Le Canada veut légaliser le cannabis au printemps 2017
C’était une promesse de campagne de Justin Trudeau, le nouveau premier ministre canadien. Près de six mois après son élection, la ministre de la santé, Jane Philpott, a annoncé que le gouvernement libéral allait légaliser la consommation et le commerce du cannabis au printemps 2017.
« Notre approche (…) doit totalement respecter les droits de la personne tout en favorisant le partage des responsabilités », a déclaré la ministre à l’occasion d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies consacrée au problème mondial des drogues.
Lire aussi : L’ONU acte l’échec de la guerre contre les drogues« Nous allons introduire une législation pour empêcher la marijuana de tomber entre les mains des enfants, et les profits de tomber entre les mains des criminels. (…) Bien que ce plan remette en question le statu quo dans plusieurs pays, nous sommes convaincus qu’il s’agit de la meilleure façon pour protéger nos jeunes tout en renforçant la sécurité publique. »Cette annonce fait suite aux grandes lignes tracées début décembre par Justin Trudeau dans son discours de politique générale. Il avait assuré que le Canada allait adopter des lois « qui légaliseront et réglementeront la consommation de marijuana et limiteront l’accès à cette substance », devenant le premier pays du G7 à le faire.
3 à 10 milliards de dollars de recettes par an
Avant de devenir premier ministre, M. Trudeau avait déclaré qu’il avait lui-même fumé « cinq ou six fois » du cannabis, dont une fois en 2010, alors qu’il siégeait déjà au Parlement en tant que député. Un autre gouvernement libéral, en 2004, avait cherché à dépénaliser la consommation de cette substance, avant de jeter l’éponge, face notamment aux pressions des Etats-Unis voisins.
Douze ans plus tard toutefois, quatre Etats américains ont légalisé le cannabis et les défenseurs canadiens d’une telle mesure soulignent les importants revenus générés par cette légalisation. La banque CIBC avait estimé récemment des recettes pour l’Etat canadien de 3 à 10 milliards de dollars CAD (7 milliards d’euros) chaque année.Un sondage de l’institut Angus Reid, publié mercredi, indique qu’un peu plus de deux Canadiens sur trois (68 %) approuvent la légalisation du cannabis, et pratiquement autant (64 %) estiment que cette mesure « fera plus de bien que de mal ».
La Fédération française d'addictologie recommande dans un rapport que la consommation de drogues soit permise dans les centres d'accueil pour toxicomanes, en plus des "salles de shoot".
Consommer dans des "salles de shoot" mais pas seulement : la Fédération française d'addictologie (FFA) recommande dans un rapport rendu public lundi 18 avril que la consommation de drogues soit également permise dans les centres d'accueil pour toxicomanes.Les centres de soins d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) et les centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction de risques pour usagers de drogues (CAARUD) sont à l'origine des lieux de conseil, de prévention et de soins, où la consommation est officiellement interdite. Mais "la supervision d'injections se fait déjà officieusement dans ces centres qui doivent pouvoir accompagner sur le plan médical ce type de gestes pour en limiter les risques", explique le docteur Alain Morel, qui a présidé l'audition publique dont est issu le rapport de la FFA.
Prévenir les overdoses
La supervision médicale d'une injection permet d'éviter les risques d'overdoses et les risques infectieux. "On veille à ce que l'usager ne se pique pas n'importe comment, avec une seringue propre, et pas n'importe où en fonction de l'état de ses veines, qu'il évite par exemple de piquer dans un abcès et risquer la septicémie", précise Alain Morel.La fédération, qui rassemble les associations de lutte contre les addictions, recommande la mise à disposition des usagers et de leur entourage de la Naxolone, un antidote permettant de renverser les effets d'une overdose à un opioïde ou à l'héroïne. En France, la Naxolone ne peut être administrée que par un médecin. "En cas d'overdose, les services d'urgence d'un hôpital peuvent faire une injection qui vous sauvera la vie, mais le temps que vous arriviez à l'hôpital ...", pointe le Dr Morel, alors que l'espérance de vie est réduite à une dizaine de minutes en cas de perte de conscience suite à une overdose.
Dépénaliser l’usage
Selon la FFA, la diminution des risques et des dommages liés aux conduites addictives passe en priorité par la dépénalisation de l'usage. "Harceler, punir ou mettre en prison des usagers de drogues n'a aucun intérêt : toutes les structures et sociétés savantes du champ des addictions sont d'accord sur ce point", souligne le Dr Morel.Le rapport de la FFA contient quinze propositions pour la réduction des risques et des dommages liés aux conduites addictives qui sont communiquées au ministère de la Santé.