembre 2008, « La science nucléaire au service de la sécurité alimentaire ».

[3] « Je comprends que les gens se méfient de ces technologies mais, pour ce qui nous concerne, il faut bien comprendre que, dans la sélection des plantes, nous ne produisons rien qui ne soit produit par la nature elle-même. Aucun rayonnement résiduel ne subsiste dans une plante après l’induction de mutation », Pierre Lagoda Division mixte FAO/AIEA.

[4] Institut public de recherche agronomique

[5] France génétique élevage pour les éleveurs, Limagrain ou Oleosem pour les semenciers, L’Oréal ou LVMH pour les cosmétiques, Total pour l’énergie ou encore le Medef, pour n’en citer que quelques-uns, font partie du Conseil d’orientation stratégique de la fondation aux côtés de structures publiques ou d’associations de défense de l’environnement.

[6] Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture