ROUMANIE • La révolte des fleuristes de Bucarest
La vente de fleurs, pratiquée traditionnellement par des Roms originaires d'un petit village près de Bucarest, doit désormais respecter les normes européennes en la matière, selon les autorités de la capitale. On ne décrète pas la fin d'une tradition centenaire, clament les fleuristes. Reportage.
On ne peut imaginer la capitale roumaine, Bucarest, sans son marché aux fleurs, situé dans le 3e arrondissement. Tous les matins, de bonne heure, l'endroit était investi par les "boldeni" [du village de Bold, près de Bucarest, lieu d'origine des Tsiganes fleuristes], les bras chargés de bouquets. Or, depuis le 20 août, le maire de l'arrondissement, Liviu Negoita, a interdit toute "vente sauvage" de fleurs, l'activité de fleuriste devant désormais, selon les normes européennes, s'exercer dans un local climatisé et surtout pourvu d'une caisse enregistreuse. Cette mesure a immédiatement provoqué la colère des fleuristes : ils étaient quelque 600 familles à protester le lendemain sous les fenêtres du maire de Bucarest, Adrian Videanu, aux cris de "laissez-nous travailler !"
"Nos grands-pères et arrière-grands-pères ont vécu de la vente de fleurs, nous apprenons ce métier dès l'âge de 10 ans, nous l'enseignons à nos enfants, nous ne volons pas, nous ne mendions pas. Pourquoi ils ne nous laissent pas travailler ?" se plaint Adrian Dinca, vice-président de l'Association des fleuristes. Quelle est la vie d'un fleuriste ? Comme à l'armée : réveil à 4 heures, courses à l'"en-gros" de Cosbuc [grand marché aux fleurs de Bucarest]. Là-bas sont choisies les fleurs les plus fraîches et les plus belles, destinées à durer au moins jusqu'au lendemain.
Avant que la ville se réveille, les fleuristes s'approvisionnent en eau pour toute la journée, coupent des milliers de tiges de fleurs, balaient et arrosent la rue, puis composent avec les enfants des dizaines de bouquets.
Leurs enfants font leurs devoirs derrière les bouquets, et apprennent l'arithmétique sur le tas, en rendant la monnaie aux clients. La journée de travail se termine vers minuit. Les fleuristes jurent gagner ainsi une dizaine de millions de lei (environ 300 euros, le salaire minimum étant de 120 euros). Mais maintenant ils mourront de faim."Ça lui a pris comme ça de tout détruire, parce qu'il est maire et qu'il le peut", grince des dents Nicolae Paun, le président du Parti des Roms.
"Nous avons survécu à Ceausescu. Negoita est pire que lui, il nous discrimine", s'écrie une manifestante. "Nous dormirons devant la mairie, sous sa fenêtre, jusqu'à ce qu'il règle le problème", ont décidé, en chœur, les gens sur place. Les manifestants scandent : "Nous voulons l'égalité des chances !", "Stop à la discrimination !"… "Levez vos bouquets et marchons !", crie un homme dans un porte-voix. Puis c'est au tour de Florin Georgescu, le président de l'Association des fleuristes, de s'emparer du porte-voix, et, comme un chanteur en concert, de scander en rythme : "On veut vendre des fleurs, on veut vendre des fleurs !"
La colonne s'est rendue devant la mairie de Bucarest : "Que sorte Videanu !" Videanu n'est pas sorti. Son adjoint a bien daigné recevoir quelques-uns des protestataires, mais rien n'a été résolu. "Nous avons montré beaucoup de bonne volonté en ce qui concerne la résolution à l'amiable de la situation de ce commerce, en offrant en location – selon les termes de l'accord du 30 janvier 2007 – un kiosque prototype. L'emplacement a été utilisé seulement deux jours par les représentants de l'Association, puis il a été abandonné", précise le communiqué de presse de la mairie. Du côté des fleuristes, on accuse les responsables de la ville d'avoir traîné les pieds, laissant le champ libre aux décisions unilatérales des maires d'arrondissement.Alina Badalan
Gandul
dimanche 26 août 2007
Abération de certaines règles européennes ;o((
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