Cacophonie gouvernementale sur les OGM
[21/09/2007 19:19]PARIS (AP) -- Cacophonie au gouvernement sur les Organismes génétiquement modifiés. Au lendemain des déclarations de Jean-Louis Borloo annonçant un gel des cultures, le porte-parole du gouvernement Laurent Wauquiez a assuré vendredi qu'aucune décision n'était prise.
«Sur ce dossier, il n'y a pas de décision prise pour l'instant», a déclaré M. Wauquiez à l'Associated Press. «Concertation ne veut pas dire, à ce stade, décision.»
Le porte-parole du gouvernement a rappelé que les OGM était un des sujets à l'ordre du jour du Grenelle de l'environnement, grand messe proposée par Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle et qui doit déboucher d'ici la fin octobre sur 15 à 20 programmes concrets pour le développement durable. A l'Elysée, on se refusait à tout commentaire sauf pour renvoyer aux déclarations de M. Wauquiez.
Ces déclarations contredisent les propos tenus par Jean-Louis Borloo dans «Le Monde» daté de vendredi. Le ministre de l'Ecologie a indiqué à un groupe de parlementaires de la majorité que le gouvernement préparait un gel de la commercialisation des semences OGM tout en autorisant la poursuite de recherches en laboratoire.
«Sur les OGM, tout le monde est d'accord: on ne peut pas contrôler la dissémination. Donc, on ne va pas prendre le risque», aurait expliqué le ministre, selon le quotidien. Vingt-deux mille hectares de maïs OGM ont été plantés cette année en France à des fins commerciales. Un seul produit, le MON 810, est autorisé. Cette autorisation expire à la fin de l'année.
Jean-Louis Borloo s'est efforcé vendredi de «dédramatiser». «Je n'ai fait aucune déclaration au 'Monde»', a-t-il affirmé sur LCI. Le ministre de l'Ecologie, désireux de «ne pas mettre en péril le processus», a expliqué s'être forgé une «conviction personnelle très forte» sur les OGM après avoir écouté les groupes de travail du «Grenelle», mais être «prêt encore à en débattre». Il a confirmé qu'une loi serait rédigée «quoi qu'il arrive» sur les OGM pour déterminer «la responsabilité de chacun» et instituer une Haute autorité chargée de l'expertise des produits.
Car sa petite phrase de jeudi a provoqué la fureur de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), qui a quitté le groupe de travail sur les OGM mis en place dans le cadre du «Grenelle» pour faire pression sur le gouvernement. La FNSEA n'a pas participé vendredi à la réunion du groupe de travail au Muséum d'histoire naturelle.
«On nous fait bosser, mais toutes les décisions sont déjà prises», a déploré Philippe Pinta, président de la commission économique de la FNSEA. Le syndicat agricole estime qu'un «moratoire ou un pseudo-moratoire condamnerait complètement la recherche et le développement des OGM en France».
La principale organisation professionnelle agricole a demandé un rendez-vous à M. Borloo pour obtenir des explications. «A partir de là, on prendra la décision de revenir ou non», explique M. Pinta.
Jeudi, les céréaliers ont hué le ministre de l'Agriculture Michel Barnier, venu participer à leur congrès à Tours (Indre-et-Loire). Embarrassé, ce dernier a affirmé comme Laurent Wauquiez que «la question n'est pas tranchée».
Les écologistes, qui avaient applaudi jeudi la prise de position de M. Borloo, ne savaient plus que penser vendredi. Porte-parole de France nature environnement, Arnaud Gossement restait optimiste. «Wauquiez dit quelque chose qui tombe sous le sens: aujourd'hui, il n'y a pas de décision», note-t-il. «On n'est pas inquiets, on continue à travailler.»
A Greenpeace, on était plus pessimiste. Chargé de la campagne sur les OGM, Arnaud Apotheker jugeait «inquiétantes» les déclarations de Laurent Wauquiez et Michel Barnier, dues selon lui à la «réaction extrêmement forte du lobby agricole». «Si Jean-Louis Borloo, ministre d'Etat et numéro deux du gouvernement, est contredit en permanence par le ministre de l'Agriculture alors qu'il est d'un rang inférieur, ça montre qu'il est une marionnette», a accusé le militant écologiste.
Pour les jeunes Verts, «Laurent Wauquiez reprend les mauvais réflexes d'une droite plus soucieuse de préserver ses relations avec les semenciers et agriculteurs de la FNSEA». AP
vendredi 21 septembre 2007
Alors, les OGM, on les interdit ou pas ?
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