mercredi 28 mai 2014

En Tunisie aussi, on se dit qu'il est temps de dépénaliser ...

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TUNISIELe cannabis, un outil de répression

L'arrestation, le 12 mai, du blogueur Azyz Amami et du photographe Sabri Ben Mlouka et leur mise en détention pour usage de stupéfiants mobilisent la société civile et relancent le débat sur la dépénalisation du cannabis.
A Tunis, le 19 avril, un Tunisien avec du cannabis -AFP/Fethi BelaidA Tunis, le 19 avril, un Tunisien avec du cannabis -AFP/Fethi Belaid
“Artistes et acteurs culturels tunisiens annoncent une mobilisation, ce vendredi 16 mai au Centre culturel de Carthage, en soutien à Azyz Amami et Sabri Ben Mlouka, accusés de détention de stupéfiants”, rapporte Webdo.
“Si l'arrestation des deux jeunes hommes a suscité la colère et l'émoi chez leurs proches et amis, elle a été aussi l'occasion de remettre, encore une fois, le cannabis et la consommation de stupéfiants sur le devant de la scène”, souligneLeaders. “Les activistes, les représentants de la société civile, les intellectuels mais aussi les acteurs de la classe politique” appellent à une révision de la loi 52.
Cette loi, qui date de 1992, prévoit une peine d'emprisonnement de un à cinq ans et une amende de 1 000 à 3 000 dinars [de 449 à 1 346 euros] pour “tout consommateur ou détenteur à usage de consommation personnelle de plantes ou de matières stupéfiantes”. Régulièrement, elle est utilisée pour incarcérer des jeunes, notamment des rappeurs, contre lesquels la police n'a pas d'autres chefs d'accusation tangibles.
Soutien à Azyz Amami
“Plusieurs partis politiques ont exprimé leur soutien au blogueur Azyz Amami et demandent sa libération immédiate”, enchaîne Kapitalis. Certains dénoncent “les accusations montées de toutes pièces contre les activistes politiques”. Des voix plaident pour “la modernisation de la loi afin de prévenir et de réduire les risques de délinquance juvénile”. D'autres insistent sur “le respect de la présomption d'innocence et de l'intégrité physique des prévenus” et appelle à l'ouverture d'une enquête “urgente et transparente” sur les circonstances de l'interpellation. Le père d'Azyz Amami, Khaled Amami, affirme que son fils porte des traces d'ecchymoses sur le visage.
“Azyz Amami est un des premiers blogueurs arrêtés [le 6 janvier 2011] pendant la révolution tunisienne pour avoir rapporté les événements liés aux manifestations sur les réseaux sociaux, avant qu'il ne soit libéré à la suite de la fuite de Ben Ali [le 14 janvier 2011]. L'activiste est aussi l'un des initiateurs [le 24 avril, dans une émission de télévision] du mouvement ‘Moi aussi, j'ai brûlé un poste de police’, dénonçant l'arrestation de jeunes [qui ont participé à la révolution de 2011] accusés d'avoir brûlé des postes de police dans plusieurs villes du pays”, rappelle Kapitalis.
53 % des prisonniers impliqués dans des affaires de narcotiques
Business News, pour sa part, cite Samy Razgallah, du parti Ettakatol [Forum démocratique pour le travail et les libertés, centre gauche] qui rappelle que “53 % des prisonniers en Tunisie sont impliqués dans des affaires de narcotiques et 66 % sont âgés de 18 à 49 ans, selon le haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme.
Non seulement cela entraîne un coût financier énorme et contre-productif pour tous les contribuables tunisiens, mais il a en outre été démontré au cours des dernières décennies que la répression excessive des simples consommateurs n'entraînait nullement leur réinsertion dans la société. Pire, celle-ci transforme de simples consommateurs en véritables dealers et chefs de bande après leur sortie de prison. La solution serait donc dans la sensibilisation, dans la prévention, dans une campagne d'information directe dans les collèges et lycées. Tout un travail en amont pour sensibiliser nos jeunes aux effets néfastes de cette gangrène.”
Les deux jeunes hommes, déférés le 15 mai devant un juge d'instruction du tribunal de première instance de Tunis, sont maintenus en détention jusqu'à leur procès qui a été fixé au 23 mai prochain, rapporte Webdo. "Au moment de leur comparution, un rassemblement s'est formé devant le tribunal où acteurs de la société civile, proches et amis, sont venus exprimer leur soutien. A l'annonce de cette décision, la foule est restée sans voix".

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