Les promesses du candidat Sarkozy, un an après
[03/05/2008 15:12]PARIS (AP) -- Voici l'état de réalisation des principales promesses faites par le candidat Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle:
LES PROMESSES TENUES
- Les régimes spéciaux de retraite ont été réformés, confirmant la promesse de porter la durée de cotisation de 37,5 à 40 ans dès 2012. Elle sera de 41 ans en 2016.
- L'Union européenne, en panne après le «non» français au référendum, a été relancée grâce au «traité simplifié», qui a été ratifié par la France.
- La loi sur le service minimum en cas de grève dans les transports est entrée en vigueur le 1er janvier.
- Nicolas Sarkozy a créé un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale; une nouvelle loi durcissant encore les conditions du regroupement familial a été adoptée.
- Les franchises médicales s'appliquent depuis le 1er janvier 2008 pour 45 millions d'assurés sociaux, qui doivent prendre en charge 50 centimes par boîte de médicaments et par acte paramédical.
- La carte judiciaire a été réformée, permettant de supprimer près de 250 tribunaux.
LES PROMESSES TENUES PARTIELLEMENT
- Le chômage a baissé de 0,8 point en 2007, ce qui est une bonne nouvelle pour le début du quinquennat, au cours duquel Nicolas Sarkozy a promis d'arriver au plein-emploi. Fin 2007, le taux de chômage s'établissait à 7,8% de la population active.
- Nicolas Sarkozy a constitué un gouvernement autour de 15 ministres, dont des ministres d'ouverture, comme il l'avait promis. Mais en comptant les 21 secrétaires d'Etat et le Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté Martin Hirsch, le gouvernement Fillon comprend 37 membres, alors que l'équipe de Dominique de Villepin n'en comptait que 31.
- Le paquet fiscal a quasiment supprimé les droits de succession et porté le bouclier fiscal à 50%. Mais la défiscalisation des heures supplémentaires, appliquée depuis le 1er octobre, est jugée coûteuse et peu efficace. Quant au crédit d'impôt, il ne bénéficie pas comme promis aux personnes ayant acheté leur logement depuis cinq ans, mais seulement à ceux qui ont acheté après le 6 mai, en raison d'une censure du Conseil constitutionnel.
- Le Grenelle de l'environnement a débouché sur des conclusions saluées par les ONG. Mais elles doivent encore être traduites dans la loi, alors que les écologistes dénoncent le projet de loi encadrant les cultures OGM.
- Les peines plancher pour les récidivistes et la remise en cause de l'excuse de minorité dans certains cas pour les mineurs ont été adoptés. En revanche, le placement en rétention de sûreté des criminels restés dangereux à l'issue de leur peine a été déclaré inconstitutionnel pour les condamnations prononcées avant l'adoption de la loi, le 7 février.
- Le revenu de solidarité active (RSA) que Sarkozy avait imaginé créer avant la fin 2008, ne rentrera pas en vigueur avant 2009 et le système de Martin Hirsch, jugé «coûteux», risque d'être revu à la baisse.
- Ce n'est qu'en 2009 que la promesse de ne pas remplacer un poste de fonctionnaire sur deux partant à la retraite sera tenue. Pour 2008, l'objectif retenu a été de un sur trois, soit 22.900 suppressions de postes.
- La loi sur l'autonomie des universités ne prévoit pas de sélection au niveau du master, mesure retirée du texte devant la grogne des organisations étudiantes.
- La suppression de la carte scolaire, qui n'a pas été formalisée, a été largement engagée, le ministre donnant pour instruction de satisfaire à toutes les demandes de dérogation.
- Le plan banlieue qui devait proposer un emploi ou une formation à 250.000 jeunes, a été retardé et son ambition revue à la baisse.
LES PROMESSES NON TENUES
- Les «parachutes dorés» n'ont pas été interdits avant fin 2007 comme promis. Une disposition renforçant leur taxation a par ailleurs été écartée du budget 2008.
- L'idée d'un contrat de travail unique à durée indéterminée a été abandonnée
- Alors que le candidat Sarkozy se disait favorable au retrait des forces françaises d'Afghanistan, le président a décidé de renforcer la présence militaire de la France dans le pays. AP
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Sarkozy, du «bling-bling» à la représidentialisation --par Laurent Pirot--
[03/05/2008 15:12]PARIS (AP) -- Inaugurée avec faste en compagnie de figures du show-biz et des affaires le 6 mai au très chic Fouquet's, la «rupture» sarkoziste en terme d'image a fait long feu, rejetée par les Français. En quelques mois, l'affichage ostentatoire de la vie privée du nouveau président, de son goût pour le luxe et de ses amitiés choisies a fait place à une attitude bien plus classique, davantage empreinte de solennité et de gravité.
Décidé à ne pas changer malgré sa nouvelle fonction, Nicolas Sarkozy déclenche une première polémique dès le lendemain de son élection en passant 48 heures au large de Malte sur un yacht prêté par le riche homme d'affaires Vincent Bolloré. Son entrée à l'Elysée marque ensuite un changement de style complet, en rupture totale avec la discrétion qu'affectaient ses prédécesseurs.
Le nouveau chef de l'Etat prend la pose au milieu de sa famille recomposée, déclare qu'il trouve sa femme Cécilia «très belle», la gratifie parfois d'un baiser en public et se retrouve en couverture des magazines «people». Son langage est relâché, il porte avec décontraction le jean, oublie la cravate le week-end. De temps en temps, il traverse en courant la cour de l'Elysée en short et baskets, un de ses ministres sur ses talons. «C'est un choc culturel pour le personnel de l'Elysée», s'amuse alors le Premier ministre.
Très vite, les larges lunettes de soleil du président et ses montres voyantes deviennent le symbole de l'arrivée en politique d'un nouveau terme: «bling-bling», jusque-là réservé aux rappeurs arborant de grosses chaînes en or et désormais ironiquement appliqué à Nicolas Sarkozy.
Bousculant les habitudes, le président a d'abord récolté quelques moqueries et critiques isolées. «Il nous a fait honte», s'était ainsi insurgé Alain Finkielkraut dès l'escapade maltaise, bien avant que l'opposition n'accuse Nicolas Sarkozy de «porter atteinte à la fonction». Pour Dominique Reynié, professeur en science politique, «Nicolas Sarkozy a tenté une rupture impossible» en tentant de modeler selon son désir une image présidentielle trop rigide, dans laquelle il a fini par devoir se couler. «Ca n'a jamais fonctionné», analyse-t-il. Pire, cette stratégie a privé durablement le président du poids politique qu'aurait dû lui conférer une posture plus distanciée et a «créé un doute presque indélébile» dans l'opinion.
Si la manie de Nicolas Sarkozy de consulter ses SMS en toute occasion, y compris devant le pape, avait surtout fait sourire, plusieurs incident ont en effet marqué durablement les esprits, dont le triplement de la rémunération du président et quelques dérapages verbaux relayés sur Internet. Après s'être énervé contre un pêcheur au Guilvinec, il lance à un visiteur peu aimable du Salon de l'agriculture un «casse-toi alors, pauv' con» à l'écho retentissant.
L'idylle de Nicolas Sarkozy -divorcé en octobre- avec l'ancien mannequin Carla Bruni marque un changement d'époque. La liaison est d'abord bruyamment officialisée lors d'une apparition à Disneyland et Nicolas Sarkozy va jusqu'à mettre en scène l'annonce de son mariage en pleine conférence de presse. Mais si les premières escapades du couple à l'étranger ont affolé les médias, cette surexposition semble déplaire aux Français, plus préoccupés par leur pouvoir d'achat. Alors que sa cote plonge dans les sondages, le président «bling-bling» décide au mois de mars une seconde rupture, celle de la «représidentialisation».
Depuis, Nicolas Sarkozy a multiplié les apparitions sérieuses et solennelles, évoquant la doctrine nucléaire, rendant hommage aux soldats de la Première Guerre mondiale et choisissant la sobriété en toute occasion, comme lors de sa dernière apparition télévisée. Sans parvenir toujours à se contenir tout à fait: à Londres, où le couple présidentiel étrennait sa nouvelle posture fin mars, «Nicolas et Carla» se sont tout de même prêtés à une séance de baisers sur la Tamise, pour la plus grande joie des photographes. AP
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Sarkozy, an I: de la «rupture» au divorce --par Christine Ollivier--
[03/05/2008 15:05]PARIS (AP) -- Triomphalement élu le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy aura connu sept mois d'état de grâce où il a fait feu de tout bois, entre réformes tous azimuts et style «bling bling». Mais le retour aux réalités début 2008 est brutal: l'économie plonge, et la popularité du chef de l'Etat avec, l'obligeant à s'initier à l'autocritique.
Symbole de cette nouvelle humilité, Nicolas Sarkozy confessait le 24 avril dernier avoir commis des «erreurs». Le ton était loin de celui du vainqueur du second tour de la présidentielle -avec 53,06% des voix face à Ségolène Royal- qui prêchait la «rupture» et le volontarisme pour aller «chercher (ce) point de croissance» qui manque à la France.
Sa force, c'est alors son activisme: il ouvre tous les dossiers, et réforme à tour de bras (paquet fiscal, service minimum, universités, peines planchers, immigration, Grenelle de l'environnement). Chaque jour compte son lot d'annonces et il brouille les lignes politiques avec «l'ouverture», déstabilisant l'opposition.
A l'étranger, Nicolas Sarkozy ramène les infirmières bulgares emprisonnées en Libye, avec l'aide inattendue de son épouse Cécilia. Il débloque aussi le débat sur les institutions européennes avec un accord des 27 sur un «traité simplifié».
Alors que les relations se réchauffent avec les Etats-Unis et Israël, il ne manque plus guère à son tableau de chasse que la libération d'Ingrid Betancourt, détenue par les FARC en Colombie, dont il obtient des preuves de vie le 30 novembre.
Il affronte à l'automne son baptême du feu social avec le mouvement contre la réforme des régimes spéciaux de retraite. Après neuf jours de paralysie des transports publics, les grévistes cèdent. La réforme passe.
Nicolas Sarkozy est alors un «hyperprésident». Son Premier ministre François Fillon peine à exister.
Une seule difficulté se profile, mais elle est de taille: la question du pouvoir d'achat. Après avoir porté le candidat UMP au pouvoir au nom du «travailler plus pour gagner plus», les Français n'en voient pas la concrétisation dans leur portefeuille. Au contraire: le prix du carburant et le panier de la ménagère flambent. La défiscalisation des heures supplémentaires, entrée en vigueur le 1er octobre, est critiquée pour sa complexité.
Les Français s'agacent aussi de voir Nicolas Sarkozy augmenter son salaire de président de 140%, poser avec lunettes de soleil et montres de prix, partir en vacance dans l'avion de l'homme d'affaires Vincent Bolloré et étaler une vie privée mouvementée.
Après avoir divorcé de Cécilia le 18 octobre, il est en effet photographié aux côtés de l'ex-mannequin Carla Bruni, avec laquelle il passera des vacances de fin d'année très médiatiques en Egypte et Jordanie. Il l'épousera le 2 février, mais en catimini.
Car entre-temps, la sanction est tombée. Nicolas Sarkozy s'effondre dans les sondages en quelques semaines début 2008. Le désamour est tel que désormais, c'est François Fillon qui fait de l'ombre au chef de l'Etat, suscitant des tensions entre les deux hommes.
Pour Nicolas Sarkozy, c'est le début d'une longue série noire.
Le 23 janvier, il apporte son soutien au rapport de Jacques Attali sur la croissance: tollé dans les professions visées, à commencer par les taxis. Furieux de ne pas avoir été consultés, les élus UMP craignent les retombées électorales.
Le 13 février, le président propose de confier aux élèves de CM2 la mémoire d'un des 11.000 enfants français victimes de la Shoah: nouvelle polémique. «On ne peut pas infliger cela à des petits de dix ans!», lâche Simone Veil.
Et quand il inaugure le salon de l'agriculture, les Français ne retiennent que son altercation avec un visiteur agressif, auquel il lance un peu présidentiel «casse-toi alors, pauvre con».
L'annonce de la fin du financement de l'Etat pour la carte famille nombreuse de la SNCF provoque une nouvelle levée de boucliers. Nicolas Sarkozy recule.
Mais c'est sur le front économique que les nouvelles sont les plus inquiétantes. Montée de l'euro et du prix du pétrole, inflation, crise du marché immobilier américain: le «choc de croissance» espéré n'est plus d'actualité. Plus que jamais, selon l'expression de François Fillon, les «caisses sont vides». L'Etat doit se serrer la ceinture pour espérer tenir ses engagements européens. L'opposition accuse le gouvernement de préparer un plan de rigueur.
Lors des municipales des 9 et 16 mars, le divorce se confirme: c'est une vague rose. Nicolas Sarkozy fait le dos rond: il procède à un léger remaniement de son gouvernement et de son équipe à l'Elysée, refuse de changer de cap, mais tente d'adopter un style différent, plus modeste. Reste à savoir s'il parviendra à reconquérir des Français qui, pour les deux-tiers d'entre eux selon les sondages, sont déçus.
Les chantiers des prochaines semaines s'annoncent en tout cas minés: mise en oeuvre du Grenelle de l'environnement, allongement de la durée de cotisation sur les retraites, réforme des hôpitaux ou des armées. En attendant le retour de la croissance, en 2009 peut-être. AP
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