dimanche 19 août 2007

Et après on va vouloir nous faire croire que c'est sans danger ...

Reçu via la lettre d'information du MDRGF

300 000 suicides aux pesticides en Asie !
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Le suicide aux pesticides fait 300 000 morts par an dans les
campagnes asiatiques


LE MONDE 15.08.07


Les pesticides de la famille des organophosphorés font de nombreuses
victimes dans les pays en développement. Moins par empoisonnement
accidentel, même si le problème existe, que par leur utilisation
lors de tentatives de suicide.

Dans un article mis en ligne, mercredi 15 août, sur le site de la
revue The Lancet, Michael Eddleston, du Bureau écossais
d'information sur les poisons, et trois autres chercheurs en
toxicologie, se basant sur des études existantes, rapportent que 300
000 personnes meurent chaque année dans les campagnes asiatiques en
ingérant volontairement des pesticides. Deux fois sur trois, il
s'agit de composés organophosphorés, les plus répandus.

Dans ces zones rurales d'Asie, on estime à 500 000 le nombre de
décès par suicide. Dans 60 % des cas, le moyen utilisé est
l'absorption de pesticides. Ces empoisonnements ne sont pas bien
pris en charge sur le plan médical et de 15 à 30 % des tentatives de
suicide aux organophosphorés provoquent le décès. Généralement, les
victimes sont admises dans des hôpitaux locaux dénués d'équipements
spécialisés et dans lesquels les antidotes, lorsqu'ils existent,
sont peu employés.

Fruits d'une recherche sur les gaz de combat entamée lors de la
seconde guerre mondiale, les pesticides organophosphorés, comme le
malathion, se sont substitués, dans les années 1970, aux
organochlorés, dont le chef de file, le DDT, faisait l'objet
d'interdictions. Moins toxiques que le DDT et très efficaces, ils
sont employés dans le monde entier.

HOSTILITÉ DES INDUSTRIELS

Les organophosphorés inhibent certaines enzymes, notamment
l'acétylcholinestérase. Cela se traduit par une accumulation
d'acétylcholine (un neurotransmetteur) et une stimulation excessive
des récepteurs de l'acétylcholine à divers niveaux du système
nerveux. Ces perturbations entraînent des troubles digestifs
(vomissements, diarrhée, crampes abdominales) et cardiovasculaires
(troubles du rythme, modification de la tension). Après une
absorption massive, les personnes meurent souvent d'une défaillance
respiratoire qui provoque l'asphyxie.

A la toxicité connue peuvent s'ajouter des facteurs aggravants, par
exemple une modification chimique du produit, due aux conditions de
stockage, ou, dans certains pays, d'une concentration élevée en
principe actif.

Outre les classiques manoeuvres de réanimation, le traitement fait
généralement appel à l'atropine, un antidote classique qui se fixe
sur certains récepteurs de l'acétylcholine dans le système nerveux,
et à un composé organique azoté qui réactive l'acétylcholinestérase.
D'autres médicaments sont parfois utilisés, que ce soit les
benzodiazépines ou le sulfate de magnésium.

Les auteurs de l'article rappellent qu'il n'existe pas d'étude
établissant la supériorité d'un type de traitement sur les autres.
Michael Eddleston et ses collègues espèrent donc que, "dans la
décennie qui vient, les faits établis par la recherche persistante
en Asie contribueront finalement à une ligne de conduite claire sur
la façon de traiter l'empoisonnement aux organophosphorés".

Les chercheurs redoutent cependant que "des pesticides
organophosphorés se révèlent difficiles à traiter avec les
traitements actuels, ce qui impliquerait que l'interdiction de
certains pesticides soit la seule méthode pour réduire
significativement le nombre de décès après empoisonnement". Une
solution qui risque de se heurter à l'hostilité des industriels de
la chimie.

Paul Benkimoun
Article paru dans l'édition du 16.08.07

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