vendredi 15 octobre 2010

Désobéissance civile ou ' reconnaissance' comme acteurs sociaux pour nous endormir ? ... Matière à penser ...

Un envoi fort intéressant de l'Oncle Paul avec son délicieux accent britannique ...


Certains entre vous aurez lu l'article du Sud-Ouest ci-après. D'autres non. Au premier rang dans la photo Maïtre Maï Le Prat - celle surnommée le pit-bull de Monsanto au procès en appel des 58 de Chartres. A son côté à sa gauche le même assistant qu'à Versailles et Claude Menara, exploitant de la parcelle à Grézet-Cavagnan ... A l'époque des 'faits' en 2006, trois jeunes Faucheurs Volontaires seront coffrés, jugés en comparution immédiate et condamnés à trois mois de prison avec sursis, 1 500 euros d'amende et
20 000 euros de dommages et intérêts. Ne s'estimant pas satisfait Claude Menara porte plainte au pénal avec constitution de partie civile. Il veut qu'on lui apporte - sur un plateau d’argent - les têtes de trois hommes qu'il considère comme les leaders du mouvement anti-OGM : José Bové, Guy Kastler, délégué général du Réseau semences paysannes et Joël Bach, porte-parole du Comité vigilance OGM. Comme Shylock, dans le Marchand de Venise, il rechercherait 'sa livre de chair' prélévée sur les forces vives du pays ...
La Procureur de la République a proposé la requalification du procès. Ce que les Faucheurs Volontaires ont accepté. Ils ne sont donc plus jugés pour «destruction de bien d’autrui en réunion», mais pour «délit de fauchage», délit mis en place avec la loi française sur les OGM (art. 7). Cette requalification fait tomber la récidive légale pour quatre des prévenus. José Bové, Dominique Plancke, Jean-Baptiste Libouban et François Thonier échappent ainsi à la prison ferme. Pour ces quatre prévenus réitérants, le parquet a demandé 120 jours - amende à 50 euros, soit 6000 euros. Pour les autres prévenus, il est question de deux mois de prison avec sursis. Plus 5000 euros au titre des frais de justice et 86 000 euros de dommages et intérêts. Soit plus de 1 000 euros par prévenu ! Pour les 9 hectares de maïs MON 810 neutralisés en Lot-et-Garonne en 2006. Or faîtes vous-mêmes le calcul ... Environ 12 000€ par hectare ... Alors que, si je me trompe pas, en maïs graine vendu en conventionnel, à présent on peut s'attendre à gagner peut-être
1 500€ par hectare, soit 13 000€ en tout (rendement de maïs graine à l'hectare = de10 à 15 tonnes) ? En plus en 2006 il n'y avait pas ce cours élévé à cause d'une secheresse !?
N'empêche que Claude Menara pouvait écouler sa marchandise - invendable en France en circuits 'normaux' - soit en Espagne, la poubelle OGM d'Europe, soit dans le gosiers des canards et oies des marchands de foie gras en Aquitaine pas trop regardant sur la camelote ... Par ailleurs il aurait pu transformer les 9 hectares fauchés en maïs ensilage ...
87 Faucheurs avaient été mis en examen. Seuls 86 seront jugés. Hélène Gassie, membre des Amis de la Terre, est décedée au printemps 2010. Les Faucheurs ont obtenu du
tribunal qu'une place soit laissée vide en son hommage. L'autre grand absent du prétoire - Monsanto - le sauveteur d'Haïti avec son arôme de pousse-au-crime tératogène ...
Agés de 23 à 82 ans, les Faucheurs Volontaires qui venaient de la France entière, 'égrenaient les nombreuses raisons qui les avaient incité à commettre un acte illégal mais légitime'. A tel point qu'en fin d'un après-midi, seuls la moitié des prévenus avaient été entendus par la cour. «Soyez raisonnables, évitez de répéter les arguments déjà évoqués par vos prédécesseurs», lâche Madame la Présidente Aurore Blum. «Le procès doit se tenir dans un délai raisonnable. Limitez-vous aux faits. Et rien qu'aux faits». Mais les faits - politiques - ont-ils été entendus dans un procès politique - qui ne dit pas son nom ? Certains journalistes racontent que les OGM sont au banc des accusés. Ils plaisantent, bien sûr. Comme témoignent les résultats des procès FV tronqués du passé ... En attendant, à Marmande, justice - si telle est le mot - sera rendue le 16 novembre 2010 ...
Reste à savoir si ces prévenus à Marmande - défendus par Nicolas Gallon et Marie-Christine Etelin, seront jugés ou pas au vu de tous ces non-dits scélérats ? Avec un permis de polluer dans sa poche, accordé par les autorités européennes et françaises, Claude Menara a respecté la loi ! Celle imposée par Monsanto. Celui qui, avec ses amis ADM, Sodexo, Tyson, Cargill et Smithfield semble envisager pouvoir légiferer aux USA, afin de mettre hors la loi les cultures familiales et biologiques ! En tout cas si jamais une loi nouvelle est votée par le Congrès américain, il sera question de poursuivre - par agences gouvernementales interposées - n'importe quel quidam qui pousserait une tomate ou vendrait un hot-dog, non-reglementaire ... C'est-à-dire sans l'autorisation de l'agrobusiness et du leader mondial des OGM agricoles, soupçonnés de proposer une loi pour nuire aux potagers des particuliers et à l'économie des petites exploitations outreAtlantique. Autrement dit de prévoir en catimini une forme d'épuration rurale complètement inédite.
On trouve cette information relayée sur le site du Cap 21 Franche-Comté (Cf. http://cap21franchecomte.over-blog.com/article-la-loi-hr-875-au-congres-des-usa-va-mettre-hors-la-loi-cultures-familiales-et-biologiques-50418924.html). Tandis que de très nombreux soutiens de familles aux Etats-Unis se trouvent au chômage et des millions de foyers ont grand besoin d'économiser leurs maigres revenus en poussant leurs propres légumes ou en élevant leurs propres animaux de basse-cour ... Sous couvert d'une prétendue 'épidémie de salmonelle et de E.coli' (sic) dans les produits alimentaires de base issus de ce milieu populaire de cultures vivrières et d'élevages non-industriels, des tas de petites fermes et des cultivateurs particuliers pourraient être placés sous la supervision directe du gouvernement fédéral à cause de cette nouvelle législation présentée au Congrès.

Visant à terme l'interdiction aux agriculteurs de la constitution d'un reservoir de semences, la Résolution HR 875 fut présentée à la Chambre en février de l'année dernière sous le nom de "Acte de Modernisation de la Sécurité Alimentaire 2009" par la Congresswoman Rosa De Lauro, épouse de consultant Stanley Greenburg, qui a parmi ses clients Monsanto, BP Amoco, United Healthcare ... Avec comme prétexte la réduction des risques de contamination par la nourriture : des bactéries, produits chimiques, toxines naturelles ou artificielles, virus, parasites, prions et autres agents pathogènes pour l’homme, le texte de loi en projet concernerait tous les établissements qui produisent, stockent, font transiter ou vendent toute catégorie d'aliment. Fermes agricoles et aquacoles, ranchs et vignobles seraient soumis à une stricte régulation gouvernementale ...

Des 'experts' de l’industrie alimentaire, mandatés par le gouvernement, pourraient ainsi exiger de mettre au norme de petites exploitations incapables de supporter des charges réglementaires disproprtionnées. Ce qui, d'aprés certains observateurs, risque de causer de gros problèmes et des faillites nombreuses, notamment chez les producteurs bio ...

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12 octobre 2010 05h54 | Par JOSSELIN GIRET http://www.sudouest.fr/2010/10/12/en-etat-de-nec-essite-209204-3755.php

Procès à Marmande : « On va vers le tout OGM. Je ne veux pas voir ça. »

Les 82 faucheurs d'OGM, jugés depuis hier, ont été entendus par le tribunal.


Hier matin, entourés de sympathisants, les faucheurs présumés se sont rassemblés devant le tribunal de Marmande avant de pénétrer dans la salle d'audience où avait déjà pris place Claude Ménara (au premier plan). photos émilie drouinaud

«De par mes fonctions, je suis le garant de la santé publique de mes administrés. Et de la défense du bien commun. J'ai essayé de prendre des arrêts contre certaines semences dans ma commune. Ils ont tous été cassés. À partir de là, de quelles armes disposons-nous pour faire évoluer la loi ? Comment nous faire entendre ? », maugrée Dominique, à la longue chevelure blanche. Ce maire d'une petite commune de l'Ariège est l'un des tout premiers à s'exprimer.

Pas de surprise, donc, hier à Marmande, au premier jour du procès des faucheurs présumés d'OGM. Ils sont poursuivis pour l'arrachage de neuf hectares de maïs transgénique à Grézet-Cavagnan. Sur les 86 mis en examen, 82 ont répondu à la convocation de la justice. Et tous ont trouvé place dans la petite salle du tribunal correctionnel. Pas de report des débats, finalement, comme évoqué dimanche, par la rumeur, lors des premières manifestations de soutien aux anti-OGM.

Les uns après les autres, ils expliquent à la barre leurs motivations. Les raisons qui les ont conduits jusqu'au champ de Claude Ménara, le 2 septembre 2006. Puis, in fine, face à la justice, poursuivis pour « dégradation et destruction du bien d'autrui commis en réunion ».

« Poussés à agir »

L'argument du dernier recours revient souvent. « Nous avons interpellé nos députés. Nos sénateurs. Nous avons multiplié les manifestations. Sans aucun résultat. Les fauchages nous ont permis d'alerter l'opinion et d'ouvrir le débat public. Nous étions en état de nécessité », affirme cet autre prévenu.

Arrive le tour de Bernard Péré, conseiller régional d'Aquitaine, fier que « le Lot-et-Garonne soit le premier département de la région en nombre d'agriculteurs bio. Les pouvoirs publics ont refusé de mener des enquêtes sur les OGM. Ils nous ont poussés à agir. » L'élu Verts se tourne alors vers Claude Ménara, assis sur le banc des parties civiles. « Claude, tu fais fausse route. Toutes les précautions n'ont pas été prises. »

À vrai dire, la majeure partie des faucheurs présumés maîtrise clairement l'argumentaire anti-OGM et les rouages de la justice. Face aux magistrats, Stéphane, un grand blond, est l'un des rares à avouer son émotion. Les autres s'approchent des juges sans trembler. Même si leurs casiers judiciaires n'affichent aucune condamnation, ils admettent avoir pris part à d'autres fauchages. Beaucoup ont rejoint le mouvement dès sa création, en 2003.

Le refus du tout OGM

Autre point commun, la proximité avec le monde paysan. « Mes parents travaillaient la terre, explique Anne. Je ne fauche pas sans avoir mal au cœur. » Jean, agriculteur à la retraite, parle des rivières qu'il a vu être empoisonnées. Puis le sol, ensuite. « On va vers le tout OGM. Je ne veux pas voir ça. »

À la barre du tribunal, le risque de contamination revient sans cesse. « Si les OGM se développent, mes abeilles vont disséminer la mort, s'insurge Joël, apiculteur. Si on laisse faire, à court ou moyen terme, tout deviendra OGM. » Avant de regagner sa place dans la salle, il s'adresse à la présidente, Aurore Blum. « Être devant vous, c'est une forme de reconnaissance du combat que nous menons. »

« Si l'on me prouve que nous sommes tous dans l'erreur, que les OGM ne portent pas atteinte à la biodiversité, alors je viendrais platement m'excuser auprès de Claude Ménara, lance Étienne. Et il pourra tout replanter. Mais s'il s'avère que nous sommes dans le vrai, tout aura déjà été contaminé. Et ce sera irréversible. On ne peut pas se permettre de prendre un tel risque. »

En fin d'après-midi, seuls la moitié des prévenus avaient été entendus par le tribunal. « Soyez raisonnables, évitez de répéter les arguments déjà évoqués par vos prédécesseurs, a fini par demander la présidente Aurore Blum. Le procès doit se tenir dans un délai raisonnable. Limitez-vous aux faits. Et rien qu'aux faits. »

Chemise blanche sur les épaules, Claude Ménara, encaisse, sans sourciller, les arguments de ses adversaires. Aujourd'hui, l'agriculteur pourra à son tour prendre la parole et défendre ses convictions.