samedi 22 janvier 2011

Autonomie des établissements scolaires. Danger !!!

Texte reçu via la liste Educnatenlutte

L’autonomie : une gestion libérale pour une Ecole à deux vitesses


François COCQ est Secrétaire national à l’éducation du Parti de Gauche

Francis DASPE est Secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée


A l’image des médecins du Malade imaginaire de Molière préconisant la saignée pour tout remède, les Diafoirus du système éducatif crient dans un réflexe pavlovien « autonomie ! » dès que l’on parle Ecole. L’autonomie de l’université promue par la loi LRU du 10 août 2007 ne représentait que le galop d’essai : ce sont maintenant le primaire et le secondaire qui sont dans la ligne de mire !

Le 12 janvier, Christian Nique, en charge d’une première évaluation de six mois du dispositif CLAIR (collèges et lycées pour l’innovation, l’ambition et la réussite) mis en œuvre dans 105 établissements, s’est ainsi empressé d’annoncer la généralisation de celui-ci à 249 collèges et 1725 écoles pour la prochaine rentrée. Au programme : recrutement des enseignants « sur profil », contrat d’objectif pour l’établissement, pluri-disciplinarité pour les professeurs, mutualisation des enseignants entre le primaire et le privé, latitude laissée dans la DHG (dotation horaire globale) pour aménager le temps scolaire et les enseignements eux-mêmes ! Soyons clairs justement : cette manœuvre ne vise rien moins que lancer à grande échelle l’autonomie des établissements. Avec tout ce qu’elle porte en elle comme atteintes à l’Ecole de la République.

L’autonomie signifie d’abord mise en concurrence des établissements scolaires, en parfaite cohérence avec la suppression de la carte scolaire : la liberté d’inscrire ses enfants dans l’établissement de son choix sera dès lors reconnue aux parents. Perspective totalement illusoire, car la logique de cette disposition aboutira nécessairement à une inversion radicale : ce seront in fine les établissements (une partie de ceux bénéficiant initialement d’avantages comparatifs) qui choisiront leurs élèves, tandis que les autres en seront réduits à accueillir les élèves non désirés ou pour qui il sera trop difficile de s’extraire de leur enracinement territorial ou de leur appartenance sociale. Dans le même temps, force est de constater les avantages toujours plus nombreux concédés à l’enseignement privé (à 95% confessionnel) qui se prépare à s’attaquer avec voracité à ce grand marché des établissements qui lui est offert sur un plateau.

La volonté d’octroyer des pouvoirs accrus aux chefs d’établissements vise quant à elle à les transformer en chefs d’entreprise, notamment en matière de gestion des personnels et du déroulement de leurs carrières. Tout cela au mépris des statuts comme le confirme la récente sortie de Christian Jacob. La possibilité de recruter et de mettre à pied les personnels viendrait couronner le nouvel édifice au nom du tropisme d’une gestion managériale parée de toutes les vertus.

Le renforcement de l’autonomie favorise également l’ingérence des pouvoirs locaux et des intérêts privés (élus, chefs d’entreprise et notables de tous ordres) dans le fonctionnement de l’Ecole. C’est aller à rebours d’une évolution séculaire : l’institution scolaire s’est construite par une mise à distance salutaire de toute forme de pressions d’ordre consumériste et des agissements clientélistes de féodalités locales. Mise à distance qui signifiait la prise en considération prioritaire de l’intérêt général au détriment des revendications particularistes et privées que ces intrusions induisent de fait.

Les incidences dans le domaine pédagogique ne sont pas moindres. Le but recherché est le démantèlement du cadre national qui structure jusqu’à présent notre système éducatif, et ce en dépit des entorses qui lui ont été faites au cours des dernières années : programmes et examens nationaux, modalités de recrutement des enseignants. La réussite à un concours accorde aux professeurs un statut protecteur indispensable à un exercice empreint de sérénité de leurs fonctions. C’est précisément ce statut, qui est la garantie du service public et donc de l’intérêt général, que l’on cherche à rogner méthodiquement par tous les moyens.

Se dessine un nouveau mode de gestion fondé sur la généralisation de la contractualisation, dont dépendrait l’allocation des moyens mis à disposition des établissements. Ces moyens seraient fonction de la réalisation de contrats d’objectifs déterminés de gré à gré avec les autorités hiérarchiques en contrepartie d’une obligation de résultats. Les effets pervers attendus ne sont pas très difficiles à décrypter. Le système favorisera par effet cumulatif les établissements les mieux lotis qui seront en capacité d’atteindre aisément leurs objectifs, offrant par ce biais le cadre idéal à une contractualisation à double vitesse.

Pour y remédier, la tentation sera grande aux établissements en difficulté (ou tout simplement et de manière plus prosaïque à la recherche de financements supplémentaires) de promouvoir une réussite factice au prix d’un abaissement des exigences et des ambitions. Une fois de plus la regrettable confusion entre démocratisation et massification sera opérée, les aspects comptables quantitatifs l’emportant par nécessité sur les préoccupations qualitatives de l’enseignement dispensé.

L’autonomie n’est surtout pas une mesure neutre. Elle n’est pas à confondre avec la liberté pédagogique qui existe déjà et donne bien des possibilités d’action pour qui veut l’utiliser à bon escient. L’autonomie se situe au cœur même de l’idéologie néolibérale. Elle génère de manière quasi mécanique le corollaire du libéralisme : un accroissement significatif des inégalités instaurant une « école à deux vitesses ». Dénonçons le vrai visage de l’autonomie, redoutable miroir aux alouettes à la fois moyen et finalité de l’entreprise de destruction de l’Ecole de la République. Elle n’est pas la solution, mais bien une cause et un symptôme du problème.

jeudi 20 janvier 2011

Quand l'orientation des élèves quitte le domaine public ...

Ce premier petit message a été envoyé à mes collègues de lycée à l'issue d'une demi-journée pédagogique dans l'établissement sur le thème de la réforme du lycée. Cette demi-journée, offerte par le recteur pour permettre d'observer la mise en place de cette réforme, nous a surtout permis de prendre conscience de l'impossibilité technique de mettre en place le tutorat tel qu'imaginé par je ne sais quel haut fonctionnaire déconnecté des réalités et de l'augmentation de la charge de travail que l'on cherche à nous imposer, en particulier pour les collègues PP (professeurs principaux) à qui l'on demande dorénavant d'assurer le travail d'orientation à la place de nos collègues conseillers d'orientation psychologue.

De retour à la maison, je file chercher ma petite Liounia à son cours de judo et tombe, à l'entrée de la salle de sport, nez à nez avec une affiche de Vivacio qui m'a fait monter la moutarde au nez ...

Voici donc, ce que je leur ai écrit hier :

"Pour continuer la discussion de ce matin sur le rôle qu'on veut nous faire tenir dans l'orientation et voir l'état des lieux, allez faire un tour sur le site des Co-psys en lutte

http://www.vivacio.fr/site/

La logique est simple : AGCS ;o((

Il s'agit de faire de la place pour Vivacio et consorts ... Bizness is bizness (désolé pour les collègues d'anglais ;o))"


Et aujourd'hui, j'ai dû réitérer :


"Bon je sais, encore ...

Moi, je ne fais pas de politique ... ou pas trop ... mais là, ça tombait trop à pique pour que je ne vous en fasse pas part ...

Dans le collège où j'enseigne aussi, on vient de recevoir ce message:

"visite du CIO, classe de 3ème
RAPPEL: Cette visite prévue le 11 janvier avait été reportée au 25 janvier

8h30 (sur place) à 10h 3A avec Mme -------
3D à préciser
13h30 à 15h 3B avec Mr -----
15h (sur place) à 16h30 3C avec Mme ----

la classe sera divisée en deux
1ère partie: réaliser une fiche métier
2ème partie: présentation du diapo post 3ème

nota: cette visite pourra servir de support à l'évaluation d'items de la compétence 6"


Donc voilà, on y est, c'est fini, on ne rencontre plus le Copsy en troisième, on "visite le CIO" !!!

C'est trop fort, vraiment trop fort ...


Nota : et le mieux, c'est que ça va permettre de valider des compétences ;o))


vendredi 7 janvier 2011

DT-Ulysse ou comment concevoir le logiciel le moins pratique pour économiser encore ?

Au départ, cet article n'était qu'un commentaire de cet article, mais comme un commentaire est limité à 4096 caractères ...

Donc pour fixer un peu les choses, cette application en ligne est censée simplifier nos remboursements de frais de déplacements, à nous autres, TZR (titulaire en zone de remplacement), CoPsy (conseillers d'éducation psychologues) et autres migrants de l'Education Nationale ... et je vous assure que son utilisation est tellement abracadabrante que je ne serais pas étonné d'apprendre qu'elle ait déjà permis d'économiser sur le budget de l'état un nombre conséquent de petites sommes que leurs récipiendaires auront préféré abandonner plutôt que d'avoir à trouver leur chemin dans ce labyrinthe ...

Voici donc ce commentaire :

Bonsoir,
je ne fais pas partie du club des Personnels de Direction mais de celui des enseignants TZR qui ont aussi à subir ce logiciel au fonctionnement archaïque, à l'ergonomie préhistorique et aux côtés pratiques quasi inexistants ...

J'ai la chance de n'avoir pas eu à l'utiliser l'an dernier et ne l'ai donc découvert qu'à la rentrée.
Et quelle désagréable découverte ...

Il m'aura déjà fallu deux bonnes semaines pour y accéder, ayant eu le tord de suivre le lien fourni dans le message reçu un jour de ulysse@etaponline.fr m'indiquant qu'un ordre de mission avait été validé.
Intrigué car n'ayant fait aucune démarches à ce jour, j'ai tenté d'en savoir plus en suivant le lien susnommé mais n'ai reçu en retour qu'un message d'Erreur 404 ...
Un premier courriel au service gérant les remboursements de frais de déplacements dans l'académie (voir plus bas) restera sans réponse et c'est vers l'assistance informatique que je me tournais. Ayant été invité par retour de courriel à les contacter par téléphone, j'appris donc qu'il fallait simplement ne surtout pas suivre ce lien et que c'était un problème connu ...

Alors pourquoi continuer de faire parvenir ce message ?

Me voilà donc enfin dans le saint des saints de la nouvelle bureaucratie du ministère de l'éducation nationale. Je vais pouvoir faire couler les robinets des remboursements de frais de déplacements (c'est que ça finit par en faire des kilomètres au bout d'un mois ... et qu'au prix de l'essence en ce moment ...).

Je me suis muni du petit guide de l'utilisateur fourni par le Rectorat et j'ai entamé la création de mon "Ordre de mission ponctuel (OMPo)" pour ensuite le transformer en état de frais ...

Et j'ai commencé à le remplir ... laborieusement car les développeurs n'ayant pas été capable d'intégrer un calculateur de distances, il nous est expressément demandé d'aller faire le calcul nous même sur google maps, péniblement car ils n'ont pas non plus pensé qu'il était probable que d'une semaine sur l'autre les parcours soient les mêmes et que de pouvoir rappeler un lundi avec ses caractéristiques et d'en changer le nom pour l'appliquer au lundi du jour, serait une fonction des plus utiles ...

Au bout du compte, près d'une heure pour déclarer les déplacements du mois de septembre. Alors bien sûr, plus de 200 € de remboursement prévus font qu'on se dit que ça fait une heure bien payée mais non, il ne faudrait pas oublier que c'est une nouvelle heure supplémentaire qu'on nous impose là, que cet argent nous est dû et que le remplissage des feuilles que DT-Ulysse cherche à remplacer, usité il y a encore deux ans dans mon académie, ne prenait pas plus d'un quart d'heure.

Un mois plus tard, je viens m'occuper du mois d'octobre et découvre que tout a été bloqué parce que, m'apprend un message de la gestionnaire en charge de mon dossier, me déplaçant ce jour sur deux établissements B et C et étant rattaché à l'établissement A, je devais déclarer ABCA et non ABACA.

Mais ce message, n'aurais-je pu le recevoir dans ma BAL académique plutôt de le découvrir en revenant sur DT-Ulysse ? Et cette modification, la gestionnaire n'a pas la possibilité de la réaliser de son côté ?

M'enfin me dis-je, allons-y, ce ne sont que 4 lundi à changer. J'essaie d'en éditer un mais ne trouve pas comment faire aussi décidè-je de le supprimer pour le recréer. Je coche donc ce lundi et m'en vais cliquer, sans appréhension (oh, que j'aurais dû) sur supprimer en haut à droite de ma liste.
Et là, horreur, c'est l'ensemble de mes données du mois de septembre qui disparait sous mes yeux ...
Alors, je me dis que ce n'est pas grave, que que je n'ai pas encore valider les changements et qu'il me suffit de clore l'appli et de la relancer pour récupérer ma liste ... et bien non, alors que pour chaque jour il avait fallu valider lors de la déclaration, un seul clic avait suffi à tout supprimer, et sans aucune validation ...

Un peu fâché, je n'ai pas déclaré mon mois d'octobre et au lieu de ça, j'ai envoyé ce message; lui aussi resté sans réponse, à ma gestionnaire et au service d'assistance informatique

"J'adore votre logiciel où l'on passe notre temps à faire votre travail administratif, où l'on n'est pas mis au courant des corrections à effectuer par courriel, où les corrections entrainent la suppression de l'ensemble des informations préalablement rentrées (et dieu sait qu'on y passe du temps à les entrer puisqu'il n'y a même pas possibilité de dupliquer une entrée ...) et ce, même si on n'enregistre pas les modifications ...

En un mot comme en cent, une véritable usine à gaz et tout ça pour se faire rembourser de l'argent qui nous est dû ...

Vive l'éducation nationale ...
et @u plaisir de vous lire sur mon adresse académique,"


En un mot comme en cent, je suis aujourd'hui outré que l'on nous impose de travailler avec cet outil et je cherche à créer un groupe de pression oeuvrant pour le moins à son amélioration ...

C'est en cherchant qui s'en plaignait que je suis tombé sur votre blog et si je me suis permis ce "petit" texte introductif, c'est que j'avais une question à poser.

Est-il possible pour un enseignant TZR d'arguer d'un quelconque argument pour revenir à la version papier de la déclaration mensuelle ?

@u plaisir de vous lire,


Message au service gérant les remboursements de frais de déplacements :

Bonjour,
j'ai reçu hier ce message de ulysse@etaponline.fr

"
*MINISTERE DE L EDUCATION NATIONALE*
*M.E.N. : Académie de Rennes - Frais de déplacement (DT-ULYSSE)*

Bonjour, votre OM N° 64A24 a bien été validé.
Pour y accéder, cliquer ici

Au retour de votre mission , n'oubliez pas de créer l' état de frais et envoyez le à votre valideur hiérarchique.

*Attention: Aucun remboursement ne pourra être effectué si l'état de frais n'est pas constitué*"

ce qui m'étonne car je n'avais pas encore remis les documents nécessaires à la secrétaire de mon établissement pour qu'elle vous les fasse parvenir.

Après avoir cliqué et essayé avec mes identifiants webmail, je ne peux accéder à l'application.

Quels sont mes identifiants ?

D'avance merci de votre réponse,


Et encore, je n'en suis qu'à la première étape, il y aura ensuite au moins deux validations, puis la mise en paiement ... pfou ... si je suis payé à la rentrée 2011 ce sera bien ;o((