samedi 10 décembre 2011

Les musiciens Philip Glass et Lou Reed rejoignent « Occupy Wall Street »

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Sur le blog du Yéti, Jaune (Jean Thévenin) nous livre un nouveau document sur le mouvement « Occupy Wall Street ». Ce soir-là, au Lincoln Center, New-York USA, les musiciens Philip Glass et Lou Reed rejoignent les OWS...

Un court-métrage de Jean Thévenin. Musique : La protestation de Satyagraha - Philip Glass. Exécuté par l'orchestre du New York City Opera. Sous-titres : Romain Corvez.

samedi 19 novembre 2011

Un appel à légaliser qui vient de haut

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Un appel à légaliser qui vient de haut

Du jamais vu : le président de Colombie, Juan Manuel Santos, appelle à un débat global sur la question de la légalisation de la marijuana et de la cocaïne dans les colonnes du Guardian. Rappelant l'échec de toutes les "guerres" et tentatives de prohibition, celui-ci invite les dirigeants des pays consommateurs à "un peu de courage".

14.11.2011


Dessin de Boligan.

Dessin de Boligan.

"Alors qu'un sommet international sur les drogues a lieu cette semaine à la Chambre des lords, il n'y aura personne de Downing Street, ni aucun homme politique britannique de premier plan pour écouter les médecins, les universitaires et les économistes internationaux qui réfléchissent et débattent d'une nouvelle approche de la guerre contre les drogues", déplore The Guardian.

Le journal rappelle qu'en 2002 David Cameron avait, lors d'un débat parlementaire à la Chambre des communes, demandé au gouvernement travailliste "de ne pas revenir à la guerre contre les drogues qui a été tentée – et qui ne donne aucun résultat, comme tout le monde le sait".

Depuis, le sujet est resté tabou. "Les dirigeants politiques ont encouragé le sommet et admettent en privé que les choses doivent changer, mais ils ne font rien pour faire avancer le débat", constate le quotidien britannique. "Ils devraient lire le dernier rapport de la Commission globale pour une politique de lutte contre les drogues rédigé notamment par l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, l'ancien secrétaire d'Etat américain George Shultz et l'ex-dirigeant de la Réserve fédérale Paul Volker", poursuit le Guardian. Ce rapport, rendu public au printemps dernier, conclut que "la guerre des drogues n'est pas gagnée et ne peut être gagnée" et il encourage les dirigeants de tous les pays à 'briser les tabous".

En attendant, les voix qui exigent une nouvelle discussion viennent d'Amérique latine. Toujours dans le Guardian, le président de la Colombie Juan Manuel Santos, rappelant le prix payé par la Colombie, pays producteur, dans cette guerre contre les drogues, appelle les dirigeants du monde à repenser la politique contre les drogues et à ouvrir le débat de la légalisation de la marijuana ainsi que de la cocaïne. C'est la première fois qu'un président en exercice tient de tels propos. Il y a quelques mois, le président du Mexique Felipe Calderón, englué dans une guerre dévastatrice contre les trafiquants, avait aussi déclaré à propos des Etats-Unis : "Nous habitons dans le même immeuble. Notre voisin est le plus grand consommateur de drogue du monde et tout le monde veut lui vendre de la drogue en passant par nos portes et nos fenêtres."

"Il est impossible que les leaders des pays les plus consommateurs – Etats-Unis, Royaume-Uni, Espagne – continuent de se taire. Les habitudes de leurs citoyens sont non seulement responsables des vies dévastées de nombreux Latino-Américains, mais ils sont aussi à l'origine de la destruction de la forêt amazonienne. (...) Ils doivent avoir le courage de briser les tabous", conclut le Guardian.

mercredi 26 octobre 2011

La dette publique expliquée aux nuls

Une petite vidéo très bien faite pour vous expliquer à quel point il est temps de remanier l'ensemble du système économique mondial

Dénichée ici (merci Sergeï)







mardi 20 septembre 2011

Quand les jeux vidéos font avancer la science

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Une énigme du virus du sida résolue par... les adeptes d'un jeu en ligne

Info rédaction, publiée le 19 septembre 2011
Illustration : un virus

Les adeptes de Foldit, un jeu vidéo sur Internet, ont fourni un sérieux coup de pouce aux scientifiques. Ils sont parvenus à décoder en trois semaines la structure d'une enzyme proche de celle du virus du SIDA, une énigme qui tenait les scientifiques en échec depuis dix ans.

La réponse est venue de là où les scientifiques ne l'attendaient pas. Depuis plus d'une décennie, les chercheurs s'asticotaient les méninges sur une enzyme utilisée par les rétrovirus tels que le virus VIH, mais rien n'y faisait : ils n'arrivaient pas à déterminer la structure exacte de la molécule. Pourtant, ce type d'enzymes, appelé protéase virale, joue un rôle fondamental dans la manière dont prolifèrent ces virus particuliers. Ainsi, les chercheurs étaient persuadés qu'en bloquant leur action, il pourrait parvenir à trouver une nouvelle piste thérapeutique. Seulement voilà, sans la structure exacte, impossible de déterminer les substances capables de les inhiber et les zones de l'enzyme à cibler. Un problème qui est aujourd'hui résolu.

En effet, la revue Nature Structural & Molecular Biology vient tout juste de publier la structure 3D de l'enzyme, mais cet exploit n'a pas mobilisé que des chercheurs. La clé de ces travaux a même été fournie par... les adeptes d'un jeu vidéo en ligne baptisé Foldit qui figurent ainsi en co-auteurs de l'étude. Ce dernier est un jeu vidéo expérimental développé en 2008 en collaboration entre les départements d'informatique et de biochimie de l'Université de Washington (USA) et accessible à tous sur internet. Son but est en fait d'amener des joueurs humains à résoudre un problème auquel se heurtent toujours les ordinateurs, en l'occurrence ici : comment une molécule se plie pour former une structure en trois dimensions et donner ainsi naissance à une protéine.

Des milliers de joueurs sur toute la planète

"Les gens ont des capacités de raisonnement dans l'espace bien supérieures à celle des ordinateurs", explique Seth Cooper, l'un des créateurs de Foldit. Aussi, pour cet objectif précis, le jeu a réuni des milliers de joueurs du monde entier, collégiens ou retraités, répartis en équipes concurrentes. Connectés au cyberespace, ils ont manipulé des chaînes d'acides aminés, les briques élémentaires qui composent les protéines, les pliant et les repliant dans toutes les combinaisons imaginables pour tenter d'aboutir à une structure viable, explique l'AFP. Toutefois, ils étaient tout de même aidés par un programme informatique baptisé Rosetta, en référence à la Pierre de Rosette qui avait permis à Champollion de déchiffre les hiéroglyphes égyptiens.

Au final, les modèles de protéines transmis par les joueurs via internet se sont avérés tellement proches de la réalité qu'il n'a fallu que quelques jours aux chercheurs pour les affiner et établir la structure exacte de l'enzyme. En trois semaines en tout, l'énigme était résolue. "Les résultats publiés cette semaine montrent qu'en combinant les jeux, la science et l'informatique, on parvient à des avancées qui n'étaient pas envisageables jusqu'alors", précise Seth Cooper cité par l'AFP. Désormais, les chercheurs espèrent donc utiliser cette découverte cruciale pour faire avancer leurs recherches en matière de traitements de ces virus.

mardi 13 septembre 2011

Chaos & Cyberculture

Vous connaissez tous Timothy. Comment ça, Timothy qui ? Mais Timothy Leary, le pape du LSD, ce psychologue d'Harvard qui a soigné ses patients en utilisant ce produit psychotrope avant qu'il ne soit interdit (donc du temps où la CIA effectuait ses propres tests sur cette substance).

Mais savez-vous qu'à la fin de sa vie, il était devenu Cyberpunk et qu'il a écrit ce superbe ouvrage disponible en France aux éditions du Lézard et en anglais chez Scribd ?
C'est cette version que je vous propose en commençant par le tableau de la page 4 qui montre l'évolution de la puissance cérébrale humaine au cours des âges ...

Timothy Leary - Chaos & Cyber Culture

mercredi 22 juin 2011

Vive la pénalisation des drogues ...

Alors que pendant des millénaires, seule la feuille de coca était mâchée et vénérée, dorénavant entre capitalisme et prohibition, voilà où sombrent les fils des Incas ...

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Au Brésil, pire que le crack : l'oxidado

Oxi ? Ces trois lettres désignent le nouveau fléau du Brésil. Une drogue pire que toutes les autres, beaucoup plus destructrice encore que le crack. Un stupéfiant si vénéneux qu'il rend ses victimes dépendantes dès la première fois qu'ils en usent, et qu'il en tue trois sur dix dès la première année d'accoutumance.

Oxi est le diminutif d'oxidado : "rouillé", en portugais. Comme le crack, l'oxi est un dérivé de la cocaïne base, mais en contient deux fois plus ; comme lui, il a l'apparence d'un petit caillou jaunâtre et se "fume" dans une pipe à air, l'usager inhalant ses vapeurs.

Seule la consommation de ces deux drogues cousines et de même apparence permet de les distinguer : la fumée du crack est blanche, celle de l'oxi, plus grise ; l'un laisse des cendres, l'autre une substance huileuse.

Le crack, c'est de la coke dissoute dans du bicarbonate de soude, de l'éther ou de l'ammoniaque. L'oxi, c'est de la coke oxydée avec de la chaux vierge, et un dérivé du pétrole : kérosène, essence ou diesel.

L'oxi a été décelée pour la première fois en 2003 dans l'Etat d'Acre, frontalier de la Bolivie. Elle avait alors la faveur des plus pauvres - notamment des jeunes chômeurs - et des adeptes mystiques de l'ayahuasca, un breuvage hallucinogène amazonien.

Depuis, l'oxi s'est répandue dans le nord du Brésil avant de faire, cette année, son apparition dans les grandes villes du sud, en particulier Sao Paulo. La police en saisit, chaque semaine ou presque. Elle est maintenant consommée dans tous les milieux sociaux.

L'"atout" de l'oxi, c'est qu'elle est très bon marché : cinq fois moins chère en moyenne (2 réis, soit 0,90 centime d'euro le caillou) que le crack. A Cracolândia, le quartier des drogués - en majorité des sans-abri - de Sao Paulo, on l'appelle tout simplement "la pierre à 2 réis".

Les solvants utilisés dans la fabrication du crack sont en vente surveillée. Concocter ce stupéfiant exige une manipulation dans un petit labo improvisé, fût-ce une cuisine. Rien de tel pour l'oxi, qu'on peut préparer dans une simple poêle, au fond de la moindre arrière-cour.

L'apparence quasi identique des deux stupéfiants a longtemps abusé la police. En mars, à Sao Paulo, après avoir saisi 60 kg de "cailloux", elle découvre par hasard qu'il s'agit d'oxi, et non de crack, en faisant brûler quelques pierres lors d'une démonstration devant de jeunes recrues. Les drogués se méprennent, eux aussi, achetant sans le savoir de l'oxi dans les points de vente traditionnels du crack.

Une fois leur pipe allumée, le doute n'est plus permis. Dès la première bouffée, qui agit sur le cerveau en quelques secondes, l'"effet oxi" est foudroyant, et l'addiction souvent immédiate. "J'ai cru avaler un poison, j'ai eu peur de mourir", confiait Pedro, 27 ans, à l'hebdomadaire Epoca.

Les dégâts physiques et mentaux surgissent rapidement : maux de tête, vomissements, diarrhées ; abattement, angoisses, paranoïa. "J'entendais des voix, comme si le diable me parlait", raconte André, un malade en cure de désintoxication. Les dentistes ont été les premiers à donner l'alerte, en découvrant avec effroi les nécroses qui envahissaient les bouches de leurs jeunes patients.

Plus encore qu'avec les autres drogues, les victimes de l'oxi sont prêtes à tout pour s'en procurer. André a vendu jusqu'au dernier bien avant d'accepter de se soigner. La rue Helvetia, au coeur de Cracolândia, est un lieu de troc permanent pour une centaine de drogués, qui négocient un peu de tout, en échange de "cailloux à 2 réis" : vieilles chaussures, vêtements usagés, matériel électroménager, ou simples tickets de bus.

Après trois jours au maximum en état de manque, l'"oxicomane" devient très agressif. Augusto, 25 ans, Irivan, 25 ans, Jonas, 40 ans - qui tous se soignent aujourd'hui - racontent l'inéluctable naufrage de la dépendance : disputes familiales, pertes d'emploi, vols, agressions. Et au pire : assassinats, suicides. "Huit homicides sur dix sont liés aux stupéfiants", constate Wilson Martins, gouverneur de l'Etat du Piaui, au nord du Brésil. Ce n'est pas pour rien qu'on appelle l'oxi "la drogue de la mort".

L'Etat d'Acre, en Amazonie, fut le premier affecté par l'oxi. Dans les vieux quartiers du centre de Rio Branco, sa capitale, les gamines droguées se prostituent dès l'âge de 8 ans, rapporte un chercheur local, Alvaro Augusto Andrade Mendes. Faute de drogue, les enfants se préparent un "thé" avec le liquide des piles alcalines. En forêt, les villages indiens ne sont pas épargnés par l'oxi et la merla, autre dérivé de la coke.

La police craint qu'à terme l'oxi prenne la place du crack. L'organisation du trafic en serait modifiée, compliquant ainsi la répression. Produite de façon artisanale, commercialisée en petites quantités, la nouvelle drogue circule en dehors des réseaux de vente traditionnels.

A Rio Branco, des petits trafiquants vont chercher la cocaïne base à la frontière et fabriquent l'oxi dans des maisons abandonnées ou dans la forêt. Pour être efficace, la police devra se montrer beaucoup plus présente sur le terrain. Faute de quoi, les volutes grises de l'oxi propageront de plus en plus la servitude et la mort.


langellier@lemonde.fr

Jean-Pierre Langellier

mardi 21 juin 2011

Cannabis : dépénalisation ou légalisation contrôlée ?

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Cannabis : dépénalisation ou légalisation contrôlée ?


Les députés PS veulent être un exemple en matière de tolérance. Pourtant, ils encadreraient de très près l'industrie de cette drogue, en contrôlant la production, la distribution, et même la consommation. Est-ce le début des coffee shops en France ?
Sélectionné et édité par Amandine Schmitt

Faut-il dépénaliser le cannabis ou non ? C'est typiquement un débat de société puisque, sur l'échiquier politique, il oppose sur des critères peu politiciens, même si à gauche on est divisé. Mais qu'un ancien ministre de l'Intérieur comme Daniel Vaillant ait relancé le débat donne brusquement une nouvelle importance à ce sujet récurrent.

CannabisPhoto Alexodus


Claude Guéant, son plus récent successeur, y est évidemment hostile, incapable de faire le bilan des échecs constants contre le trafic. Car lorsque dans des cités un jeune guetteur, le moins gradé dans la hiérarchie des dealers, peut à lui seul faire vivre toute une famille, comment notre ministre, à moins de régler d'un coup de baguette magique le chômage de masse dans les grands ensembles, ne peut-il pas reconnaître que la lutte contre le trafic est un échec ?

"La loi est inadaptée, et son autorité bafouée"

Comme le note Stéphane Gatignon, le maire de Sevran, ville gangrenée par le trafic de cannabis : "la loi est inadaptée, et son autorité bafouée, elle est inapplicable par ceux qui en ont pourtant la charge". Dans un rapport publié le 2 juin par la Commission mondiale sur la politique des drogues (Global Commission on Drug Policy), une kyrielle de personnalités, dont d'anciens présidents latino-américains, estiment que le combat mondial contre la drogue a échoué et que le seul recours est désormais la dépénalisation du cannabis.

Regardez même où en sont arrivés les trafiquants d'Amérique du sud, utilisant sous-marins et hélicos de combat. Chez nous aussi, toute proportion gardée, plus on augmente les moyens, plus, en réponse, la violence se développe. Partant du constat que la France conserve une des législations les plus répressives d'Europe alors que le niveau de consommation est l'un des plus forts, les députés socialistes font valoir qu'une "légalisation contrôlée" pour les personnes majeures permettrait, "grâce à l'encadrement de la production et de la distribution", d'"instaurer une politique de réduction des risques".

Quatre millions de personnes ont consommé du cannabis en 2005


Les députés PS préconisent la création d'une filière nationale du cannabis qui organiserait et gèrerait la production et la distribution de cette drogue, à l'image de ce qui est fait pour le tabac et l'alcool. "Il convient que l'État soit en mesure de fournir cette substance, sous forme de résine ou d'herbe, à l'ensemble des consommateurs", indique le rapport, en préconisant la mise en culture de 53.000 hectares "selon des règles strictes pour garantir la qualité des produits".

L'État devra aussi contrôler la distribution "tout en interdisant la publicité et la vente aux mineurs". En dépit de la politique de prohibition menée depuis 1970 à l'égard du cannabis, près de 4 millions de personnes avaient, en 2005, consommé de cette drogue au moins une fois dans l'année. 1,2 million de personnes seraient des consommateurs réguliers.


Légaliser de manière contrôlée

Certes Claude Guéant n'a pas tort de souligner que les Pays-Bas, "nation emblématique s'il en est de la politique dite de 'tolérance'", modifient leur approche : restriction drastique de l'accès aux coffee shops désormais interdits aux non-résidents, disparition progressive de la distinction entre drogue dure et drogue douce...

C'est qu'il ne s'agit pas de "dépénaliser" mais de légaliser de manière contrôlée. Deux types d'établissements sont prévus à l'usage des consommateurs majeurs : les premiers uniquement consacrés à la vente, sur le mode des débits de tabac, les seconds, vus comme des "lieux de sociabilité", autorisant vente et consommation. "La vente d'alcool y serait strictement interdite", note le rapport. D'autant qu'avec ces taxes l'État pourrait faire plein de choses. Mais notre gouvernement préfère opérer des coupures de budget.

Les effets négatifs de la prohibition aux USA

Les effets négatifs de la prohibition aux USA des années 20 au début des années 30 sont connus : la demande existant toujours, c'est une offre illégale qui la satisfait. Ainsi se développe la contrebande. Cette dernière met sur le marché des produits de remplacement, souvent frelatés, conséquence logique de l'illégalité de ce commerce.

En effet, refoulée dans la clandestinité, la production se fait dans des conditions déplorables, sans hygiène et à la va-vite. La conséquence en est la très mauvaise qualité des boissons. Mais, ainsi trompés par les vendeurs, les consommateurs n'ont aucun moyen de recours étant donné qu'ils sont eux aussi sous le coup de la loi...

L'autre conséquence, purement économique, du 18e amendement, réside dans l'augmentation très forte des prix. En effet, en raison de l'interdiction du commerce d'alcool, l'offre se réduit. Le nombre de personnes prêtes à se risquer à exercer des actes délictueux n'est pas élevé, en effet. Or, la demande, elle, reste la même. La réaction sur le marché est donc logique : la demande étant supérieure à l'offre, les prix évoluent à la hausse.

C'est exactement ce qui se passe avec le cannabis en France ou les produits présents sur le marché sont de plus en plus de mauvaise qualité et ils ne sont pas moins consommés qu'avant. Daniel Vaillant qui n'a rien à perdre, sa carrière politique étant en bout de course n'a pas tort de demander de "sortir de l'hypocrisie", même plusieurs jeunes loups du PS qui ont devant eux un avenir politique ne veulent pas risquer l'impopularité alors qu'ils ont fait de la sécurité l'un de leurs chevaux de bataille.

Auteur parrainé par Aude Baron



Et comme vous avez tout lu jusqu'au bout, vous avez le droit à une petite vidéo ;o))







Durée : 31:00 | Images : Universcience.tv

samedi 2 avril 2011

Bretagne Morte ou Vivante - Lettre ouverte au président du conseil régional

Un envoi de l'Oncle Paul à M Le Drain, président de la région Bretagne


BRETAGNE MORTE OU VIVANTE - LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DU CONSEIL REGIONAL

Monsieur le Drian ... Les Bretons et leurs voisins européens réclament une agriculture qui les nourrisse. sans foutre en l'air la qualité de l'environnement et la santé publique. Or que font leurs principaux élus ? En lisant votre courrier (Cf. copie ci-après) nous avons une réponse paraît-il.

Grâce à l'incurie des acteurs économiques, politiques, étatiques, nous vivons avec les algues vertes depuis 40 ans. Concernant leur prolifération et tout ce que cela représente en termes de coûts inutiles et dégâts mortifères - PMPOA, Bretagne Eau Pure I, II, III [1] - dès que vous utilisez l'argent public pour exercer la censure sur une campagne publicitaire – qui, elle, agit en conformité avec l'intérêt général - il n'y a pas de différence entre les actions menées par le PS en Bretagne et celle de vos prédecesseurs. A part la politique incantatoire [2]. En effet vous faîtes le lit de Madame Malgorn et consorts issus de la majorité présidentielle - cette ancienne préfète qui a déjà cautionné la répression des données sur la qualité de l'eau et la fermeture des captages.

A ce qu'il paraït l'Etat français ne donne pas à la Région des moyens financiers suffisants pour accomplir ses diverses missions. Pourquoi donc gaspillez le peu de fonds budgétaires dont vous disposez pour defendre non pas l'image de la Bretagne - comme vous prétendez le faire - mais celle des intérêts d'une minorité prédatrice ? Qu'est-ce qui a changé depuis la balade de Monsieur Fillon et ses ministres sur le littoral ? Une chambre d'agriculture qui ose demander des efforts encore aux collectivités de comprimer leur minuscule apport en nitrates, alors qu'elle rechigne à réduire le gros morceau qui est le leur ! Selon vous nous devons attendre 2027 pour voir la fin des marées vertes ? (Cf. http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/bretagne/algues-vertes-j-y-le-drian-il-faut-les-eradiquer-12-03-2011-1232659.php). Du déjà vu, me semble-t-il ...

PMPOA, Bretagne Eau Pure I, II, III, puis les SAGE – qu'est-ce que nous n'avons pas entendu, quant à cela ? «On ne pouvait pas demander à un tel programme des résultats immédiats, mais difficile d'en nier les insuffisances». La plus forte des critiques des BEP venait en février 2002 de la Cour des comptes qui, dans un rapport, soulignait que «les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur des objectifs». L'éternelle ritournelle que nous n'acceptons plus, Monsieur Le Drian.

L'anathème dont vous parlez ne vient pas de la FNE qui signale - à juste titre - la réalité d'un échec cuisant de l'activité menée par la quasi-totalité de la classe politique française : celle de ménager la chèvre et le chou au bénéfice des banquiers - Crédit Agricole en tête - et au détriment de la santé publique et de la prospérité des populations et communes les plus défavorisées.

L'anathème dont vous parlez vient de la FNSEA, de leurs amis de la Coordination Rurale et de tous ces inconditionnels de la fuite en avant, de la culture nécrotechnologique et de la philosophie hors-sol. Car chaque goutte de pollution a fini par faire déborder la vase. Voilà ce qui porte atteinte à l'mage de marque régionale. Prétendre le contraire c'est se cacher derrière son petit doigt !

Ca fait 40 ans que ça dure, que nos dirigeants – droite et gauche confondues - jouent la montre face au productivisme. Ensemble ils pratiquent deux politiques – celle du pompier pyromane et celle de l'autruche. L'inertie du Conseil régional à majorité PS face à l'amendement Le Fur en témoigne. Autre exemple : toujours à nos frais - dans Bretagne ensemble N° 15 février 2011 - son bulletin de blanchiment écologique, la région annonce le lancement d'un plan d'aide pour l'ostréiculture et d'une consultation publique sur l'agriculture. L'énième consultation publique sur l'agriculture et de l'argent public jeté par la fenêtre pour soutenir une filiale malade à cause du cocktail xénobiotique que le secteur agricole et agro-alimentaire balancent dans la nature. Alors que vous avez déjà moblisé 2,7 millions d'euros entre 2008 et 2010. Toujours des programmes de recherche de l'Ifremer et Cie, pour «une huître de demain». Foutaises, Monsieur Le Drian ! La seule véritable piste de relance pour une activité à l'agonie est d'assainir le milieu marin.

Mais quelle cohérence ! La Bretagne comme le disait Jean-Claude Pierre est au péril de son eau. Ne cherchez donc pas la petite bête en nous citant des mesurettes que vous avez entrepris ou envisagez de faire. Bref Monsieur Le Drian arrêtez vos salades. Vous n'êtes pas le premier à pratiquer le socialisme mou, celui de la gauche caviar. D'où cette pirouette honteuse mais pas surprenante que vous avez effectuée sur l'aéroport de Notre Dame des Landes. Soit. Mais pour ce qui est de l'eutrophisation des eaux à cause des sels nutritifs, la solution est de fermer le robinet et pas d'ecoper la baignoire avec une petite cuillère en or pour le plus grand profit des banquiers.

Vous disiez dans votre courrier «Quatre des six affiches de cette campagne n’appellent pas de commentaire particulier de ma part». Alors pas de commentaire sur :

  • le tonnage gros voire écrasant de soja OGM importé pour alimenter le cheptel breton ? Vous n'allez pas juguler cela, sans réduire l'élevage concentrationnaire, sans casser le quasi-monopole de Cargill et des grandes enseignes sur la chaïne alimentaire et sans avoir des agriculteurs nombreux qui vivent de leur métier et respectent l'environnement.

  • l'hécatombe chez les abeilles et d'autres insectes pollinisateurs en liaison incontestable avec l’utilisation des semences enrobées d'insecticides néonicotioïdes. D'ailleurs pas de subventions pour une activité apicole qui est en train de disparaître sous nos yeux. Colony Collapse Disorder n'est pas à l'ordre du jour de la Région ?

  • les produits phytosanitaires et agrochimiques entraînent un inquiétant appauvrissement du sol lié à la disparition d’une faune et d’une flore indispensables à l’agriculture ; la Région n'a-t-elle pas entendu parler des travaux primordiaux de Claude et Lydia Bourguignon (Cf.http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Bourguignon) ?

  • ces résidues de la monoculture maïsicole et céréalière qui font courir des risques et dangers sanitaires avérés pour la population – plus de 300 molécules d'origine anthropocentrique trouvées dans les foetus humains selon une étude de 2003 tombée dans les oubliettes (Cf. http://www.wwf.org.uk/filelibrary/pdf/biomonitoringresults.pdf) ?

En conclusion j'insiste sur la nécessaire réforme de la gouvernance et du pôle de compétence de l'eau (transparence, diversité des participants, suivi des décisions, contrôles, évaluation, répression de délits). Je me permet aussi de vous rappeler l'existence de longue date d'une rupture de dialogue et de confiance entre consommateurs et certains agriculteurs compte tenu de l'absence de résultat sur la qualité de l'eau et des montants engloutis dans les plans BEP, PMPOA. Avec votre plainte en justice vis à vis de la FNE, vous me donnez l'impression – me semble-t-il au grand public également - de vous alignez sur les positions de ces mafrats qui ont abusé de nous depuis trop longtemps. Au lieu de dépenser nos sous dans les cabinets d'avocats, le Conseil régional ferait mieux de les verser dans un soutien inconditionnel à l'agriculture biologique et paysanne. Dans l'attente d'une réponse moins séditieuse pour le Bretons, Monsieur Le Drian, recevez mes salutations affligées.

Paul Matthews «Les Déserts» 35580 Saint Senoux 14 mars 2011

[1] «Le coût global pour les élevages intégrables entre 1994 et 1998 se situerait dans une fourchette de 12 à 16 milliards de Francs ; la probabilité de se situer dans le haut de la fourchette étant plus grande ; c'est en gros le double des 7 milliards de Francs prévus initialement (...) L'existence d'économies d'échelle pour les procédés individuels introduit le risque d'une concentration à terme des élevages. Ce risque est d'autant plus fort que les contraintes liées à la disponibilité de surface d 'épandage sont diminuées» Enfin, pour les éleveurs qui ne sont pas en règle avec l'arrêté d'autorisation - déclaration, du fait du dépassement de plus de 25 % de l'effectif autori é , le contrat qui permet le financement des travaux d'amélioration, introduit de fait la possibilité d'une régularisation de la situation , même si certains éleveurs auront à se mettre en conformité avec leur arrêté d'autorisation. Ainsi , la collectivité risque d'entériner les pratiques illégales de certains agriculteurs n'ayant pas respecté la réglementation des «Installations Classées». Il y a là une assez forte distorsion par rapport aux exploitations ayant joué le jeu, d'où un problème d'équité». La maîtrise des Pollutions d'origine agricoles dans les élévages, P. Rainelli, N. Raould, D. Vermersch, INRA ESR Rennes (Cf. http://www.inra.fr/esr/publications/iss/pdf/iss96-4.pdf?PHPSESSID =bfa66421a973bafc09e590ae3af48a5e). Tout cela pour le prix modique de 2 milliards d'euros !! Comme pour le PMPOA , les BEP aussi ont été quasi-pilotés par les Chambres d'Agriculture, avec une action régalienne de l'Etat toujours insuffisante et la marginalisation des associations ... (Cf. http://eau-et-rivieres.asso.fr.icodia.info/media/user/File/PDF/Analyse_BEP3_ERB.pdf).

[2] Je parle en connaissance de cause, Monsieur le Drian ... Ayant - pour tout dire - assisté à la grande messe des Deuxièmes Rencontres d'eté du Pôle Ecologique du Parti Socialiste à Saint-Ciers sur Gironde en août 2010.

From: presidence@region-bretagne.fr
To:
mariechristinerigal@..............frDate: Thu, 10 Mar 2011 15:21:22 +0100

Madame,

Comme suite à votre courriel du 21 février dernier concernant la campagne d’affichage de France Nature environnement je me permets de vous transmettre quelques explications relatives à ma démarche.

Le 28 juillet 2009, un cheval décédait sur la plage de Saint-Michel-en-Grève après s’être embourbé dans un tas d’algues vertes en putréfaction. Cet accident tragique m’a amené à interpeller le Premier Ministre pour lui rappeler les demandes que le Conseil régional porte depuis 2004 en rapport avec la qualité de l’eau en Bretagne : transférer la compétence sur l’eau à titre expérimental à la Région, et régionaliser les fonds de la politique agricole commune comme c’est déjà le cas dans de nombreux pays d’Europe.

Répondant à mon courrier du 14 août 2009, le Premier Ministre s’est rendu en personne le 20 août sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, accompagné du Ministre de l’agriculture, de la Ministre de la santé, et de la secrétaire d’Etat à l’écologie de l’époque.

Lors de ce déplacement, le Premier Ministre a refusé une fois de plus d’accéder à nos demandes. Toutefois, deux choses très importantes se sont produites. Tout d’abord, l’Etat a reconnu à cette occasion sa responsabilité dans le phénomène des algues vertes, ce qui ne s’était jamais produit auparavant. Ensuite, tout en souhaitant conserver la compétence sur l’eau, le Premier Ministre a accepté pour la première fois d’associer le Conseil régional à la lutte contre ce fléau.

La porte s’était donc entrouverte. Suite à cette prise de conscience et à cette volonté de recherche d’un consensus régional, une perspective de solution de ce problème apparaissait enfin après des décennies de tergiversation. Pour remporter la bataille contre les algues vertes, j’ai immédiatement proposé quatre principes afin de guider notre action et auxquels je n’ai jamais dérogé depuis :

1. Il faut dire la vérité. Les algues vertes sont un problème environnemental, économique et de santé publique majeur. La Bretagne est malade, mais elle se soigne.

2. Pas d’anathème. Nous ne résoudrons pas ce problème en opposant les Bretons les uns aux autres. Les comportements excessifs ne feront que compliquer la recherche de solutions.

3. Les Bretons doivent s’en sortir ensemble par le haut : cela passe par un changement des pratiques agricoles avec l’accompagnement et le soutien des pouvoirs publics, mais aussi des associations environnementales, de l’industrie agroalimentaire, et de tous les acteurs des territoires concernés.

4. Le Conseil régional sera un partenaire exigeant de l’Etat, sous condition de transparence et de réelle co-responsabilité.

L’Etat a donc présenté son plan contre les algues vertes le 5 février 2010. Ce plan comportait un volet curatif, relevant de la seule responsabilité de l’Etat, et surtout un volet préventif auquel le Conseil régional a décidé de s’associer. J’ai insisté pour que ce volet préventif fasse l’objet de véritables projets de territoire, élaborés par les acteurs de terrain. De plus j’ai souhaité que soit créé un Conseil scientifique qui puisse donner un avis indépendant sur ces projets.

Aujourd’hui, après plus d’un an et demi de travail, nous sommes à un tournant crucial de la lutte contre les algues vertes en Bretagne. Deux projets de territoire ont été déposés, sur les baies les plus touchées (Lannion et Saint Brieuc). Ils sont centrés sur l’évolution des pratiques agricoles afin de limiter les fuites d’azote, notamment en privilégiant les systèmes herbagers. Ils viennent d’être évalués par le Conseil scientifique avec, concernant le projet de la baie de Lannion, un avis globalement favorable et le besoin d’affiner un certain nombre d’objectifs à atteindre et d’indicateurs à mieux expliciter. Concernant le projet de la Baie de Saint Brieuc, le projet déposé a besoin d’être étoffé et complété dans plusieurs domaines.

Je comprends la frustration de beaucoup de Bretonnes et de Bretons qui voient ce fléau polluer leurs plages depuis trop longtemps et se disent certainement que tout cela ne va pas assez vite. Mais il faut prendre conscience que les choses ont vraiment changé depuis l’été 2009. Les algues vertes ne sont plus taboues. Il y a désormais une véritable volonté de résoudre le problème, partagée par tous les acteurs, depuis les élus jusqu’aux agriculteurs, en passant par le monde associatif. Néanmoins, cette dynamique sans précédent est fragile. Si on veut aller trop vite, ou si on cherche à stigmatiser tel ou tel coupable potentiel, le consensus sera rompu, le processus bloqué, et nous aurons gâché une opportunité unique.

C’est dans ce contexte, au plus mauvais moment, qu’est parue la campagne de publicité de l’association France Nature Environnement (FNE). Quatre des six affiches de cette campagne n’appellent pas de commentaire particulier de ma part. Pour ce qui est des deux affiches qui stigmatisent le problème des algues vertes en Bretagne, j’aurais pu comprendre la volonté de les présenter il y a deux ans de cela, c'est-à-dire avant que l’Etat ne reconnaisse sa responsabilité. Mais les publier aujourd’hui, c’est tout simplement irresponsable.

Une seule question mérite d’être posée : cette campagne va-t-elle favoriser la recherche d’une solution ou bien risque-t-elle de détruire le travail collectif patiemment mis en place depuis un an et demi ? Pour moi, et l’ensemble des acteurs impliqués dans la lutte contre les algues vertes sur le terrain, la réponse est évidente : cette campagne risque de tout bloquer et de nous renvoyer 10 ans en arrière.

Les auteurs de cette campagne n’ont de toute évidence aucune connaissance de la Bretagne et du travail qui y est mené. Ils auraient pourtant pu s’informer auprès des associations environnementales qui travaillent avec nous au quotidien pour résoudre le problème. Une association comme Eau et Rivières de Bretagne, étendard de la lutte pour la qualité de l’eau dans notre région, et par ailleurs membre de FNE, s’est clairement exprimée en défaveur de cette campagne de publicité et a regretté que la direction parisienne de FNE ne les ait pas consultés. Ils ne savent que trop bien qu’elle risque d’anéantir tous les efforts qu’ils ont consentis pour faire avancer leur cause.

J’espère qu’il n’est pas déjà trop tard et que la majorité des Bretonnes et des Bretons saura voir cette campagne pour ce qu’elle est : une provocation stérile, faisant fi des réalités de terrain.

Je souhaite enfin préciser les choses quant à la procédure judiciaire en cours. Sur son site internet, FNE présente les deux affiches sur les algues vertes par ces mots : « La Bretagne concentre sur 4 départements la moitié des porcs et de la volaille française. » Cette page internet dément les propos du porte-parole de FNE qui assurait que la Bretagne n’était pas spécifiquement visée par cette campagne de publicité. En particulier, l’affiche titrant « Bonnes vacances », qui expose un enfant jouant dans un tapis d’algues vertes, constitue ainsi une attaque contre la Bretagne toute entière.

En associant clairement la Bretagne et cette affiche sur son site internet, la direction nationale de FNE sous-entend que le problème des algues vertes est généralisé sur l’ensemble de son territoire, et que venir en Bretagne serait dangereux. En tant que Président du Conseil régional, il était de mon devoir de signifier que les Bretons ne pouvaient accepter de tels amalgames. C’est pourquoi, j’ai déposé au nom du Conseil régional une assignation de l’association FNE devant le Tribunal de grande instance de Paris, concernant le lien établi sur son site internet entre la Bretagne et les deux affiches sur les algues vertes.

Cette procédure ne porte évidemment pas sur les affiches elles-mêmes, sur lesquelles la Bretagne n’est pas mentionnée, d’autant plus qu’elles n’ont finalement pas été affichées dans le métro comme c’était envisagé.

En espérant que ces quelques explications vous auront éclairées sur mes prises de position, je vous prie de croire, Madame, à l’assurance de mes salutations les plus distinguées.

lundi 28 février 2011

Béji Caïd Essebsi: Bourguiba, "ni despote... ni démocrate"

Tiré de

Béji Caïd Essebsi, le nouveau Premier ministre tunisien, fidèle du premier président de la Tunisie, témoignait, en 2009 pour L'Express, sur les coulisses de trente ans de pouvoir sans partage.

Le nouveau premier ministre tunisien de transition, Béji Caïd Essebsi a fait partie du premier cabinet constitué par Habib Bourguiba, au lendemain de la proclamation, en mars 1956, de l'indépendance de la Tunisie. Il a ensuite occupé plusieurs postes ministériels, dont celui de ministre des Affaires étrangères. En juillet 2009, Béji Caïd Essebsi a publié, chez un éditeur tunisien (1), un gros livre qui est à la fois une biographie du "père" de l'indépendance tunisienne et le récit des "années Bourguiba". L'ouvrage a connu un succès de vente qui en a fait, à l'échelle de la Tunisie, un best-seller.


Pourquoi ce sous-titre, "le bon grain et l'ivraie" ?

Habib Bourguiba a été un grand homme d'Etat. Il n'en était pas moins un homme. J'ai voulu rendre compte de ses mérites, mais aussi de ses limites et de ses contraintes. Il a changé la société et les mentalités, mais il a dû lutter pour faire prévaloir son projet.

L'indépendance de la Tunisie est reconnue le 20 mars 1956. Quelques semaines plus tard, le nouveau gouvernement institue une haute cour chargée de juger les nationalistes dissidents. Leur chef, Salah ben Youssef, est condamné à mort par contumace. Une façon de signifier qu'il n'y aura pas de place, dans la Tunisie de Bourguiba, pour une opposition ?

Je ne dirais pas cela. La dissidence youssefiste a éclaté bien avant l'indépendance, à l'automne 1954, au moment où s'engagent avec la France les négociations pour l'autonomie interne. A son retour en Tunisie, en septembre 1955, Salah ben Youssef a poursuivi sa campagne contre l'autonomie et pour l'indépendance totale. Puis il a radicalisé son hostilité à Bourguiba, en dépit de l'accession à l'indépendance de la Tunisie. Le congrès du parti destourien (Néo-Destour) de novembre 1955 a clairement tranché en faveur de la « politique des étapes », prônée par Bourguiba. Avant ces assises, les plus hauts dirigeants du parti, ainsi que ceux de l'Union générale des travailleurs de Tunisie (UGTT), le syndicat national, s'étaient rendus auprès de Ben Youssef, d'abord à Genève, puis à Tunis, pour le convaincre d'épargner au pays les luttes fratricides et les déchirements de la dissidence, dès lors que la victoire politique était enfin acquise. Mais, fort de l'appui du dirigeant égyptien Gamal Abdel Nasser, il a maintenu son option de guerre totale contre la France. Il prônait une résistance armée généralisée, incluant la Tunisie, le Maroc et l'Algérie. Bourguiba entendait, lui, privilégier la voie plus efficace de l'indépendance de la Tunisie, tout en affirmant son alliance avec la résistance algérienne. Le youssefisme n'était pas à proprement parler une opposition politique. C'était une autre vision de la Tunisie, du Maghreb et du monde arabe.

L'une des toutes premières réformes décidées par le gouvernement né de l'indépendance porte sur le Code du statut personnel, c'est-à-dire les droits de la femme. Pourquoi cette réforme a-t-elle été jugée prioritaire ?

Bourguiba est arrivé au pouvoir avec un projet. Il voulait faire de la Tunisie un pays moderne. Et il était convaincu qu'aucune évolution de la société ne serait possible s'il n'était pas mis fin aux archaïsmes qui caractérisaient la condition de la femme. Je me souviens de m'en être étonné, de lui avoir demandé s'il était vraiment, à ce point, prioritaire de nous attaquer à un sujet aussi controversé, alors que nous commencions à peine à prendre les rênes de l'Etat. Il m'a répondu que s'il ne faisait pas, lui, cette réforme, personne d'autre ne la ferait. Et il a ajouté que s'il ne la faisait pas immédiatement, il n'était pas certain de pouvoir la faire plus tard...

Ces réformes ne correspondaient pas à une attente de la population. C'était une modernisation imposée d'en haut...

Je dirais plutôt "initiée" d'en haut. C'était la seule solution si nous voulions moderniser le pays, le sortir du carcan passéiste dans lequel il était enfermé. D'ailleurs, il n'y avait pas que la question du statut de la femme. Bourguiba a réformé aussi l'enseignement, qu'il a généralisé en maintenant, à tous les niveaux, l'arabe et le français. Il a liquidé les habous (biens religieux), milité contre le port du voile, légalisé l'avortement, amorcé la lutte contre les bidonvilles. C'est vrai que la réforme du Code du statut personnel est celle qui a soulevé le plus de résistances. Si elle avait été soumise à référendum, elle n'aurait sans doute pas recueilli la majorité. Nous la devons véritablement au volontarisme et à la clairvoyance de Bourguiba.

Ensuite, la situation se gâte. La mise en place, au nom du socialisme destourien, dans les années 1960, d'un système coopératif suscite beaucoup de mécontentements. En même temps, la réforme du Destour, adoptée en 1964 lors du congrès de Bizerte, instaure une véritable confusion entre l'Etat et le parti.

Vous écrivez que Bourguiba avait "une certaine allergie à la démocratie" et que "son jugement propre était à ses yeux le seul qui devait prévaloir pour le salut de la Tunisie" C'est, peu ou prou, la définition du despotisme éclairé...

Bourguiba n'était certainement pas un despote. C'était un homme autoritaire. Lui-même ne se disait d'ailleurs pas démocrate. Il ne s'estimait pas concerné par la question démocratique, les élections et leurs aléas... Il était intimement convaincu qu'il tenait du peuple tunisien un mandat qui transcendait ces contingences. Sa légitimité était historique. Elle reposait sur un lien singulier qui l'unissait au peuple de Tunisie depuis l'accueil triomphal qu'on lui avait offert lors de son retour au pays, le 1er juin 1955, après son exil en France. Cela dit, il est exact que le congrès de Bizerte, en octobre 1964, a marqué un tournant. Les structures de l'Etat et du parti ont été amalgamées, ce qui a restreint le débat démocratique à l'intérieur du parti et fait le lit de l'autoritarisme. Et Bourguiba s'est ensuite, peu à peu, isolé.

A partir de 1971, et plus encore de 1975, quand Bourguiba devient président à vie, vous êtes plusieurs, au sein du Destour, à critiquer le déficit démocratique, sans pour autant remettre en cause, au moins au début, le principe du parti unique. Cette démarche se traduit en 1977 par la création de deux journaux, Al Ra'y, en langue arabe - qui va donner son nom au courant - et Démocratie, en français. Mais le groupe se scinde assez rapidement. Pour faire entrer le pluralisme dans les faits, une partie de ses membres, autour d'Ahmed Mestiri, optent finalement pour la création d'une nouvelle formation, le Mouvement des démocrates socialistes (MDS). Vous êtes de ceux qui décident de rester dans le giron du Destour. Pourquoi ? Peur de couper le cordon ombilical ?

Je suis, dès ce moment-là, favorable au principe du multipartisme. Mais je connais aussi la réalité de mon pays. Je suis convaincu que, sans l'appui de Bourguiba, la tentative est vouée à l'échec. Je pense qu'il faut d'abord le convaincre.

Croyez-vous que c'est possible ?

Oui, car Bourguiba est un pragmatique qui sait composer avec les forces en présence. Lorsqu'il m'a demandé, après la nomination en 1980 de Mohamed Mzali au poste de Premier ministre, de revenir au gouvernement - où je n'étais plus depuis le début des années 1970 - j'ai d'abord refusé. Il m'a demandé pourquoi. Je lui ai alors expliqué que je ne croyais plus au parti unique. Je voulais rester destourien, contrairement à Mestiri, mais je pensais que d'autres formations que la nôtre devaient pouvoir exister. Et qu'il fallait que cette réforme vînt de lui. Il s'y est engagé et je suis entré au gouvernement. Peu après, au cours d'un congrès du parti, il a officiellement indiqué qu'il ne voyait « pas d'inconvénient » à ce qu'il y ait d'autres forces politiques.

Mais la tentative d'ouverture du régime, que l'on attendait à l'occasion des élections législatives de 1981, échoue lamentablement. On bourre les urnes pour empêcher les partisans de Mestiri d'entrer au Parlement et d'obtenir les 5 % qui permettraient au MDS d'avoir une existence légale. Sans qu'aucun des partisans de la démocratisation du régime ne démissionne...

On n'a pas bourré les urnes. On a décidé, avant même l'ouverture du scrutin, d'ignorer le vote des électeurs et de publier des résultats fabriqués de toutes pièces. Le gouvernement était divisé sur cette question du multipartisme et, malheureusement, nous n'avons pas tous tenu le même discours à Bourguiba. Moi, je n'étais plus en première ligne, car le chef de l'Etat m'avait entre-temps demandé de prendre le poste de ministre des Affaires étrangères, ce qui était aussi une façon de m'éloigner de la politique intérieure. Le ministre de l'Intérieur, Driss Guiga, était, lui, convaincu que Bourguiba, en dépit de ses déclarations devant le congrès du parti, ne voulait pas du multipartisme. J'ignore quelle a été la teneur exacte de ses conversations avec le président, je ne sais pas non plus s'il a reçu de sa part des instructions précises, ou s'il a interprété ses désirs. Il a en tout cas concouru à altérer la portée de ces élections, qui devaient être le moment de vérité du gouvernement Mzali.

Pourtant, personne n'a démissionné, même pas vous, qui aviez quitté avec fracas, en 1972, votre poste d'ambassadeur en France...

Non. Mzali, le chef du gouvernement, informé par Guiga la veille même des élections, a publiquement regretté par la suite de ne pas avoir claqué la porte à l'occasion de cet échec. Nous, les autres ministres de l'ouverture, n'avons appris que plusieurs mois plus tard ce qui s'était réellement passé, même si nous étions conscients que le crédit du gouvernement était atteint. Puis, en décembre 1983, il y eut les « émeutes du pain », une série de manifestations violentes pour protester contre la hausse des prix. Le gouvernement en a été encore plus fragilisé. L'objectif de la démocratisation a alors été mis entre parenthèses.

A ce moment-là déjà, et pendant toutes les années qui suivent, la vie politique tunisienne est envenimée par la question de la succession de Bourguiba. Les luttes d'influence s'exacerbent à partir de 1984, avec l'arrivée au palais de Carthage, auprès d'un Bourguiba vieilli, de sa nièce Saïda Sassi. Vous n'aimez guère ce personnage ... Quelle était sa relation avec Bourguiba ? Pourquoi a-t-elle réussi à acquérir une telle influence ?

Depuis quelques années déjà, Bourguiba était affaibli par l'âge. Il vivait enfermé dans son palais, sans contact avec l'extérieur. Il s'est éloigné aussi de son épouse, Wassila. Peu à peu, il s'est entouré d'une camarilla presque exclusivement composée de Monastiriens, comme lui. Dont sa nièce Saïda Sassi. Elle l'adorait, elle dormait à ses pieds sur la descente de lit, mais elle passait son temps à lui faire croire que les uns ou les autres lui en voulaient, à le monter contre tout le monde. Elle aimait l'argent aussi, alors que lui, toute sa vie, a été totalement désintéressé. C'était une intrigante. Son influence a été catastrophique.

Les autres femmes qui ont compté pour Bourguiba furent sa première épouse, Mathilde, et sa seconde, Wassila. Qui étaient-elles ? Wassila a-t-elle réellement, comme on l'a souvent dit, joué un rôle politique ?

La première femme qui a compté pour Bourguiba, c'est sa mère. C'est à travers elle qu'il a pris conscience de la condition féminine et de la nécessité de la réformer. Sa première épouse, Mathilde, une Française, était une femme de vertu et d'une grande droiture. Elle l'a aidé lorsqu'il était étudiant et l'a soutenu quand il menait la lutte politique et quand il était en prison. Wassila, enfin, a été le grand amour de Bourguiba. Elle était mariée lorsqu'il l'a rencontrée. Après l'indépendance, ils ont divorcé l'un et l'autre pour pouvoir s'unir.

C'était une femme très politique ?

Elle était politique jusqu'au bout des ongles. Elle écoutait tout, se tenait informée de tout. Elle a souvent eu un rôle modérateur, empêchant son mari de se laisser emporter par ses foucades. Cela, c'était positif. Mais elle voulait se mêler de tout, rencontrer les chefs d'Etat étrangers... Elle et lui se sont souvent affrontés.

En novembre 1987, Zine el-Abidine ben Ali, alors Premier ministre, destitue Bourguiba, déclaré inapte à gouverner par le corps médical. Comment réagissez-vous ?

Avec soulagement. Bourguiba était réellement inapte à gouverner. Il n'était déjà plus là. La Constitution tunisienne prévoit qu'en cas de vacance du pouvoir c'est au Premier ministre d'assurer les fonctions de chef de l'Etat. Cette disposition avait été voulue par Bourguiba, qui avait fait modifier la Constitution, quelques années auparavant, parce qu'il souhaitait pouvoir choisir son dauphin. Franchement, la transition s'est passée aussi bien que possible.

Plus de vingt ans se sont écoulés. Comment expliquez-vous le large intérêt suscité par votre livre en Tunisie ?

Les Tunisiens qui ont connu la période Bourguiba veulent mieux comprendre certains épisodes marquants; ils cherchent aussi sans doute à saisir la cohérence politique et philosophique de ce long règne, peut-être à revivre les émotions de la résistance, la fierté de la victoire et des années glorieuses. Ceux qui sont trop jeunes pour l'avoir connue réalisent qu'un voile a été jeté sur cette page de notre histoire, voile qu'ils veulent lever, ne serait-ce que pour comprendre les rêves de leurs aînés. Ce livre, je l'ai surtout écrit en pensant à eux, à ces jeunes qui ignorent tout des luttes et des sacrifices qui ont fait la Tunisie d'aujourd'hui. Ils lui ont réservé un accueil qui me touche profondément. Je crois que le bon grain a levé.

Vous émettez le voeu que la statue équestre de Bourguiba, transférée en 1988 dans la petite ville côtière de La Goulette, reprenne un jour sa place à Tunis, sur l'avenue qui porte son nom. Est-ce trop tôt, selon vous ?

La statue équestre de Bourguiba retrouvera, tôt ou tard, sa place sur l'avenue principale de notre capitale. C'est son destin.

(1) Habib Bourguiba. Le Bon Grain et l'Ivraie. Sud Editions, Tunis, avril 2009, 525 p.


Les années Bourguiba

Août 1903 Naissance de Habib Bourguiba à Monastir.

Mars 1934 Naissance, au congrès de Ksar-Hellal, du Néo-Destour.

Juillet 1954 Pierre Mendès France proclame l'autonomie interne de la Tunisie.

Juin 1955 Retour triomphal de Bourguiba à Tunis.

Mars 1956 Proclamation de l'indépendance de la Tunisie.

Avril 1956 Habib Bourguiba est Premier ministre.

Août 1956 Promulgation du Code du statut personnel.

Juillet 1957 Proclamation de la République. Bourguiba devient président par intérim.

Novembre 1959 Bourguiba est élu président de la République.

Septembre 1969 Ahmed ben Salah est privé de toutes ses responsabilités ministérielles.

Mars 1975 Bourguiba devient président à vie.

Avril 1980 Mohamed Mzali devient Premier ministre.

Juillet 1986 Limogeage de Mohamed Mzali.

Août 1986 Prononciation du divorce entre Bourguiba et Wassila ben Ammar.

Novembre 1987 Destitution de Bourguiba, "inapte à exercer les fonctions inhérentes à sa charge".

Avril 2000 Décès de Bourguiba à Monastir.


Historiquement, le Destour est le premier parti tunisien. Il a été fondé en 1920 par des notables tunisiens opposés à la tutelle de la France sur leur pays. En 1934, une scission à l'intérieur du parti débouche sur la création du Néo-Destour par une équipe de jeunes intellectuels conduits par Habib Bourguiba. La formation change de nom en 1964. Elle devient alors le Parti socialiste destourien (PSD). En 1988, le nouveau chef de l'Etat, Zine el Abidine ben Ali, en fait le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), encore aujourd'hui le parti dominant malgré un multipartisme théorique.

samedi 26 février 2011

Le cancre qui nous gouverne ... !!!


Tout s'explique... !!!


LETTRE DE TROIS PROFESSEURS DE VONNAS (AIN) :
Le surdoué qui nous gouverne, Sarkozy, un sous-doué à l'Elysée

Mais pourquoi tant de haine envers le corps enseignant en général et les chercheurs en particulier ?
Tout simplement parce que Notre Majesté souffre du complexe du cancre parvenu ! Président médiocre, il fut par le passé élève médiocre, bachelier médiocre et étudiant médiocre. Mais aucune trace de cette médiocrité dans son curriculum vitae.

Et pour cause, il l'a customisé, l'animal ! Officiellement Notre Souverain Eclairé serait titulaire d'une maîtrise de droit privé, d'un certificat d'aptitude à la profession d'avocat,d'un DEA de sciences politiques obtenu avec mention et aurait fait des études à l’Institut d'Etudes politiques de Paris. Waouh ! Mais alors pourquoi est-il aussi nul ?
Tout simplement parce que la plupart de ces titres universitaires sont faux. Une enquête menée par Alain Garrigou, professeur de sciences politiques à Nanterre le prouve. http://www. fondation-copernic. org/spip. php? article219 En parcourant l'annuaire des anciens élèves de Sciences Po, il a pu constater que "Sarkozy de Nagy Bosca" n'y figure pas, ce qui signifie qu'il n'a pas mené ses études à leur terme et ne peut donc se parer du titre d'ancien élève réservé aux seuls diplômés. Et son DEA ? Pourquoi n'en trouve-t-on aucune trace dans les archives de Paris X Nanterre ? Tout simplement parce que si le candidat Sarkozy apparaît bien dans le procès verbal de la première session, il est ajourné pour ne pas s'être présenté à l’épreuve écrite terminale et n'avoir pas rendu son mémoire. Et son certificat d'aptitude à la profession d'avocat ? Obtenu sur le fil avec la note médiocre de 20/40 (7/20 à la première épreuve et 13/20 à la seconde). Mais rappelons aussi, pour compléter le tableau, les notes obtenues au bac par le candidat 18917 en 1973 (Jury 80, lycée Molière) : 7/20 à l'épreuve écrite de français et 12 à l'oral (voilà pourquoi il s'exprime toujours dans un idiome approximatif), 9/20 en philo, 8/20 en maths (il a néanmoins su s'augmenter de 200 % ! ), 10/20 en anglais "magnifical" s'exclama-t-il un jour en présence de la reine d'Angleterre) et 11/20 en économie (on n'est pas sorti de la crise ! ). Avec 142 points sur 300, le médiocre petit candidat fut recalé et fut obligé de se présenter au repêchage. Ne nous étonnons donc plus des propos méprisants qui sortent donc de la bouche de ce vilain petit personnage médiocre et rancunier qui a tant souffert de ne jamais avoir été reconnu, à sa juste valeur par ses professeurs.

Publié par DES PROFESSEURS DU COLLÈGE DE VONNAS (AIN).
A vous de transmettre avant que ça ferme ! ! !

Pourquoi la Syrie n'a-t-elle pas (encore ... ) bougé ?

Une analyse extrêmement pertinente (me semble-t-il mais j'attends confirmation ;o)) de la situation syrienne parue ici ...

[TRIBUNE] Pourquoi la Syrie n'a-t-elle pas (encore...) bougé ?

Ignace Leverrier, ancien diplomate, chercheur arabisant, s'interroge sur l'état du pays.


Comme leurs amis syriens, ceux qui connaissent la Syrie pour y avoir vécu restent atterrés par les explications fournies par certains universitaires et hommes politiques français à la nouvelle démonstration de "l'exception syrienne". Selon eux, Tunisiens, Egyptiens et Libyens... avaient toutes les raisons du monde de se rebeller contre leurs dirigeants, autoritaires et corrompus. En revanche, en Syrie, la population ne bouge pas car, si des reproches peuvent être formulés à la gouvernance de Bachar Al Assad, les Syriens adhèrent à sa politique nationaliste de "résistance et obstruction" aux projets impérialistes.

Il est exact que les Syriens et leur président s'accordent sur ces thèmes. Mais ils sont loin d'y mettre le même contenu. La défense de la Syrie et l'unité de la nation arabe sont pour les premiers des objectifs. Ils ne sont chez Bachar Al Assad qu'une posture. Certains disent une imposture. Ce qui lui importe, en effet, avant la stabilité et le développement de son pays et à plus forte raison de la nation arabe, c'est son maintien au pouvoir et, en temps voulu, la transmission de sa fonction à son fils Hafez, lequel la léguera à son tour à son fils Bachar, et ainsi de suite... "La résistance et l'obstruction" ne sont que l'un des moyens de la perpétuation de son autorité.

Les Syriens ne sont pas dupes des discours de leur président. Ils constatent que "la résistance et l'obstruction" de Bachar Al Assad

ne le conduisent pas plus aujourd'hui que son père hier à s'exposer directement aux représailles de ses voisins israéliens. Depuis l'accord de désengagement sur le Golan de 1974 et la révolte de la société syrienne contre ses dirigeants, au début des années 1980, il est évident, pour qui veut bien regarder la réalité en face, que le premier danger pour le régime syrien ne provient plus de l'extérieur mais de l'intérieur. Il ne s'agit plus d'Israël, mais de la population syrienne.

Faut-il rappeler à ceux qui considèrent que Bachar Al Assad et sa population sont sur la même longueur d'onde parce qu'ils chantent la même chanson, que les Syriens n'ont pas de liberté de parole ? Faut-il leur rappeler que les Syriens qui veulent apporter leur contribution à la "résistance" en prenant une initiative quelconque sur le Golan, sont arrêtés, torturés et sévèrement condamnés par la justice militaire syrienne ? Faut-il leur rappeler qu'en dépit de ses menaces de réagir "en temps opportun et par les moyens appropriés" aux multiples provocations, agressions et attentats attribués aux Israéliens en Syrie, le "résistant" Bachar Al Assad a fait preuve, depuis son arrivée au pouvoir en juin 2000, d'une retenue qui frise à la paralysie et traduit l'impuissance ?

Il est exact aussi que, quand ils se tournent vers la plupart des autres pays arabes, les Syriens se félicitent d'avoir pour président et pour première dame le couple constitué par Bachar Al Assad et Asma Al Akhras. Ils sont jeunes et élégants. Ils passent pour modernes parce qu'ils ont fait des études supérieures, vécu à l'étranger, parlent des langues et utilisent Internet. Ils ne manquent ni d'habileté ni de séduction dans le maniement du discours. Il est exact encore que les Syriens sont heureux d'avoir vu leur pays échapper, au cours de la décennie écoulée, aux troubles de l'Irak et à l'instabilité du Liban. Mais ceux qui imaginent qu'entre le président et le peuple syrien tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes et que la population syrienne est majoritairement unie derrière son nouveau "chef pour l'éternité", prennent des vessies pour des lanternes. La longue série des mesures sécuritaires, sociales et économiques prises en Syrie au cours des dernières semaines, pour garantir et acheter le calme de la population, témoigne d'une défiance certaine.

Depuis l'arrivée de Bachar Al Assad au pouvoir, les conditions économiques et sociales se sont dégradées pour une majorité de Syriens. Certes, le train des réformes économiques a démarré. Mais la locomotive n'a entraîné derrière elle que le wagon de tête, réservé aux hommes d'affaires issus de la bourgeoisie traditionnelle, à la nouvelle bourgeoisie enrichie grâce au secteur public, aux officiers de l'armée et des services de sécurité, et à ceux qui, de tous bords, ont accepté de se mettre à la remorque de la famille présidentielle pour le meilleur et pour le pire. Quant aux autres wagons, ceux des travailleurs, paysans, artisans, petits commerçants, métiers indépendants et fonctionnaires, voire entrepreneurs attachés à leur indépendance et au respect d'une certaine éthique dans les affaires, ils sont restés en gare. Bénéfique pour quelques uns, l'ouverture économique s'est traduite pour la majorité par un chômage accru, une paupérisation généralisée, des déplacements de population, le développement de la criminalité, un désir d'émigration croissant.

Depuis l'arrivée de Bachar Al Assad au pouvoir, la corruption, qui pèse en premier lieu sur la masse de la population, soumise aux extorsions quotidiennes des fonctionnaires et des policiers, a cru de façon exponentielle. Ce qui était un travers de l'administration civile et militaire et du monde des affaires sous Hafez Al Assad est devenu, sous son héritier, un véritable système. Sa structure pyramidale interdit qu'il soit porté remède à ce phénomène sans s'attaquer aux membres de la famille présidentielle qui en sont les organisateurs et les premiers bénéficiaires.

Depuis l'arrivée de Bachar Al Assad au pouvoir, la vie politique n'a connu aucune des ouvertures que la disparition de son père avait fait espérer. Les attentes placées dans le nouveau président n'ont pas tardé à être déçues. Les mains tendues dans sa direction, pour proposer leur concours à la mise en chantier de réformes politiques, économiques et sociales progressives, ont toutes été ignorées. Le "Printemps de Damas" a été interrompu avant d'avoir porté ses fruits. Les "Comités de Relance de la Société Civile" ont été dissous. Les forums de débat citoyen ouvert à la fin de l'an 2000 ont été fermés. Des députés, universitaires, journalistes, syndicalistes, médecins, avocats et hommes d'affaires à l'origine de ces initiatives ont été emprisonnés. Lancée en octobre 2005, une " Déclaration de Damas pour le Changement Démocratique en Syrie" a connu un sort identique.

Depuis l'arrivée de Bachar Al Assad au pouvoir, les Droits de l'Homme n'ont connu en Syrie qu'une amélioration de façade. Moins sauvage que du temps de son père, la torture y reste une pratique ordinaire et les cas de décès en détention ne sont pas rares. Les militants démocrates, les seuls dont les Etats occidentaux se préoccupent, sont traités avec une certaine retenue. Mais les "islamistes" , jihadistes ou salafistes, tous assimilés à des terroristes, subissent aujourd'hui, dans l'indifférence générale de ces mêmes Etats, les traitements inhumains et dégradants qui étaient jadis l'apanage des Frères Musulmans. Les Kurdes, surtout lorsqu'ils sont convaincus de sympathie avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) d'Abdallah Ocalan, sont victimes des mêmes agissements. Les uns et les autres continuent d'être arrêtés hors de tout cadre juridique, par des services de renseignements qui estiment n'avoir besoin de l'ordre de personne pour intervenir. Au lieu de restreindre ces comportements, Bachar Al Assad les a encouragés en promulguant, le 30 septembre 2008, un décret législatif qui assure l'immunité devant la justice à un nombre accru d'agents de ces mêmes services, qui auraient, sous la torture, provoqué la mort de leurs victimes.

Depuis l'arrivée de Bachar Al Assad au pouvoir, les humiliations imposées à la population par le régime baathiste n'ont pas diminué. Pour le jeune chef de l'Etat, comme pour son père, les Syriens ne sont pas des citoyens mais de simples sujets. Ils ne sont pas invités à donner leur avis sur les évolutions décidées en haut lieu, mais à les mettre en œuvre sans les commenter. Ils sont soumis à l'aval des antennes locales des services de sécurité pour mille et un détails sans importance de leur vie quotidienne. Ils ne sont pas considérés assez mûrs pour avoir accès à l'ensemble des médias en provenance de l'étranger. Leurs communications téléphoniques continuent d'être surveillées. Eternels mineurs, ils ne sont pas autorisés à utiliser Internet à leur convenance. Des centaines de sites sont prohibés en Syrie. La dernière humiliation en date remonte à moins d'un mois. Répondant, le 31 janvier, aux questions du "Wall Street Journal ", Bachar Al Assad a affirmé qu'il voulait réformer, mais que "sa population n'était pas mûre pour la démocratie " ! Ce mépris a fait bondir de nombreux Syriens qui se sont demandés comment un jeune homme imposé à la tête de l'Etat au terme d'une procédure sans aucun rapport avec la démocratie pouvait se permettre de porter un tel jugement. La démocratie existait en Syrie bien avant que Bachar ait été conçu. Si elle avait été mise à mal, la responsabilité première en incombait à la confiscation du pouvoir par le Parti Baath, à la direction duquel lui-même avait été propulsé d'un seul coup, en juin 2000, sans jamais avoir été baathiste et sans jamais avoir assumé la moindre responsabilité au sein de ce parti.

Pour ceux qui préfèrent voir dans le régime de Bachar Al Assad un régime laïc, protecteur des minorités confessionnelles et allié de l'occident dans la lutte contre le " terrorisme islamique", quelques rappels s'imposent :

== Le régime syrien n'est laïc que pour autant que la laïcité sert ses intérêts ==. Lorsque ceux-ci lui dictent de pactiser avec des "islamistes", pour contrecarrer les projets des Américains dans la région, entretenir l'instabilité au Liban ou démontrer à l'Occident que la Syrie est, elle aussi, la cible du terrorisme, il n'hésite jamais à le faire. Quitte à se retourner ensuite contre ses alliés de circonstance, condamnant à de lourdes peines les jeunes Syriens engagés pour aller se battre en Irak, ou livrant aux services de renseignements occidentaux les jeunes islamistes recrutés chez eux et formés en Syrie pour se battre contre les envahisseurs américains.

== Comme "la résistance et l'obstruction", la laïcité est pour le régime syrien un moyen et non un objectif ou une finalité ==. C'est un argument de vente utilisé par Bachar Al Assad pour tenter de se faire coopter par les Etats occidentaux, qui, faute de démocratie, seraient prêts à se satisfaire de ce succédané. Ce commerce ne supportant pas de concurrence, Bachar Al Assad a toujours refusé d'autoriser la création d'organisations de la société civile affichant pour ambition, elles aussi, de "défendre et promouvoir la laïcité en Syrie" .

== Bachar Al Assad souligne volontiers auprès de ses visiteurs la situation privilégiée dont jouissent en Syrie les chrétiens et les autres minorités confessionnelles ==. Lui seul garantirait la coexistence pacifique et le dialogue entre les sunnites, majoritaires dans son pays, et les autres religions. Mais ni les chrétiens, ni les druzes, ni les ismaéliens ne se font d'illusion. Réduits à la portion congrue dans la répartition des postes de décision à la tête du régime, très largement monopolisés par des sunnites ayant fait allégeance, pour le "pouvoir apparent", et par des alaouites appartenant au clan présidentiel, pour le "pouvoir réel ", ils savent depuis longtemps que ce n'est pas pour les protéger, mais pour se protéger, que Bachar Al Assad s'efforce de les regrouper autour de lui.l

Pourquoi, dans ces conditions, les Syriens n'ont-ils pas (encore) bougé ?

== D'abord parce qu'ils ont peur==. Comment pourraient-ils oublier la barbarie manifestée de sang froid par le régime lors de la répression du soulèvement du début des années 1980 ? Ses victimes se comptent par dizaines de milliers, auxquels s'ajoutent quelque 17 000 à 18 000 hommes et jeunes gens, enlevés chez eux par les moukhabarat, dont les familles demeurent jusqu'à aujourd'hui sans nouvelle. Depuis ces événements, des centaines de milliers de Syriens réfugiés à l'étranger n'ont pas été autorisés à rentrer dans leur pays, et les appels à une réconciliation nationale se sont heurtés à un silence aussi absolu que méprisant du régime de Hafez, puis de Bachar Al Assad. Plus près de nous, comment les Syriens ne seraient-ils pas inquiets quand, deux ans et demi après la mutinerie de la prison militaire de Sadnaya, réprimée dans le sang au milieu du mois de juillet 2008 alors que Bachar Al Assad était reçu à Paris, aucun bilan de la reprise en main n'a encore été donné et que des centaines de familles continuent d'ignorer tout de ceux dont elles attendent des nouvelles ou la remise en liberté ?

== Il n'existe pas en Syrie de force politique ou syndicale susceptible de lancer et encadrer un mouvement de revendication ==. Les quelques partis politiques nationalistes de gauche tolérés se sont discrédités en acceptant de se placer sous la coupe du Parti Baath, au sein d'un Front National Progressiste sensé démontrer que le système était pluraliste, à défaut d'être démocratique. Depuis 1980, les syndicats et unions professionnelles ont été satellisés par le Parti Baath. Ils ne disposent d'aucune marge d'autonomie. Personne ne compte sur eux pour organiser une protestation contre la politique du régime, dont ils sont eux-mêmes en partie victimes. La situation des partis d'opposition est plus déplorable encore. Leurs membres ont été pourchassés, emprisonnés, torturés, souvent liquidés en prison. Tout est fait par le régime pour empêcher ces partis de renaître de leurs cendres et, surtout, de recruter dans la jeune génération. Dernière initiative en date, la "Déclaration de Damas", une plate-forme destinée à rassembler les partisans d'une "réforme progressive pacifique" au-delà des courants idéologiques, a à son tour été décimée par l'arrestation d'une douzaine de ses responsables. Menacés, parfois physiquement, les autres sont rentrés dans l'ombre ou ont renoncé à tout engagement politique.

== L'immobilisme de la Syrie s'explique aussi par la division de sa population en une multitude de communautés ethniques et confessionnelles ==. Leur entente et leur compréhension mutuelle ne sont que de façade. En réalité, les chrétiens ont peur des sunnites. Les sunnites détestent les alaouites. Les alaouites se méfient des sunnites et méprisent les druzes et les ismaéliens... Au niveau ethnique, la situation est identique. Les arabes suspectent tous les kurdes d'être animés d'intentions séparatistes. Les kurdes considèrent que les arabes, par sentiment nationaliste, ne se rangeront jamais à leur côté. Tout le monde s'observe donc, et personne n'est disposé à s'exposer le premier en se portant en tête d'un mouvement quelconque qui permettrait aux autres de tirer les marrons du feu.

== Réservant les visas aux journalistes « amis », la Syrie reste un trou noir de notre information ==. Le pouvoir syrien, qui n'aime rien tant que la pénombre propice aux manœuvres, s'en porte fort bien. Mais les Syriens, qui ne comptent que sur eux-mêmes pour faire bouger les choses, craignent dans ces conditions d'être victimes, comme en Libye, d'une répression "à guichets fermés ». Ils se souviennent que les occidentaux s'étaient faits étonnement discrets, en 1982, lorsqu'ils avaient été convaincus par Hafez Al Assad que toutes les victimes de la répression de Hama, même les enfants en couche, étaient "des Frères Musulmans ". Ils redoutent que, se laissant une nouvelle fois abuser par Bachar Al Assad, pour qui tout contestataire est un ennemi et tout ennemi un Frère Musulman, les occidentaux fassent preuve de la même connivence avec un régime qu'ils s'accordent à considérer à la fois dangereux... et utile, puisque, comme le reconnaissent les Israéliens, il garantit à l'Etat hébreu, depuis plus de 35 ans, sa frontière arabe la plus sûre.

Les Syriens n'étant pas en mesure de se mobiliser, et le président Bachar Al Assad n'ayant pas l'intention de mettre en œuvre des réformes politiques que son entourage et les profiteurs du statu quo se refusent eux aussi à envisager, comment la situation pourrait-elle évoluer ?

Un fait divers à Damas, le 17 février, pourrait le préfigurer. Suite au passage à tabac, par des agents de la circulation, d'un jeune homme tenant boutique dans la vieille ville, plusieurs centaines de commerçants sont intervenus pour prendre à partie les policiers qu'ils ont mis en fuite. Ils ont alors occupé l'ensemble du quartier, réclamant que les policiers soient traduits en justice et exigeant, au cri de " le peuple syrien ne se laissera pas humilier", la présence du ministre de l'Intérieur.

C'est un événement de ce type, une explosion de colère spontanée provoquée par "l'humiliation de trop", qui pourrait, comme en Tunisie, mettre le feu aux poudres. Compte-tenu de l'ampleur des mécontentements et des désirs de vengeance de la population, et de la terreur de la tête du régime de perdre la vie avec le contrôle de la situation, une explosion sociale a toutes les chances de prendre, en Syrie, une tournure aussi dramatique qu'en Libye.

On aimerait donc pouvoir espérer qu'un échec de la tentative de reprise en main sanglante actuellement menée à Tripoli et Bengazi ouvrira enfin les yeux de Bachar Al Assad et de ses proches, et qu'ils en viendront à considérer que, tout compte fait, mieux vaut amorcer sans tarder une véritable ouverture politique. A terme, elle restreindra leur pouvoir et limitera leur main mise sur les ressources du pays, mais elle préservera au moins partiellement leurs intérêts économiques et elle leur épargnera la honte de la fuite, un passage en jugement et peut-être la vie.

par Ignace Leverrier, ancien diplomate, chercheur arabisant - Nouvelobs.com

samedi 22 janvier 2011

Autonomie des établissements scolaires. Danger !!!

Texte reçu via la liste Educnatenlutte

L’autonomie : une gestion libérale pour une Ecole à deux vitesses


François COCQ est Secrétaire national à l’éducation du Parti de Gauche

Francis DASPE est Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée


A l’image des médecins du Malade imaginaire de Molière préconisant la saignée pour tout remède, les Diafoirus du système éducatif crient dans un réflexe pavlovien « autonomie ! » dès que l’on parle Ecole. L’autonomie de l’université promue par la loi LRU du 10 août 2007 ne représentait que le galop d’essai : ce sont maintenant le primaire et le secondaire qui sont dans la ligne de mire !

Le 12 janvier, Christian Nique, en charge d’une première évaluation de six mois du dispositif CLAIR (collèges et lycées pour l’innovation, l’ambition et la réussite) mis en œuvre dans 105 établissements, s’est ainsi empressé d’annoncer la généralisation de celui-ci à 249 collèges et 1725 écoles pour la prochaine rentrée. Au programme : recrutement des enseignants « sur profil », contrat d’objectif pour l’établissement, pluri-disciplinarité pour les professeurs, mutualisation des enseignants entre le primaire et le privé, latitude laissée dans la DHG (dotation horaire globale) pour aménager le temps scolaire et les enseignements eux-mêmes ! Soyons clairs justement : cette manœuvre ne vise rien moins que lancer à grande échelle l’autonomie des établissements. Avec tout ce qu’elle porte en elle comme atteintes à l’Ecole de la République.

L’autonomie signifie d’abord mise en concurrence des établissements scolaires, en parfaite cohérence avec la suppression de la carte scolaire : la liberté d’inscrire ses enfants dans l’établissement de son choix sera dès lors reconnue aux parents. Perspective totalement illusoire, car la logique de cette disposition aboutira nécessairement à une inversion radicale : ce seront in fine les établissements (une partie de ceux bénéficiant initialement d’avantages comparatifs) qui choisiront leurs élèves, tandis que les autres en seront réduits à accueillir les élèves non désirés ou pour qui il sera trop difficile de s’extraire de leur enracinement territorial ou de leur appartenance sociale. Dans le même temps, force est de constater les avantages toujours plus nombreux concédés à l’enseignement privé (à 95% confessionnel) qui se prépare à s’attaquer avec voracité à ce grand marché des établissements qui lui est offert sur un plateau.

La volonté d’octroyer des pouvoirs accrus aux chefs d’établissements vise quant à elle à les transformer en chefs d’entreprise, notamment en matière de gestion des personnels et du déroulement de leurs carrières. Tout cela au mépris des statuts comme le confirme la récente sortie de Christian Jacob. La possibilité de recruter et de mettre à pied les personnels viendrait couronner le nouvel édifice au nom du tropisme d’une gestion managériale parée de toutes les vertus.

Le renforcement de l’autonomie favorise également l’ingérence des pouvoirs locaux et des intérêts privés (élus, chefs d’entreprise et notables de tous ordres) dans le fonctionnement de l’Ecole. C’est aller à rebours d’une évolution séculaire : l’institution scolaire s’est construite par une mise à distance salutaire de toute forme de pressions d’ordre consumériste et des agissements clientélistes de féodalités locales. Mise à distance qui signifiait la prise en considération prioritaire de l’intérêt général au détriment des revendications particularistes et privées que ces intrusions induisent de fait.

Les incidences dans le domaine pédagogique ne sont pas moindres. Le but recherché est le démantèlement du cadre national qui structure jusqu’à présent notre système éducatif, et ce en dépit des entorses qui lui ont été faites au cours des dernières années : programmes et examens nationaux, modalités de recrutement des enseignants. La réussite à un concours accorde aux professeurs un statut protecteur indispensable à un exercice empreint de sérénité de leurs fonctions. C’est précisément ce statut, qui est la garantie du service public et donc de l’intérêt général, que l’on cherche à rogner méthodiquement par tous les moyens.

Se dessine un nouveau mode de gestion fondé sur la généralisation de la contractualisation, dont dépendrait l’allocation des moyens mis à disposition des établissements. Ces moyens seraient fonction de la réalisation de contrats d’objectifs déterminés de gré à gré avec les autorités hiérarchiques en contrepartie d’une obligation de résultats. Les effets pervers attendus ne sont pas très difficiles à décrypter. Le système favorisera par effet cumulatif les établissements les mieux lotis qui seront en capacité d’atteindre aisément leurs objectifs, offrant par ce biais le cadre idéal à une contractualisation à double vitesse.

Pour y remédier, la tentation sera grande aux établissements en difficulté (ou tout simplement et de manière plus prosaïque à la recherche de financements supplémentaires) de promouvoir une réussite factice au prix d’un abaissement des exigences et des ambitions. Une fois de plus la regrettable confusion entre démocratisation et massification sera opérée, les aspects comptables quantitatifs l’emportant par nécessité sur les préoccupations qualitatives de l’enseignement dispensé.

L’autonomie n’est surtout pas une mesure neutre. Elle n’est pas à confondre avec la liberté pédagogique qui existe déjà et donne bien des possibilités d’action pour qui veut l’utiliser à bon escient. L’autonomie se situe au cœur même de l’idéologie néolibérale. Elle génère de manière quasi mécanique le corollaire du libéralisme : un accroissement significatif des inégalités instaurant une « école à deux vitesses ». Dénonçons le vrai visage de l’autonomie, redoutable miroir aux alouettes à la fois moyen et finalité de l’entreprise de destruction de l’Ecole de la République. Elle n’est pas la solution, mais bien une cause et un symptôme du problème.