mardi 23 octobre 2007

Sarkozy tente de récupérer Guy Môquet




Comme l’indiquait déjà en 1905, le Manifeste des instituteurs syndicalistes :

« Notre enseignement n’est pas un enseignement d’autorité. Ce n’est pas au nom du gouvernement, même républicain, ni même au nom du peuple français que l’instituteur confère son enseignement : c’est au nom de la vérité. Les rapports mathématiques, les règles de grammaire, non plus que les faits d’ordre scientifique, historique, moral, qui le constituent, ne sauraient dès lors être soumis aux fluctuations d’une majorité.



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Un hommage contrasté et contesté à Guy Môquet
[2007-10-22 23:11]

PARIS (Reuters) - L'hommage scolaire imaginé par Nicolas Sarkozy pour Guy Môquet, jeune résistant communiste fusillé en 1941 par les nazis, a pris des formes diverses lundi et suscité l'opposition d'une bonne partie des enseignants.

Le chef de l'Etat, qui avait initialement prévu de lire personnellement la lettre du jeune martyr au lycée parisien Carnot, où il fut scolarisé, a renoncé au dernier moment, en raison d'un agenda chargé, a expliqué l'Elysée.

Ce sont donc le Premier ministre, François Fillon, plusieurs ministres et de nombreux élus et personnalités de la droite qui ont animé l'initiative en se rendant dans les lycées et collèges un peu partout en France.

Certains furent quelquefois la cible de critiques, comme le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, dans son fief de Périgueux (Dordogne), voire de sifflets, comme la ministre de la Justice, Rachida Dati, à Villejuif, en banlieue parisienne.

La cérémonie, qui se voulait un acte de mémoire et une leçon sur le thème de la jeunesse insurgée et de l'esprit de sacrifice, a varié selon les lieux, de la simple et brève lecture en classe au rassemblement dans la cour de l'établissement, en passant par une journée complète d'animation autour du thème de la Résistance.

Selon le ministère de l'Education, la lettre a été lue dans "la quasi-totalité" des lycées de métropole, parfois grâce à aux personnalités présentes - responsable politique, associatif ou ancien résistant - qui ont remplacé des enseignants refusant de le faire.

Au total, 99% des lycées des académies de Bordeaux, Lille, Dijon et Orléans-Tours ont eu leur lecture, 98% dans l'académie de Rennes, 97,5% à Paris. Le chiffre le plus bas a été atteint dans l'académie de Créteil et dans le département de l'Allier (95%).

Le chef du gouvernement a invité des élèves de trois lycées parisiens (Diderot, Duruy, Rabelais) à venir écouter à Matignon la lettre. Il a salué ensuite dans un discours "un jour de rassemblement" sur "la liberté, la fraternité et la France".

A Caluire, près de Lyon, qui fut la "capitale" de la Résistance, une cérémonie a été organisée avec la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, devant la maison du Docteur Frédéric Dugoujon, où Jean Moulin, le fédérateur des résistants français, avait été arrêté le 21 juin 1943.

"On se sent concerné car (Guy Môquet) était un garçon de notre âge et on a tous dans nos familles quelqu'un qui a vécu cette époque. Il est important de ne pas oublier que des gens ont combattu pour qu'on soit libre aujourd'hui", a expliqué Mélanie Fino, 17 ans, l'âge de Guy Môquet au moment de sa mort.

PS ET PCF PROTESTENT

Cependant, comme le laissaient prévoir les consignes du principal syndicat enseignant Snes, hostile à l'initiative, le climat a été houleux dans les écoles où les enseignants ont refusé de se prêter à la cérémonie, comme à Périgueux.

Xavier Darcos, revenant dans son ancien lycée de cette ville, y a été fraîchement accueilli par des militants communistes, des enseignants et des élèves sceptiques.

Autre exemple parmi d'autres, au lycée Grandmont de Tours (Indre-et-Loire), 14 des 16 professeurs d'histoire ont signé une lettre expliquant les raisons de leur refus.

"Pour l'enseignant et le chercheur, les entreprises mémorielles peuvent être un objet d'études historiques, mais ne sauraient s'imposer comme la vérité historique elle-même", disent les signataires.

Les enseignants contestent l'intervention de l'Elysée dans l'organisation pédagogique, critiquent ce qu'ils voient comme une "récupération" de l'Histoire et s'interrogent sur l'impact d'un document sorti de son contexte sur des enfants et adolescents, jugeant même parfois dangereux son aspect morbide et l'exaltation du courage devant la mort.

Le Parti communiste a multiplié les initiatives pour montrer son agacement car à ses yeux, Nicolas Sarkozy est mal placé pour célébrer les idéaux de Guy Môquet.

Le parti et sa secrétaire nationale Marie-George Buffet ont rassemblé 5.000 personnes dimanche à Châteaubriant (Loire-Atlantique), où Guy Môquet fut fusillé. Le quotidien L'Humanité a publié lundi un cahier spécial de douze pages.

Le Parti socialiste a aussi condamné l'initiative présidentielle. "Ce choix personnel et unilatéral du président conduit à une polémique et une division inutiles. On confond ici l'émotion et la raison", a dit lors d'un point de presse Stéphane Le Foll, directeur de cabinet de François Hollande.

Dimanche soir, François Bayrou s'était opposé aussi à la démarche : "Franchement, je trouve que l'Etat ne doit pas se mêler de l'histoire, l'Etat ne doit pas organiser la promotion en figure héroïque de qui que ce soit".



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