Le Parlement turc avalise une incursion militaire en Irak
[2007-10-17 17:56]par Gareth Jones et Hidir Goktas
ANKARA (Reuters) - Le Parlement turc a sans surprise autorisé une intervention de l'armée turque contre les séparatistes du PKK dans ses bases arrière du Kurdistan irakien, une perspective qui inquiète Washington et l'Otan.
La motion a été votée par 507 voix contre seulement 19, celles du petit Parti de la société démocratique (DTP), pro-kurde.
Acquise d'avance, au vu de la majorité dont le gouvernement de Tayyip Erdogan dispose, ce feu vert était un préalable à toute incursion de l'armée turque dans le nord de l'Irak mais le Premier ministre a souligné qu'elle ne se matérialiserait pas nécessairement.
Les Etats-Unis et l'Otan exercent de vigoureuses pressions pour que la Turquie s'abstienne de se lancer dans une opération susceptible de déstabiliser une région d'Irak jusque-là relativement épargnée par la violence, tandis que la Syrie s'est clairement rangée mercredi aux côtés d'Ankara.
A Washington, George Bush a enjoint à la Turquie de ne pas s'engager dans une intervention militaire au Kurdistan irakien. "Nous disons de façon très claire à la Turquie que nous ne pensons pas qu'il soit dans ses intérêts d'envoyer des troupes en Irak", a-t-il dit lors d'une conférence de presse, quelques minutes à peine après le vote des députés turcs.
"En fait, a poursuivi le président américain, ils ont déjà des troupes stationnées en Irak. Nous ne pensons pas qu'il soit dans leur intérêt d'en envoyer davantage."
Tayyip Erdogan a affirmé ces derniers jours que le feu vert sollicité du parlement n'impliquait en rien qu'une opération militaire turque en Irak était imminente, mais il a souligné qu'elle aurait lieu "en temps opportun" si les circonstances le dictent.
Ses services ont démenti que Bagdad ait proposé à Ankara de mener une opération militaire conjointe contre les séparatistes. Le chef du gouvernement irakien a seulement parlé de "collaborer sur les mesures à prendre", a déclaré un membre de l'équipe du Premier ministre turc.
SOUTIEN DE DAMAS CONTRE LE TERRORISME
Peu auparavant, la chaîne de télévision CNN Türk avait rapporté que le Premier ministre irakien Nouri al Maliki avait offert aux Turcs de mener de concert une opération militaire contre les bases arrière des séparatistes kurdes dans les montagnes du nord de l'Irak.
Ankara reprochent aux autorités de Bagdad et à leurs protecteurs américains de n'avoir pas tenu leurs promesses de mater les 3.000 combattants du PKK retranchés au Kurdistan, où ils jouissent de la solidarité de leurs congénères irakiens et profitent de la faiblesse du pouvoir central.
"Nous avons proposé cette motion pour la paix et le bien-être de notre pays. Cette motion acceptée, nous allons faire ce qui est nécessaire aux intérêts de notre pays", a dit le vice-Premier ministre turc Cemil Cicek au parlement.
Selon certains analystes, les efforts de dissuasion de l'allié américain ont été contrecarrés par le coup de froid suscité entre Ankara et Washington par la perspective d'adoption par la Chambre des représentants américaine d'une résolution qualifiant de "génocide" le massacre des Arméniens à la fin de l'Empire ottoman.
Le président syrien Bachar al Assad, accusé par Washington de soutenir le terrorisme et de souffler sur les braises en Irak, s'est engouffré dans cette brèche pour apporter un soutien remarqué à la Turquie, à l'occasion d'une visite à Ankara.
"Nous soutenons sans réserve les mesures du gouvernement turc contre le terrorisme et nous considérons qu'elles relèvent du droit légitime de la Turquie", a-t-il dit lors d'une conférence de presse commune avec le président Abdullah Gül.
En visite à Paris, le président irakien Djalal Talabani a émis l'espoir que la Turquie renoncerait à intervenir militairement en Irak.
"Nous espérons que la sagesse de notre ami le Premier ministre Erdogan fera qu'il n'y aura pas d'intervention militaire", a-t-il dit à l'issue d'un entretien avec le président français Nicolas Sarkozy.
La montée de la tension à la frontière irako-turque a propulsé le baril de pétrole à un niveau record proche des 89 dollars, fait plonger la livre turque et suscité de multiples appels à la retenue, notamment de la part des secrétaires généraux de l'Onu, Ban Ki-moon, et de l'Otan, Jaap de Hoop.
mercredi 17 octobre 2007
Ca chauffe en Turquie ;o((
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