lundi 28 février 2011

Béji Caïd Essebsi: Bourguiba, "ni despote... ni démocrate"

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Béji Caïd Essebsi, le nouveau Premier ministre tunisien, fidèle du premier président de la Tunisie, témoignait, en 2009 pour L'Express, sur les coulisses de trente ans de pouvoir sans partage.

Le nouveau premier ministre tunisien de transition, Béji Caïd Essebsi a fait partie du premier cabinet constitué par Habib Bourguiba, au lendemain de la proclamation, en mars 1956, de l'indépendance de la Tunisie. Il a ensuite occupé plusieurs postes ministériels, dont celui de ministre des Affaires étrangères. En juillet 2009, Béji Caïd Essebsi a publié, chez un éditeur tunisien (1), un gros livre qui est à la fois une biographie du "père" de l'indépendance tunisienne et le récit des "années Bourguiba". L'ouvrage a connu un succès de vente qui en a fait, à l'échelle de la Tunisie, un best-seller.


Pourquoi ce sous-titre, "le bon grain et l'ivraie" ?

Habib Bourguiba a été un grand homme d'Etat. Il n'en était pas moins un homme. J'ai voulu rendre compte de ses mérites, mais aussi de ses limites et de ses contraintes. Il a changé la société et les mentalités, mais il a dû lutter pour faire prévaloir son projet.

L'indépendance de la Tunisie est reconnue le 20 mars 1956. Quelques semaines plus tard, le nouveau gouvernement institue une haute cour chargée de juger les nationalistes dissidents. Leur chef, Salah ben Youssef, est condamné à mort par contumace. Une façon de signifier qu'il n'y aura pas de place, dans la Tunisie de Bourguiba, pour une opposition ?

Je ne dirais pas cela. La dissidence youssefiste a éclaté bien avant l'indépendance, à l'automne 1954, au moment où s'engagent avec la France les négociations pour l'autonomie interne. A son retour en Tunisie, en septembre 1955, Salah ben Youssef a poursuivi sa campagne contre l'autonomie et pour l'indépendance totale. Puis il a radicalisé son hostilité à Bourguiba, en dépit de l'accession à l'indépendance de la Tunisie. Le congrès du parti destourien (Néo-Destour) de novembre 1955 a clairement tranché en faveur de la « politique des étapes », prônée par Bourguiba. Avant ces assises, les plus hauts dirigeants du parti, ainsi que ceux de l'Union générale des travailleurs de Tunisie (UGTT), le syndicat national, s'étaient rendus auprès de Ben Youssef, d'abord à Genève, puis à Tunis, pour le convaincre d'épargner au pays les luttes fratricides et les déchirements de la dissidence, dès lors que la victoire politique était enfin acquise. Mais, fort de l'appui du dirigeant égyptien Gamal Abdel Nasser, il a maintenu son option de guerre totale contre la France. Il prônait une résistance armée généralisée, incluant la Tunisie, le Maroc et l'Algérie. Bourguiba entendait, lui, privilégier la voie plus efficace de l'indépendance de la Tunisie, tout en affirmant son alliance avec la résistance algérienne. Le youssefisme n'était pas à proprement parler une opposition politique. C'était une autre vision de la Tunisie, du Maghreb et du monde arabe.

L'une des toutes premières réformes décidées par le gouvernement né de l'indépendance porte sur le Code du statut personnel, c'est-à-dire les droits de la femme. Pourquoi cette réforme a-t-elle été jugée prioritaire ?

Bourguiba est arrivé au pouvoir avec un projet. Il voulait faire de la Tunisie un pays moderne. Et il était convaincu qu'aucune évolution de la société ne serait possible s'il n'était pas mis fin aux archaïsmes qui caractérisaient la condition de la femme. Je me souviens de m'en être étonné, de lui avoir demandé s'il était vraiment, à ce point, prioritaire de nous attaquer à un sujet aussi controversé, alors que nous commencions à peine à prendre les rênes de l'Etat. Il m'a répondu que s'il ne faisait pas, lui, cette réforme, personne d'autre ne la ferait. Et il a ajouté que s'il ne la faisait pas immédiatement, il n'était pas certain de pouvoir la faire plus tard...

Ces réformes ne correspondaient pas à une attente de la population. C'était une modernisation imposée d'en haut...

Je dirais plutôt "initiée" d'en haut. C'était la seule solution si nous voulions moderniser le pays, le sortir du carcan passéiste dans lequel il était enfermé. D'ailleurs, il n'y avait pas que la question du statut de la femme. Bourguiba a réformé aussi l'enseignement, qu'il a généralisé en maintenant, à tous les niveaux, l'arabe et le français. Il a liquidé les habous (biens religieux), milité contre le port du voile, légalisé l'avortement, amorcé la lutte contre les bidonvilles. C'est vrai que la réforme du Code du statut personnel est celle qui a soulevé le plus de résistances. Si elle avait été soumise à référendum, elle n'aurait sans doute pas recueilli la majorité. Nous la devons véritablement au volontarisme et à la clairvoyance de Bourguiba.

Ensuite, la situation se gâte. La mise en place, au nom du socialisme destourien, dans les années 1960, d'un système coopératif suscite beaucoup de mécontentements. En même temps, la réforme du Destour, adoptée en 1964 lors du congrès de Bizerte, instaure une véritable confusion entre l'Etat et le parti.

Vous écrivez que Bourguiba avait "une certaine allergie à la démocratie" et que "son jugement propre était à ses yeux le seul qui devait prévaloir pour le salut de la Tunisie" C'est, peu ou prou, la définition du despotisme éclairé...

Bourguiba n'était certainement pas un despote. C'était un homme autoritaire. Lui-même ne se disait d'ailleurs pas démocrate. Il ne s'estimait pas concerné par la question démocratique, les élections et leurs aléas... Il était intimement convaincu qu'il tenait du peuple tunisien un mandat qui transcendait ces contingences. Sa légitimité était historique. Elle reposait sur un lien singulier qui l'unissait au peuple de Tunisie depuis l'accueil triomphal qu'on lui avait offert lors de son retour au pays, le 1er juin 1955, après son exil en France. Cela dit, il est exact que le congrès de Bizerte, en octobre 1964, a marqué un tournant. Les structures de l'Etat et du parti ont été amalgamées, ce qui a restreint le débat démocratique à l'intérieur du parti et fait le lit de l'autoritarisme. Et Bourguiba s'est ensuite, peu à peu, isolé.

A partir de 1971, et plus encore de 1975, quand Bourguiba devient président à vie, vous êtes plusieurs, au sein du Destour, à critiquer le déficit démocratique, sans pour autant remettre en cause, au moins au début, le principe du parti unique. Cette démarche se traduit en 1977 par la création de deux journaux, Al Ra'y, en langue arabe - qui va donner son nom au courant - et Démocratie, en français. Mais le groupe se scinde assez rapidement. Pour faire entrer le pluralisme dans les faits, une partie de ses membres, autour d'Ahmed Mestiri, optent finalement pour la création d'une nouvelle formation, le Mouvement des démocrates socialistes (MDS). Vous êtes de ceux qui décident de rester dans le giron du Destour. Pourquoi ? Peur de couper le cordon ombilical ?

Je suis, dès ce moment-là, favorable au principe du multipartisme. Mais je connais aussi la réalité de mon pays. Je suis convaincu que, sans l'appui de Bourguiba, la tentative est vouée à l'échec. Je pense qu'il faut d'abord le convaincre.

Croyez-vous que c'est possible ?

Oui, car Bourguiba est un pragmatique qui sait composer avec les forces en présence. Lorsqu'il m'a demandé, après la nomination en 1980 de Mohamed Mzali au poste de Premier ministre, de revenir au gouvernement - où je n'étais plus depuis le début des années 1970 - j'ai d'abord refusé. Il m'a demandé pourquoi. Je lui ai alors expliqué que je ne croyais plus au parti unique. Je voulais rester destourien, contrairement à Mestiri, mais je pensais que d'autres formations que la nôtre devaient pouvoir exister. Et qu'il fallait que cette réforme vînt de lui. Il s'y est engagé et je suis entré au gouvernement. Peu après, au cours d'un congrès du parti, il a officiellement indiqué qu'il ne voyait « pas d'inconvénient » à ce qu'il y ait d'autres forces politiques.

Mais la tentative d'ouverture du régime, que l'on attendait à l'occasion des élections législatives de 1981, échoue lamentablement. On bourre les urnes pour empêcher les partisans de Mestiri d'entrer au Parlement et d'obtenir les 5 % qui permettraient au MDS d'avoir une existence légale. Sans qu'aucun des partisans de la démocratisation du régime ne démissionne...

On n'a pas bourré les urnes. On a décidé, avant même l'ouverture du scrutin, d'ignorer le vote des électeurs et de publier des résultats fabriqués de toutes pièces. Le gouvernement était divisé sur cette question du multipartisme et, malheureusement, nous n'avons pas tous tenu le même discours à Bourguiba. Moi, je n'étais plus en première ligne, car le chef de l'Etat m'avait entre-temps demandé de prendre le poste de ministre des Affaires étrangères, ce qui était aussi une façon de m'éloigner de la politique intérieure. Le ministre de l'Intérieur, Driss Guiga, était, lui, convaincu que Bourguiba, en dépit de ses déclarations devant le congrès du parti, ne voulait pas du multipartisme. J'ignore quelle a été la teneur exacte de ses conversations avec le président, je ne sais pas non plus s'il a reçu de sa part des instructions précises, ou s'il a interprété ses désirs. Il a en tout cas concouru à altérer la portée de ces élections, qui devaient être le moment de vérité du gouvernement Mzali.

Pourtant, personne n'a démissionné, même pas vous, qui aviez quitté avec fracas, en 1972, votre poste d'ambassadeur en France...

Non. Mzali, le chef du gouvernement, informé par Guiga la veille même des élections, a publiquement regretté par la suite de ne pas avoir claqué la porte à l'occasion de cet échec. Nous, les autres ministres de l'ouverture, n'avons appris que plusieurs mois plus tard ce qui s'était réellement passé, même si nous étions conscients que le crédit du gouvernement était atteint. Puis, en décembre 1983, il y eut les « émeutes du pain », une série de manifestations violentes pour protester contre la hausse des prix. Le gouvernement en a été encore plus fragilisé. L'objectif de la démocratisation a alors été mis entre parenthèses.

A ce moment-là déjà, et pendant toutes les années qui suivent, la vie politique tunisienne est envenimée par la question de la succession de Bourguiba. Les luttes d'influence s'exacerbent à partir de 1984, avec l'arrivée au palais de Carthage, auprès d'un Bourguiba vieilli, de sa nièce Saïda Sassi. Vous n'aimez guère ce personnage ... Quelle était sa relation avec Bourguiba ? Pourquoi a-t-elle réussi à acquérir une telle influence ?

Depuis quelques années déjà, Bourguiba était affaibli par l'âge. Il vivait enfermé dans son palais, sans contact avec l'extérieur. Il s'est éloigné aussi de son épouse, Wassila. Peu à peu, il s'est entouré d'une camarilla presque exclusivement composée de Monastiriens, comme lui. Dont sa nièce Saïda Sassi. Elle l'adorait, elle dormait à ses pieds sur la descente de lit, mais elle passait son temps à lui faire croire que les uns ou les autres lui en voulaient, à le monter contre tout le monde. Elle aimait l'argent aussi, alors que lui, toute sa vie, a été totalement désintéressé. C'était une intrigante. Son influence a été catastrophique.

Les autres femmes qui ont compté pour Bourguiba furent sa première épouse, Mathilde, et sa seconde, Wassila. Qui étaient-elles ? Wassila a-t-elle réellement, comme on l'a souvent dit, joué un rôle politique ?

La première femme qui a compté pour Bourguiba, c'est sa mère. C'est à travers elle qu'il a pris conscience de la condition féminine et de la nécessité de la réformer. Sa première épouse, Mathilde, une Française, était une femme de vertu et d'une grande droiture. Elle l'a aidé lorsqu'il était étudiant et l'a soutenu quand il menait la lutte politique et quand il était en prison. Wassila, enfin, a été le grand amour de Bourguiba. Elle était mariée lorsqu'il l'a rencontrée. Après l'indépendance, ils ont divorcé l'un et l'autre pour pouvoir s'unir.

C'était une femme très politique ?

Elle était politique jusqu'au bout des ongles. Elle écoutait tout, se tenait informée de tout. Elle a souvent eu un rôle modérateur, empêchant son mari de se laisser emporter par ses foucades. Cela, c'était positif. Mais elle voulait se mêler de tout, rencontrer les chefs d'Etat étrangers... Elle et lui se sont souvent affrontés.

En novembre 1987, Zine el-Abidine ben Ali, alors Premier ministre, destitue Bourguiba, déclaré inapte à gouverner par le corps médical. Comment réagissez-vous ?

Avec soulagement. Bourguiba était réellement inapte à gouverner. Il n'était déjà plus là. La Constitution tunisienne prévoit qu'en cas de vacance du pouvoir c'est au Premier ministre d'assurer les fonctions de chef de l'Etat. Cette disposition avait été voulue par Bourguiba, qui avait fait modifier la Constitution, quelques années auparavant, parce qu'il souhaitait pouvoir choisir son dauphin. Franchement, la transition s'est passée aussi bien que possible.

Plus de vingt ans se sont écoulés. Comment expliquez-vous le large intérêt suscité par votre livre en Tunisie ?

Les Tunisiens qui ont connu la période Bourguiba veulent mieux comprendre certains épisodes marquants; ils cherchent aussi sans doute à saisir la cohérence politique et philosophique de ce long règne, peut-être à revivre les émotions de la résistance, la fierté de la victoire et des années glorieuses. Ceux qui sont trop jeunes pour l'avoir connue réalisent qu'un voile a été jeté sur cette page de notre histoire, voile qu'ils veulent lever, ne serait-ce que pour comprendre les rêves de leurs aînés. Ce livre, je l'ai surtout écrit en pensant à eux, à ces jeunes qui ignorent tout des luttes et des sacrifices qui ont fait la Tunisie d'aujourd'hui. Ils lui ont réservé un accueil qui me touche profondément. Je crois que le bon grain a levé.

Vous émettez le voeu que la statue équestre de Bourguiba, transférée en 1988 dans la petite ville côtière de La Goulette, reprenne un jour sa place à Tunis, sur l'avenue qui porte son nom. Est-ce trop tôt, selon vous ?

La statue équestre de Bourguiba retrouvera, tôt ou tard, sa place sur l'avenue principale de notre capitale. C'est son destin.

(1) Habib Bourguiba. Le Bon Grain et l'Ivraie. Sud Editions, Tunis, avril 2009, 525 p.


Les années Bourguiba

Août 1903 Naissance de Habib Bourguiba à Monastir.

Mars 1934 Naissance, au congrès de Ksar-Hellal, du Néo-Destour.

Juillet 1954 Pierre Mendès France proclame l'autonomie interne de la Tunisie.

Juin 1955 Retour triomphal de Bourguiba à Tunis.

Mars 1956 Proclamation de l'indépendance de la Tunisie.

Avril 1956 Habib Bourguiba est Premier ministre.

Août 1956 Promulgation du Code du statut personnel.

Juillet 1957 Proclamation de la République. Bourguiba devient président par intérim.

Novembre 1959 Bourguiba est élu président de la République.

Septembre 1969 Ahmed ben Salah est privé de toutes ses responsabilités ministérielles.

Mars 1975 Bourguiba devient président à vie.

Avril 1980 Mohamed Mzali devient Premier ministre.

Juillet 1986 Limogeage de Mohamed Mzali.

Août 1986 Prononciation du divorce entre Bourguiba et Wassila ben Ammar.

Novembre 1987 Destitution de Bourguiba, "inapte à exercer les fonctions inhérentes à sa charge".

Avril 2000 Décès de Bourguiba à Monastir.


Historiquement, le Destour est le premier parti tunisien. Il a été fondé en 1920 par des notables tunisiens opposés à la tutelle de la France sur leur pays. En 1934, une scission à l'intérieur du parti débouche sur la création du Néo-Destour par une équipe de jeunes intellectuels conduits par Habib Bourguiba. La formation change de nom en 1964. Elle devient alors le Parti socialiste destourien (PSD). En 1988, le nouveau chef de l'Etat, Zine el Abidine ben Ali, en fait le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), encore aujourd'hui le parti dominant malgré un multipartisme théorique.

samedi 26 février 2011

Le cancre qui nous gouverne ... !!!


Tout s'explique... !!!


LETTRE DE TROIS PROFESSEURS DE VONNAS (AIN) :
Le surdoué qui nous gouverne, Sarkozy, un sous-doué à l'Elysée

Mais pourquoi tant de haine envers le corps enseignant en général et les chercheurs en particulier ?
Tout simplement parce que Notre Majesté souffre du complexe du cancre parvenu ! Président médiocre, il fut par le passé élève médiocre, bachelier médiocre et étudiant médiocre. Mais aucune trace de cette médiocrité dans son curriculum vitae.

Et pour cause, il l'a customisé, l'animal ! Officiellement Notre Souverain Eclairé serait titulaire d'une maîtrise de droit privé, d'un certificat d'aptitude à la profession d'avocat,d'un DEA de sciences politiques obtenu avec mention et aurait fait des études à l’Institut d'Etudes politiques de Paris. Waouh ! Mais alors pourquoi est-il aussi nul ?
Tout simplement parce que la plupart de ces titres universitaires sont faux. Une enquête menée par Alain Garrigou, professeur de sciences politiques à Nanterre le prouve. http://www. fondation-copernic. org/spip. php? article219 En parcourant l'annuaire des anciens élèves de Sciences Po, il a pu constater que "Sarkozy de Nagy Bosca" n'y figure pas, ce qui signifie qu'il n'a pas mené ses études à leur terme et ne peut donc se parer du titre d'ancien élève réservé aux seuls diplômés. Et son DEA ? Pourquoi n'en trouve-t-on aucune trace dans les archives de Paris X Nanterre ? Tout simplement parce que si le candidat Sarkozy apparaît bien dans le procès verbal de la première session, il est ajourné pour ne pas s'être présenté à l’épreuve écrite terminale et n'avoir pas rendu son mémoire. Et son certificat d'aptitude à la profession d'avocat ? Obtenu sur le fil avec la note médiocre de 20/40 (7/20 à la première épreuve et 13/20 à la seconde). Mais rappelons aussi, pour compléter le tableau, les notes obtenues au bac par le candidat 18917 en 1973 (Jury 80, lycée Molière) : 7/20 à l'épreuve écrite de français et 12 à l'oral (voilà pourquoi il s'exprime toujours dans un idiome approximatif), 9/20 en philo, 8/20 en maths (il a néanmoins su s'augmenter de 200 % ! ), 10/20 en anglais "magnifical" s'exclama-t-il un jour en présence de la reine d'Angleterre) et 11/20 en économie (on n'est pas sorti de la crise ! ). Avec 142 points sur 300, le médiocre petit candidat fut recalé et fut obligé de se présenter au repêchage. Ne nous étonnons donc plus des propos méprisants qui sortent donc de la bouche de ce vilain petit personnage médiocre et rancunier qui a tant souffert de ne jamais avoir été reconnu, à sa juste valeur par ses professeurs.

Publié par DES PROFESSEURS DU COLLÈGE DE VONNAS (AIN).
A vous de transmettre avant que ça ferme ! ! !

Pourquoi la Syrie n'a-t-elle pas (encore ... ) bougé ?

Une analyse extrêmement pertinente (me semble-t-il mais j'attends confirmation ;o)) de la situation syrienne parue ici ...

[TRIBUNE] Pourquoi la Syrie n'a-t-elle pas (encore...) bougé ?

Ignace Leverrier, ancien diplomate, chercheur arabisant, s'interroge sur l'état du pays.


Comme leurs amis syriens, ceux qui connaissent la Syrie pour y avoir vécu restent atterrés par les explications fournies par certains universitaires et hommes politiques français à la nouvelle démonstration de "l'exception syrienne". Selon eux, Tunisiens, Egyptiens et Libyens... avaient toutes les raisons du monde de se rebeller contre leurs dirigeants, autoritaires et corrompus. En revanche, en Syrie, la population ne bouge pas car, si des reproches peuvent être formulés à la gouvernance de Bachar Al Assad, les Syriens adhèrent à sa politique nationaliste de "résistance et obstruction" aux projets impérialistes.

Il est exact que les Syriens et leur président s'accordent sur ces thèmes. Mais ils sont loin d'y mettre le même contenu. La défense de la Syrie et l'unité de la nation arabe sont pour les premiers des objectifs. Ils ne sont chez Bachar Al Assad qu'une posture. Certains disent une imposture. Ce qui lui importe, en effet, avant la stabilité et le développement de son pays et à plus forte raison de la nation arabe, c'est son maintien au pouvoir et, en temps voulu, la transmission de sa fonction à son fils Hafez, lequel la léguera à son tour à son fils Bachar, et ainsi de suite... "La résistance et l'obstruction" ne sont que l'un des moyens de la perpétuation de son autorité.

Les Syriens ne sont pas dupes des discours de leur président. Ils constatent que "la résistance et l'obstruction" de Bachar Al Assad

ne le conduisent pas plus aujourd'hui que son père hier à s'exposer directement aux représailles de ses voisins israéliens. Depuis l'accord de désengagement sur le Golan de 1974 et la révolte de la société syrienne contre ses dirigeants, au début des années 1980, il est évident, pour qui veut bien regarder la réalité en face, que le premier danger pour le régime syrien ne provient plus de l'extérieur mais de l'intérieur. Il ne s'agit plus d'Israël, mais de la population syrienne.

Faut-il rappeler à ceux qui considèrent que Bachar Al Assad et sa population sont sur la même longueur d'onde parce qu'ils chantent la même chanson, que les Syriens n'ont pas de liberté de parole ? Faut-il leur rappeler que les Syriens qui veulent apporter leur contribution à la "résistance" en prenant une initiative quelconque sur le Golan, sont arrêtés, torturés et sévèrement condamnés par la justice militaire syrienne ? Faut-il leur rappeler qu'en dépit de ses menaces de réagir "en temps opportun et par les moyens appropriés" aux multiples provocations, agressions et attentats attribués aux Israéliens en Syrie, le "résistant" Bachar Al Assad a fait preuve, depuis son arrivée au pouvoir en juin 2000, d'une retenue qui frise à la paralysie et traduit l'impuissance ?

Il est exact aussi que, quand ils se tournent vers la plupart des autres pays arabes, les Syriens se félicitent d'avoir pour président et pour première dame le couple constitué par Bachar Al Assad et Asma Al Akhras. Ils sont jeunes et élégants. Ils passent pour modernes parce qu'ils ont fait des études supérieures, vécu à l'étranger, parlent des langues et utilisent Internet. Ils ne manquent ni d'habileté ni de séduction dans le maniement du discours. Il est exact encore que les Syriens sont heureux d'avoir vu leur pays échapper, au cours de la décennie écoulée, aux troubles de l'Irak et à l'instabilité du Liban. Mais ceux qui imaginent qu'entre le président et le peuple syrien tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes et que la population syrienne est majoritairement unie derrière son nouveau "chef pour l'éternité", prennent des vessies pour des lanternes. La longue série des mesures sécuritaires, sociales et économiques prises en Syrie au cours des dernières semaines, pour garantir et acheter le calme de la population, témoigne d'une défiance certaine.

Depuis l'arrivée de Bachar Al Assad au pouvoir, les conditions économiques et sociales se sont dégradées pour une majorité de Syriens. Certes, le train des réformes économiques a démarré. Mais la locomotive n'a entraîné derrière elle que le wagon de tête, réservé aux hommes d'affaires issus de la bourgeoisie traditionnelle, à la nouvelle bourgeoisie enrichie grâce au secteur public, aux officiers de l'armée et des services de sécurité, et à ceux qui, de tous bords, ont accepté de se mettre à la remorque de la famille présidentielle pour le meilleur et pour le pire. Quant aux autres wagons, ceux des travailleurs, paysans, artisans, petits commerçants, métiers indépendants et fonctionnaires, voire entrepreneurs attachés à leur indépendance et au respect d'une certaine éthique dans les affaires, ils sont restés en gare. Bénéfique pour quelques uns, l'ouverture économique s'est traduite pour la majorité par un chômage accru, une paupérisation généralisée, des déplacements de population, le développement de la criminalité, un désir d'émigration croissant.

Depuis l'arrivée de Bachar Al Assad au pouvoir, la corruption, qui pèse en premier lieu sur la masse de la population, soumise aux extorsions quotidiennes des fonctionnaires et des policiers, a cru de façon exponentielle. Ce qui était un travers de l'administration civile et militaire et du monde des affaires sous Hafez Al Assad est devenu, sous son héritier, un véritable système. Sa structure pyramidale interdit qu'il soit porté remède à ce phénomène sans s'attaquer aux membres de la famille présidentielle qui en sont les organisateurs et les premiers bénéficiaires.

Depuis l'arrivée de Bachar Al Assad au pouvoir, la vie politique n'a connu aucune des ouvertures que la disparition de son père avait fait espérer. Les attentes placées dans le nouveau président n'ont pas tardé à être déçues. Les mains tendues dans sa direction, pour proposer leur concours à la mise en chantier de réformes politiques, économiques et sociales progressives, ont toutes été ignorées. Le "Printemps de Damas" a été interrompu avant d'avoir porté ses fruits. Les "Comités de Relance de la Société Civile" ont été dissous. Les forums de débat citoyen ouvert à la fin de l'an 2000 ont été fermés. Des députés, universitaires, journalistes, syndicalistes, médecins, avocats et hommes d'affaires à l'origine de ces initiatives ont été emprisonnés. Lancée en octobre 2005, une " Déclaration de Damas pour le Changement Démocratique en Syrie" a connu un sort identique.

Depuis l'arrivée de Bachar Al Assad au pouvoir, les Droits de l'Homme n'ont connu en Syrie qu'une amélioration de façade. Moins sauvage que du temps de son père, la torture y reste une pratique ordinaire et les cas de décès en détention ne sont pas rares. Les militants démocrates, les seuls dont les Etats occidentaux se préoccupent, sont traités avec une certaine retenue. Mais les "islamistes" , jihadistes ou salafistes, tous assimilés à des terroristes, subissent aujourd'hui, dans l'indifférence générale de ces mêmes Etats, les traitements inhumains et dégradants qui étaient jadis l'apanage des Frères Musulmans. Les Kurdes, surtout lorsqu'ils sont convaincus de sympathie avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) d'Abdallah Ocalan, sont victimes des mêmes agissements. Les uns et les autres continuent d'être arrêtés hors de tout cadre juridique, par des services de renseignements qui estiment n'avoir besoin de l'ordre de personne pour intervenir. Au lieu de restreindre ces comportements, Bachar Al Assad les a encouragés en promulguant, le 30 septembre 2008, un décret législatif qui assure l'immunité devant la justice à un nombre accru d'agents de ces mêmes services, qui auraient, sous la torture, provoqué la mort de leurs victimes.

Depuis l'arrivée de Bachar Al Assad au pouvoir, les humiliations imposées à la population par le régime baathiste n'ont pas diminué. Pour le jeune chef de l'Etat, comme pour son père, les Syriens ne sont pas des citoyens mais de simples sujets. Ils ne sont pas invités à donner leur avis sur les évolutions décidées en haut lieu, mais à les mettre en œuvre sans les commenter. Ils sont soumis à l'aval des antennes locales des services de sécurité pour mille et un détails sans importance de leur vie quotidienne. Ils ne sont pas considérés assez mûrs pour avoir accès à l'ensemble des médias en provenance de l'étranger. Leurs communications téléphoniques continuent d'être surveillées. Eternels mineurs, ils ne sont pas autorisés à utiliser Internet à leur convenance. Des centaines de sites sont prohibés en Syrie. La dernière humiliation en date remonte à moins d'un mois. Répondant, le 31 janvier, aux questions du "Wall Street Journal ", Bachar Al Assad a affirmé qu'il voulait réformer, mais que "sa population n'était pas mûre pour la démocratie " ! Ce mépris a fait bondir de nombreux Syriens qui se sont demandés comment un jeune homme imposé à la tête de l'Etat au terme d'une procédure sans aucun rapport avec la démocratie pouvait se permettre de porter un tel jugement. La démocratie existait en Syrie bien avant que Bachar ait été conçu. Si elle avait été mise à mal, la responsabilité première en incombait à la confiscation du pouvoir par le Parti Baath, à la direction duquel lui-même avait été propulsé d'un seul coup, en juin 2000, sans jamais avoir été baathiste et sans jamais avoir assumé la moindre responsabilité au sein de ce parti.

Pour ceux qui préfèrent voir dans le régime de Bachar Al Assad un régime laïc, protecteur des minorités confessionnelles et allié de l'occident dans la lutte contre le " terrorisme islamique", quelques rappels s'imposent :

== Le régime syrien n'est laïc que pour autant que la laïcité sert ses intérêts ==. Lorsque ceux-ci lui dictent de pactiser avec des "islamistes", pour contrecarrer les projets des Américains dans la région, entretenir l'instabilité au Liban ou démontrer à l'Occident que la Syrie est, elle aussi, la cible du terrorisme, il n'hésite jamais à le faire. Quitte à se retourner ensuite contre ses alliés de circonstance, condamnant à de lourdes peines les jeunes Syriens engagés pour aller se battre en Irak, ou livrant aux services de renseignements occidentaux les jeunes islamistes recrutés chez eux et formés en Syrie pour se battre contre les envahisseurs américains.

== Comme "la résistance et l'obstruction", la laïcité est pour le régime syrien un moyen et non un objectif ou une finalité ==. C'est un argument de vente utilisé par Bachar Al Assad pour tenter de se faire coopter par les Etats occidentaux, qui, faute de démocratie, seraient prêts à se satisfaire de ce succédané. Ce commerce ne supportant pas de concurrence, Bachar Al Assad a toujours refusé d'autoriser la création d'organisations de la société civile affichant pour ambition, elles aussi, de "défendre et promouvoir la laïcité en Syrie" .

== Bachar Al Assad souligne volontiers auprès de ses visiteurs la situation privilégiée dont jouissent en Syrie les chrétiens et les autres minorités confessionnelles ==. Lui seul garantirait la coexistence pacifique et le dialogue entre les sunnites, majoritaires dans son pays, et les autres religions. Mais ni les chrétiens, ni les druzes, ni les ismaéliens ne se font d'illusion. Réduits à la portion congrue dans la répartition des postes de décision à la tête du régime, très largement monopolisés par des sunnites ayant fait allégeance, pour le "pouvoir apparent", et par des alaouites appartenant au clan présidentiel, pour le "pouvoir réel ", ils savent depuis longtemps que ce n'est pas pour les protéger, mais pour se protéger, que Bachar Al Assad s'efforce de les regrouper autour de lui.l

Pourquoi, dans ces conditions, les Syriens n'ont-ils pas (encore) bougé ?

== D'abord parce qu'ils ont peur==. Comment pourraient-ils oublier la barbarie manifestée de sang froid par le régime lors de la répression du soulèvement du début des années 1980 ? Ses victimes se comptent par dizaines de milliers, auxquels s'ajoutent quelque 17 000 à 18 000 hommes et jeunes gens, enlevés chez eux par les moukhabarat, dont les familles demeurent jusqu'à aujourd'hui sans nouvelle. Depuis ces événements, des centaines de milliers de Syriens réfugiés à l'étranger n'ont pas été autorisés à rentrer dans leur pays, et les appels à une réconciliation nationale se sont heurtés à un silence aussi absolu que méprisant du régime de Hafez, puis de Bachar Al Assad. Plus près de nous, comment les Syriens ne seraient-ils pas inquiets quand, deux ans et demi après la mutinerie de la prison militaire de Sadnaya, réprimée dans le sang au milieu du mois de juillet 2008 alors que Bachar Al Assad était reçu à Paris, aucun bilan de la reprise en main n'a encore été donné et que des centaines de familles continuent d'ignorer tout de ceux dont elles attendent des nouvelles ou la remise en liberté ?

== Il n'existe pas en Syrie de force politique ou syndicale susceptible de lancer et encadrer un mouvement de revendication ==. Les quelques partis politiques nationalistes de gauche tolérés se sont discrédités en acceptant de se placer sous la coupe du Parti Baath, au sein d'un Front National Progressiste sensé démontrer que le système était pluraliste, à défaut d'être démocratique. Depuis 1980, les syndicats et unions professionnelles ont été satellisés par le Parti Baath. Ils ne disposent d'aucune marge d'autonomie. Personne ne compte sur eux pour organiser une protestation contre la politique du régime, dont ils sont eux-mêmes en partie victimes. La situation des partis d'opposition est plus déplorable encore. Leurs membres ont été pourchassés, emprisonnés, torturés, souvent liquidés en prison. Tout est fait par le régime pour empêcher ces partis de renaître de leurs cendres et, surtout, de recruter dans la jeune génération. Dernière initiative en date, la "Déclaration de Damas", une plate-forme destinée à rassembler les partisans d'une "réforme progressive pacifique" au-delà des courants idéologiques, a à son tour été décimée par l'arrestation d'une douzaine de ses responsables. Menacés, parfois physiquement, les autres sont rentrés dans l'ombre ou ont renoncé à tout engagement politique.

== L'immobilisme de la Syrie s'explique aussi par la division de sa population en une multitude de communautés ethniques et confessionnelles ==. Leur entente et leur compréhension mutuelle ne sont que de façade. En réalité, les chrétiens ont peur des sunnites. Les sunnites détestent les alaouites. Les alaouites se méfient des sunnites et méprisent les druzes et les ismaéliens... Au niveau ethnique, la situation est identique. Les arabes suspectent tous les kurdes d'être animés d'intentions séparatistes. Les kurdes considèrent que les arabes, par sentiment nationaliste, ne se rangeront jamais à leur côté. Tout le monde s'observe donc, et personne n'est disposé à s'exposer le premier en se portant en tête d'un mouvement quelconque qui permettrait aux autres de tirer les marrons du feu.

== Réservant les visas aux journalistes « amis », la Syrie reste un trou noir de notre information ==. Le pouvoir syrien, qui n'aime rien tant que la pénombre propice aux manœuvres, s'en porte fort bien. Mais les Syriens, qui ne comptent que sur eux-mêmes pour faire bouger les choses, craignent dans ces conditions d'être victimes, comme en Libye, d'une répression "à guichets fermés ». Ils se souviennent que les occidentaux s'étaient faits étonnement discrets, en 1982, lorsqu'ils avaient été convaincus par Hafez Al Assad que toutes les victimes de la répression de Hama, même les enfants en couche, étaient "des Frères Musulmans ". Ils redoutent que, se laissant une nouvelle fois abuser par Bachar Al Assad, pour qui tout contestataire est un ennemi et tout ennemi un Frère Musulman, les occidentaux fassent preuve de la même connivence avec un régime qu'ils s'accordent à considérer à la fois dangereux... et utile, puisque, comme le reconnaissent les Israéliens, il garantit à l'Etat hébreu, depuis plus de 35 ans, sa frontière arabe la plus sûre.

Les Syriens n'étant pas en mesure de se mobiliser, et le président Bachar Al Assad n'ayant pas l'intention de mettre en œuvre des réformes politiques que son entourage et les profiteurs du statu quo se refusent eux aussi à envisager, comment la situation pourrait-elle évoluer ?

Un fait divers à Damas, le 17 février, pourrait le préfigurer. Suite au passage à tabac, par des agents de la circulation, d'un jeune homme tenant boutique dans la vieille ville, plusieurs centaines de commerçants sont intervenus pour prendre à partie les policiers qu'ils ont mis en fuite. Ils ont alors occupé l'ensemble du quartier, réclamant que les policiers soient traduits en justice et exigeant, au cri de " le peuple syrien ne se laissera pas humilier", la présence du ministre de l'Intérieur.

C'est un événement de ce type, une explosion de colère spontanée provoquée par "l'humiliation de trop", qui pourrait, comme en Tunisie, mettre le feu aux poudres. Compte-tenu de l'ampleur des mécontentements et des désirs de vengeance de la population, et de la terreur de la tête du régime de perdre la vie avec le contrôle de la situation, une explosion sociale a toutes les chances de prendre, en Syrie, une tournure aussi dramatique qu'en Libye.

On aimerait donc pouvoir espérer qu'un échec de la tentative de reprise en main sanglante actuellement menée à Tripoli et Bengazi ouvrira enfin les yeux de Bachar Al Assad et de ses proches, et qu'ils en viendront à considérer que, tout compte fait, mieux vaut amorcer sans tarder une véritable ouverture politique. A terme, elle restreindra leur pouvoir et limitera leur main mise sur les ressources du pays, mais elle préservera au moins partiellement leurs intérêts économiques et elle leur épargnera la honte de la fuite, un passage en jugement et peut-être la vie.

par Ignace Leverrier, ancien diplomate, chercheur arabisant - Nouvelobs.com