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Un rapport décerne un bonnet d'âne à l'école primaire --par Nathalie Schuck--
[27/08/2007 18:27]PARIS (AP) -- L'école primaire laisserait sur le carreau 40% de ses élèves et échouerait à gommer les inégalités sociales de départ: c'est le constat accablant dressé par le premier rapport annuel du Haut conseil de l'éducation (HCE) remis lundi au président Nicolas Sarkozy.
L'école primaire «semble adaptée aux quelque 60% des élèves qu'elle prépare correctement à la poursuite des études», mais elle paraît «s'être résignée à l'échec des élèves qui accumulent les insuffisances et elle se révèle globalement incapable de mettre en place un soutien et un rattrapage efficaces», alerte ce rapport de 39 pages remis par le président du HCE Bruno Racine au chef de l'Etat, en présence du ministre de l'Education nationale Xavier Darcos.
«Chaque année, quatre écoliers sur dix, soit environ 300.000 élèves, sortent du CM2 avec de graves lacunes», tranche l'étude. «Près de 200.000 d'entre eux ont des acquis fragiles et insuffisants en lecture, écriture et calcul» (ils lisent trop lentement ou comprennent très partiellement ce qu'ils lisent, ne maîtrisent pas les opérations de base en calcul), et «plus de 100.000 n'ont pas la maîtrise des compétences de base dans ces domaines» (vocabulaire limité, problèmes de compréhension), ajoute le HCE. Or, avertit-il, «leurs lacunes empêcheront ces élèves de poursuivre une scolarité normale au collège».
Rapporté en pourcentage, cela donne 40% d'élèves en difficulté avant d'entrer en sixième. Parmi eux, «25% ont des acquis fragiles» et sont «condamnés à une scolarité fragile au collège» et «15%» connaissent des «difficultés sévères ou très sévères» qui «rendent impossibles aussi bien un réel parcours scolaire au collège qu'une formation qualifiante». Selon son porte-parole David Martinon, Nicolas Sarkozy a donc souhaité «que le débat s'ouvre» sur ces conclusions inquiétantes, car «il semble que le système ne parvienne pas à gommer les inégalités de départ».
Peu diserts sur les causes de cette faillite, les auteurs pointent le redoublement précoce en primaire, jugé «inefficace». S'il est de moins en moins utilisé (moins de 20% des élèves en fin de CM2), la France reste le pays qui le pratique le plus en Europe. Fierté française, la maternelle est également étrillée, car elle «ne met pas tous les enfants dans les conditions de réussir à l'école élémentaire». «La question de la responsabilité de l'école maternelle dans l'échec scolaire à long terme ne peut pas être éludée», gronde le HCE. Un constat dont le président «a pris note» pour «réexaminer le rôle de la maternelle», a assuré David Martinon.
Le rapport a été accueilli fraîchement côté syndical. S'il reconnaît des «insuffisances réelles» en primaire, le SNUipp (syndicat national unitaire des instituteurs, principal syndicat du secteur) le juge «décevant» et excessivement alarmiste. La FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves) se dit aussi «réservée» sur les chiffres d'échec avancés.
Le HCE a été créé par la loi Fillon du 23 avril 2005 -alors ministre de l'Education- sur l'avenir de l'école. Cette loi a également mis en place un socle commun de connaissances et de compétences qui doivent être acquises en fin de scolarité obligatoire à 16 ans, et doivent faire l'objet d'évaluations régulières. Lundi, Nicolas Sarkozy a souhaité que le sport soit ajouté à ce socle commun. AP
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