vendredi 25 juillet 2014

L'Europe toujours aussi frileuse ...

Alors qu'aux USA, en juillet, New York est devenu le 23ème État des États unis à légaliser l'emploi du cannabis à des fins médicales, que Washington est le deuxième état à légaliser la vente de cannabis à usage récréatif, alors qu'en Uruguay, cette plante est maintenant légale et que les consommateurs attendent la première récolte avec impatience, en Europe, on tergiverse, on se refuse à légiférer, on continue à juger au cas par cas, et souvent on refuse à des gens qui souffrent de se soulager grâce à cette plante ...

Et pendant ce temps, en France, les gamins des cités de Marseille se butent à coup de Kalachnikov ...

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Cannabis médical : comme l'Allemagne, la France juge au cas par cas


En Allemagne, des juges ont autorisé des patients atteints de maladies chroniques à cultiver des plants de cannabis. La France, elle aussi, juge au cas par cas.
Cannabis médical : comme l'Allemagne, la France juge au cas par cas
Brennan Linsley/AP/SIPA

Cultiver du cannabis à des fins thérapeutiques, c'est possible pour trois malades allemands. Le Tribunal administratif de Cologne (Allemagne) a rendu ce 22 juillet un verdict sans précédent : des personnes souffrant de maladies chroniques ont reçu l'autorisation de cultiver des plants de cannabis dans un but médical, soulager leur douleur. 
3 autorisations sur 5 demandes
Cette décision historique pour l'Allemagne répond à un recours déposé par cinq malades. L'Institut Fédéral du Médicament leur avait interdit de cultiver du cannabis à des fins thérapeutiques. Trois d'entre eux ont eu gain de cause. Les deux autres ont été débouté, l'un parce qu'il ne pouvait pas garantir que lui seul accèderait à la drogue, l'autre parce que d'autres alternatives thérapeutiques étaient disponibles. L'Allemagne permet en effet la prescription de trois médicaments contenant du THC - principe actif du cannabis - dont un seul est remboursé, le Sativex. En rendant ce verdict, le tribunal affirme la position allemande : traiter au cas par cas les demandes sur ce sujet délicat.

En France aussi, c'est la règle du cas par cas qui domine. Fumer du cannabis pour se soigner est légalement interdit, d'autant que le Sativex a reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) en janvier dernier. L'utilisation du spray buccal reste très encadrée : sa commercialisation, prévue en 2015, ne sera autorisée qu'aux patients atteints de sclérose en plaques. Seuls les neurologues ou les médecins rééducateurs hospitaliers pourront le prescrire.

Myopathie, maladie de Horton, Sida...
Concernant la consommation fumée de cannabis à des fins thérapeutique, aucune règle ne prédomine. En mars 2013, Dominique Loumachi avait été condamné à 300 euros d'amende avec sursis pour avoir fumé et stocké du cannabis. Les douleurs causées par sa myopathie n'avaient pas semblé suffisantes pour que la Justice reconnaisse un « état de nécessité. » Mais en novembre de la même année, un patient atteint de la maladie de Horton était autorisé à fumer du cannabis. Marc souffrait de cette maladie inflammatoire, qui se caractérise par des crises de douleur intense, depuis 15 ans. « C'est génial, je l'espérais mais je ne m'y attendais pas », avait-il déclaré à La Provence.

Mais une fois n'est pas coutume. En avril dernier, Bertrand Rambaud a été mis en examen pour détention de cannabis. Cet homme qui souffre du Sida et d'une hépatite C a lancé une pétition, signée par plus de 3 700 personnes, mais la justice l'a martelé : la consommation de cannabis est interdite par la loi. Toutefois, il a été dispensé de peine.

mercredi 9 juillet 2014

Et c'est parti, un deuxième état embraye le pas au Colorado

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La vente de marijuana récréative démarre dans l'État de Washington


L'État de Washington devient le deuxième État américain... (PHOTO TED S. WARREN, AP)
L'État de Washington devient le deuxième État américain où l'on peut acheter légalement du cannabis à usage récréatif, emboîtant le pas au Colorado qui a démarré cette pratique en janvier.
PHOTO TED S. WARREN, AP

Agence France-Presse
LOS ANGELES
La vente de marijuana récréative est autorisée depuis mardi dans l'État de Washington (nord-ouest) dans des boutiques spécialisées, ce qui en fait le deuxième État américain avec le Colorado où elle est légale.






«Nous avons attribué des permis à 25 magasins de détail qui seront habilités à vendre de la marijuana à fumer, à vaporiser, ainsi que des pipes et vaporisateurs», a indiqué à l'AFP Brian Smith, porte-parole du régulateur, le Washington State Liquor Control Board.
«Plusieurs boutiques» vont ouvrir leurs portes dès mardi, le reste dans les jours prochains, a-t-il ajouté. Les prix de vente sont libres. Les quantités que les consommateurs peuvent détenir sont limitées à 28 grammes de cannabis à fumer par personne.
En incluant les cultivateurs et préparateurs de marijuana, 115 permis au total ont déjà été délivrés sur un total de 7000 demandes déposées.
L'État de Washington devient le deuxième État américain où l'on peut acheter légalement du cannabis à usage récréatif - à condition d'avoir 21 ans - emboîtant le pas au Colorado qui a démarré cette pratique en janvier.
Le but est d'encadrer le marché du cannabis comme celui de l'alcool, qui n'est disponible à la vente que dans des «liquor stores» dans certains États.
«Les ventes de marijuana au marché noir existent déjà de fait dans pratiquement toutes les grandes villes des États-Unis. Légaliser un marché qui ne vend pas aux enfants, qui le fait dans des conditions sécurisées, c'est une alternative plus sûre» que le statu quo, argumente Mikhail Carpenter, un autre porte-parole du Washington State Liquor Control Board.
Le potentiel de recettes n'est pas non plus étranger à la décision de dépénaliser la petite plante étoilée : le taux d'imposition effectif sera de 44 %, avec des recettes attendues pour l'État qui «pourraient atteindre jusqu'à 2 milliards de dollars sur les cinq premières années selon les premières estimations», explique Mikhail Carpenter.
D'autant que la légalisation de l'herbe pourrait attirer des touristes venus d'autres États : «si l'on en croit l'exemple du Colorado, il y aura des gens qui viendront ici pour acheter», remarque M. Carpenter.
À une condition toutefois : tout le cannabis acheté dans l'État de Washington doit être consommé sur place.
Brian Smith s'attend à ce que ces deux pionniers fassent des émules rapidement dans le reste du pays : «Je pense que la plupart des États observent l'expérience que nous menons ici et au Colorado afin de déterminer si elle fonctionnerait chez eux».
«Un référendum est prévu en Alaska en août et les sondages laissent entendre qu'il devrait être approuvé», a-t-il poursuivi, précisant qu'un autre projet de référendum pourrait également voir le jour en Oregon (nord-ouest).
Le Vermont (nord-est), lui, a dépénalisé la possession de petites quantités.
Paradoxalement, le cannabis à usage médical, déjà autorisé dans 23 États, reste illégal dans celui de Washington.
L'autorisation d'une consommation à but récréatif devrait aider à avancer sur ce dossier même s'il se heurte à «une résistance du corps médical qui se sent menacé», fait valoir Brian Smith.

lundi 7 juillet 2014

Si, si, dans Ouest-France aussi on en parle ;o))

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Los Angeles. Inattendu : un marché entièrement dédié au cannabis

C'est un marché à Los Angeles presque comme les autres. Les consommateurs flairent, sous-pèsent et comparent. Mais on n'y rouve qu'un seul produit: du cannabis, bio.

« Nous avons des sucettes pour sept dollars, des barres chocolatées pour vous aider à vous relaxer à 13 dollars, et de la +poussière cosmique+ (poudre de bonbons) », énumère Bill Harrison, qui vend aussi de classiques fleurs de cannabis à fumer.« Il y avait déjà eu des conventions de cultivateurs au nord de la Californie (ouest) et dans l'État de Washington (nord-ouest), mais ici c'est spécial, on peut vraiment rencontrer les consommateurs », explique Terry Sand, un cultivateur.

Pour entrer, il faut une ordonnance





Du cannabis sous des formes inattendues: même de lubrifiant intime
Le cannabis et la marijuana, il a grandi avec: « Mes parents étaient des hippies, ils en faisaient pousser dans leur cour ».Ex-technicien ascensoriste, il s'est reconverti quand une nouvelle technique a permis de doper la productivité des cultures en milieu couvert. « J'ai senti qu'il y avait une opportunité massive ».De fait, le succès du Heritage Farmers Market est évident: malgré un soleil de plomb, la file d'attente pour entrer s'allonge sur plusieurs centaines de mètres.La foule est multicolore et multi-générationnelle, parsemée de hippies, rockers, jeunes branchés et de quelques bourgeois.Au guichet, ne peuvent toutefois entrer que ceux munis d'une ordonnance.

La consommation de cannabis reste un délit, même en Californie

En Californie, seule l'utilisation thérapeutique du cannabis est légale. Pour une utilisation récréative, la possession de moins de 28 grammes peut être punie d'une simple amende, mais une plus grande quantité reste un délit.Edwynn Delgado connaît la législation par coeur: « Pour usage médical, on a droit d'avoir environ 100 grammes chez soi, mais je voudrais en ramener plus aujourd'hui », badine-t-il.Il fume du cannabis depuis ses 11 ans: « Dans mon quartier, il y a toujours eu beaucoup d'herbe qui circulait », raconte le jeune homme de 20 ans, casquette sur la tête, cheveux noirs et large sourire.Il est devenu un consommateur « légal » à 18 ans, pour soulager des douleurs musculaires.

Les clients viennent soulager leurs douleurs





Les clients doivent être munis d'une ordonnance.
Edwynn patiente depuis plus d'une heure devant le stand qui propose les meilleurs prix:« Seulement 180 dollars les 28 grammes, alors que le prix moyen dans un dispensaire médical normal est de 300 dollars environ ».Outre les potentielles bonnes affaires, il est content de pouvoir compter sur de la qualité: « Les vendeurs de rue rajoutent d'autres trucs dessus ».« C'est comme dans un marche bio ordinaire », affirme Adam Agathakis, un des organisateurs du marché, qui se tient jusqu'à dimanche.« Les gens viennent pour parler aux cultivateurs, s'assurer que c'est cultivé sans pesticides mais aussi qu'il n'y a pas de moisissures ».Agé de 35 ans, ce barbu en pantalon à pinces et chemisette rayée milite pour « dé-diaboliser » le cannabis depuis qu'il a perdu son père d'un cancer il y a dix ans. « Quand il était mourant, il n'y a que la marijuana qui le soulageait ».Karen Flores, 50 ans, atteinte elle-même d'un cancer, fume pour « se relaxer et soulager ses douleurs »« mais seulement à la maison ».Elle est venue pour les prix doux et la qualité: « Il faut que ça sente bon, que ça ait bon goût ».Au gré des stands, on trouve des pipes plaquées or, des concentrés à vaporiser, des pizzas, des tartes meringuées ou des gaufres.

Du lubrifiant intime au cannabis

Matheuse Gerson propose un produit plus alternatif: « C'est un lubrifiant intime de cannabis infusé d'huile de noix de coco. Ca augmente les sensations des jeunes femmes et réveille la sexualité des femmes ménopausées. Ca les aide aussi à dormir », assure-t-il.Cheryl Shuman, PDG d'une société de relations publiques, dit avoir failli mourir d'un cancer en 2006 et en avoir réchappé grâce à la marijuana.Elle s'est alors mise en campagne pour la dépénalisation, montant un club d'aficionados, le « Beverly Hills Cannabis Club », et devenant l'une des responsables de « Moms for Marijuana », une association internationale de mères pro-légalisation.Argument de poids, elle souligne le potentiel économique du cannabis: « C'est un secteur qui vaut 47 milliards de dollars rien que pour son aspect légal ».

mardi 1 juillet 2014

Lettre à M. le législateur de la loi sur les stupéfiants

A l'époque, c'est de la Loi de 1916 qu'Antonin parlait, mais sa lettre est malheureusement toujours d'actualité ...

Texte récupéré sur le forum PsychoActif
Lettre à M. le législateur de la loi sur les stupéfiants

Monsieur le législateur,

Monsieur le législateur de la loi de 1916, agrémentée du décret de juillet 1917 sur les stupéfiants, tu es un con.

Ta loi ne sert qu'à embêter la pharmacie mondiale sans profit pour l'étiage toxicomanique de la nation parce que :

1° Le nombre des toxicomanes qui s'approvisionnent chez le pharmacien est infime;

2° Les vrais toxicomanes ne s'approvisionnent pas chez le pharmacien;

3° Les toxicomanes qui s'approvisionnent chez le pharmacien sont tous des malades;

4° Le nombre des toxicomanes malades est infime par rapport à celui des toxicomanes voluptueux;

5° Les restrictions pharmaceutiques de la drogue ne gêneront jamais les toxicomanes voluptueux et organisés;

6° Il y aura toujours des fraudeurs;

7° Il y aura toujours des toxicomanes par vice de forme, par passion;

8° Les toxicomanes malades ont sur la société un droit imprescriptible, qui est celui qu'on leur foute la paix.

C'est avant tout une question de conscience.

La loi sur les stupéfiants met entre les mains de l'inspecteur-usurpateur de la santé publique le droit de disposer de la douleur des hommes: c'est une prétention singulière de la médecine moderne que de vouloir dicter ses devoirs à la conscience de chacun.

Tous les bêlements de la charte officielle sont sans pouvoir d'action contre ce fait de conscience: à savoir, que, plus encore que la mort, je suis le maître de ma douleur. Tout homme est juge, et juge exclusif, de la quantité de douleur physique, ou encore de la vacuité mentale qu'il peut honnêtement supporter.

Lucidité ou non lucidité, il y a une lucidité que nulle maladie ne m'enlèvera jamais, c'est celle qui me dicte le sentiment de ma vie physique. Et si j'ai perdu ma lucidité, la médecine n'a qu'une chose à faire, c'est de me donner les substances qui me permettent de recouvrer l'usage de cette lucidité.

Messieurs les dictateurs de l'école pharmaceutique de France, vous êtes des cuistres rognés: il y a une chose que vous devriez mieux mesurer; c'est que l'opium est cette imprescriptible et impérieuse substance qui permet de rentrer dans la vie de leur âme à ceux qui ont eu le malheur de l'avoir perdue.

Il y a un mal contre lequel l'opium est souverain et ce mal s'appelle l'Angoisse, dans sa forme mentale, médicale, physiologique, logique ou pharmaceutique, comme vous voudrez.

L'Angoisse qui fait les fous.

L'Angoisse qui fait les suicidés.

L'Angoisse qui fait les damnés.

L'Angoisse que la médecine ne connaît pas.

L'Angoisse que votre docteur n'entend pas.

L'Angoisse qui lèse la vie.

L'Angoisse qui pince la corde ombilicale de la vie.

Par votre loi inique vous mettez entre les mains de gens en qui je n'ai aucune espèce de confiance, cons en médecine, pharmaciens en fumier, juges en mal-façon, docteurs, sages-femmes, inspecteurs-doctoraux, le droit le disposer de mon angoisse, d'une angoisse en moi aussi fine que les aiguilles de toutes les boussoles de l'enfer.

Tremblements du corps ou de l'âme, il n'existe pas de sismographe humain qui permette à qui me regarde d'arriver à une évaluation de ma douleur précise, de celle, foudroyante, de mon esprit!

Toute la science hasardeuse des hommes n'est pas supérieure à la connaissance immédiate que je puis avoir de mon être. Je suis seul juge de ce qui est en moi.

Rentrez dans vos greniers, médicales punaises, et toi aussi, Monsieur le Legislateur Moutonnier, ce n'est pas par amour des hommes que tu délires, c'est par tradition d'imbécillité. Ton ignorance de ce que c'est qu'un homme n'a d'égale que ta sottise à la limiter.

Je te souhaite que ta loi retombe sur ton père, ta mère, ta femme, tes enfants, et toute ta postérité. Et maintenant avale ta loi.

Antonin Artaud

[in L'ombilic des Limbes (1925). NRF, Poésie/Gallimard, 1993]