Mon plan pour General Motors
Documentariste, Michael Moore a notamment reçu la Palme d’or à Cannes en 2004 pour son pamphlet anti-Bush : Fahrenheit 9/11. L’un de ses premiers films, Roger & moi (1989), montrait les dégâts causés par la suppression de 30 000 emplois par GM dans sa ville natale.
11.06.2009 | Michael Moore
J’écris ces lignes depuis Flint (Michigan), le berceau de General Motors, entouré d’amis et de membres de ma famille inquiets pour leur avenir et celui de leur ville. Quarante pour cent des logements et des entreprises de Flint sont à l’abandon. Quel serait votre état d’esprit si vous viviez dans une ville où près d’une maison sur deux est vide ? Nous voici aujourd’hui au chevet de General Motors. Le cadavre de l’entreprise n’est pas encore froid et je suis rempli de joie. Il ne s’agit pas d’une joie revancharde vis-à-vis d’une entreprise qui a ruiné ma ville natale et apporté misère, divorce, alcoolisme, détresse physique et mentale aux personnes avec lesquelles j’ai grandi. Je n’éprouve évidemment aucune joie non plus à l’idée que 21 000 salariés supplémentaires de GM vont se voir notifier la perte de leur emploi. Mais vous et moi et le reste de l’Amérique sommes maintenant propriétaires d’un constructeur automobile ! Qui diable peut donc vouloir gérer une entreprise automobile, de nos jours ? Lequel d’entre nous aimerait voir 50 milliards de nos impôts déversés dans le gouffre sans fond de GM pour tenter encore de le sauver ? Soyons clair : le seul moyen de sauver GM est de tuer GM. Mais préserver nos précieuses infrastructures industrielles doit être la priorité absolue. Si nous permettons que nos sites de production automobile soient fermés ou rasés, nous le regretterons amèrement quand nous nous apercevrons que ces usines auraient pu fabriquer les systèmes exploitant les énergies alternatives dont nous avons désespérément besoin. Et quand nous nous rendrons compte que les meilleurs moyens de transport sont le tramway, les trains à grande vitesse et les autobus propres, comment les fabriquerons-nous si nous laissons disparaître nos outils industriels et notre main-d’œuvre qualifiée ? Alors que le gouvernement fédéral et les tribunaux s’apprêtent à “réorganiser” GM, voici le plan que je demande au président Obama de mettre en œuvre pour le bien des salariés, des villes où l’entreprise est implantée et du pays tout entier.
A l’image de ce qu’a fait le président Roosevelt après l’attaque de Pearl Harbor, le président Obama doit dire à la nation que nous sommes en guerre et qu’il nous faut :
1. Convertir immédiatement nos usines automobiles à la production de transports en commun et à l’exploitation d’énergies alternatives.
2. Ne pas mettre 30 milliards de dollars supplémentaires dans les coffres de GM pour lui permettre de fabriquer des voitures. Il vaut mieux utiliser ces fonds pour maintenir les effectifs actuels – et réembaucher la plupart des salariés précédemment licenciés – de manière qu’ils se consacrent à la production des nouveaux modes de transport du XXIe siècle.
3. Annoncer que des trains à grande vitesse sillonneront le pays de part en part d’ici cinq ans. Confier partout la construction des nouvelles lignes de chemin de fer aux travailleurs en quête d’emploi.
4. Lancer un programme visant à doter toutes les villes, grandes et moyennes, de tramways et faire construire les rames dans les usines GM. Procéder systématiquement à l’embauche de main-d’œuvre locale pour l’installation et la gestion de ces transports.
5. Pour les zones rurales non desservies par les voies ferrées, faire produire par les usines GM des autobus économes en carburant et non polluants.
6. Dans l’immédiat, faire fabriquer des véhicules hybrides ou tout électriques dans certaines usines. Il faudra quelques années pour que nous nous habituions aux transports en commun. Quitte à avoir des automobiles, autant qu’elles soient plus respectueuses de l’environnement.
7. Reconvertir certains sites GM désaffectés en unités de production d’éoliennes, de panneaux solaires et autres systèmes exploitant les énergies renouvelables.
8. Accorder des avantages fiscaux aux personnes qui se déplacent en véhicule hybride, en bus ou en train.
9. Créer une taxe de 2 dollars sur chaque gallon (3,79 litres) d’essence pour financer ces programmes. Elle poussera les automobilistes à se tourner vers des voitures moins gourmandes ou à utiliser les nouveaux transports que les anciens ouvriers de l’automobile auront construits pour eux.
Voilà pour commencer. Mais, s’il vous plaît, je vous en conjure, ne sauvez pas GM pour qu’une version réduite de la firme continue de fabriquer des Chevy ou des Cadillac. Ce n’est pas une solution viable à long terme.
dimanche 10 janvier 2010
Barack Obama écoutera-t-il Michael Moore ?
Tiré de là
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire