vendredi 24 août 2007

Le bonheur n'est pas un produit ...

Tiré de

Un bonheur encore sans mesure --par Arthur Max et Toby Sterling--
[24/08/2007 15:30]

NY381-0813072137

AMSTERDAM (AP) -- Depuis longtemps déjà, le petit royaume himalayen du Bhoutan a substitué le Bonheur national brut au Produit national brut (PNB) pour mesurer le bien-être de ses sujets. En Occident aussi, des instituts respectés tentent de trouver des méthodes scientifiques d'évaluation du bien-être individuel et national.

Le sociologue néerlandais Ruut Veenhoven a ainsi créé en 1999 une base de données mondiales sur le bonheur. Au sommet de sa liste de 95 Etats figure le Danemark, suivi de la Suisse et de l'Autriche, tandis que la Moldavie, le Zimbabwe et la Tanzanie ferment la marche.

Lorsque ce professeur des «conditions sociales du bonheur humain» à l'université Erasmus de Rotterdam a commencé à étudier le bonheur dans les années 1960, il a utilisé les données de chercheurs en sociologie qui demandaient à des individus d'évaluer sur une échelle de zéro à dix la satisfaction qu'ils tiraient de leur vie.

A mesure que la discipline s'est développée et a gagné en popularité durant la dernière décennie, les simples évaluations personnelles sur le bien-être ont cependant été jugées insuffisantes.

De nouvelles études comprennent des questions plus objectives sur des facteurs permettant de mesurer l'état de la conscience pleinement satisfaite: l'éducation, l'alimentation, la peur et la violence, l'égalité entre les sexes, et peut-être, élément le plus important, la possibilité de faire des choix.

«La capacité des gens» à «agir en fonction de ce qui leur importe est fondamentale», souligne Sabina Alkire, de l'Institut d'Oxford sur la pauvreté et le développement humain, qui a commencé ses travaux le 30 mai. Un autre institut du bien-être a été créé à Cambridge en novembre pour établir des méthodes de jugement du bien-être individuel et national, afin de trouver ce qui nous rend heureux et pourquoi.

Le proverbe selon lequel «l'argent ne fait pas le bonheur» est égratigné: sur la liste de Ruut Veenhoven, les pays de tête -Danemark (8,2), Suisse (8,1), Autriche (8,0)- sont des Etats où les habitants disposent d'un revenu élevé. A l'autre bout de l'échelle, les pays sont beaucoup plus pauvres: Moldavie (3,5), Zimbabwe (3,3) et Tanzanie (3,2). Les Etats-Unis sont 17es (7,4), peu après le Canada (7,6), tandis qu'en Europe la Belgique est 18e (7,3) et la France 39e (6,5).

La plupart des études menées auprès de personnes montrent que les disparités de revenus comptent davantage que la richesse. Cependant, les citoyens ne sont pas plus heureux dans les pays où règne l'Etat providence, qui s'efforce d'atténuer les distorsions du capitalisme, que dans ceux où l'économie de libre marché est plus nette.

Citant pour sa part la liberté personnelle comme l'une des racines du bonheur, Sabina Alkire met en avant son étude sur les femmes de l'Etat indien du Kerala, qui a montré que les femmes pauvres mais maîtres de leurs choix étaient plus heureuses que celles dotées d'un père ou un époux strict.

Adrian White, de l'université de Leicester, qui a également mesuré la corrélation entre le bonheur et la richesse, obtient le même trio de tête: Danemark, Suisse, Autriche. Le Bhoutan, dont moins de la moitié des habitants savent lire ou écrire, pointe à la 8e place dans sa liste des pays heureux. Sa notion de bonheur national brut s'appuie sur le développement équitable, la préservation de l'environnement, l'héritage culturel et la bonne gouvernance.

Des chercheurs américains ont trouvé d'autres facteurs sous-jacents : les gens mariés sont plus heureux que les célibataires mais avoir des enfants n'élève pas le niveau de bonheur; l'éducation et le quotient intellectuel semblent avoir peu d'impact ; les personnes séduisantes sont légèrement plus heureuses que celles qui les autres ; les plus de 65 ans sont plus satisfaits de leur vie que les jeunes, et les amitiés sont essentielles.

Le dirigeant de l'opposition britannique David Cameron a lui aussi formé un «Quality of Life Policy Group» afin d'examiner les moyens dont les gouvernements peuvent légiférer pour améliorer le contentement national. Avec un mot d'ordre : il est temps de se concentrer sur le «bien-être général». AP

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