BRETAGNE MORTE OU VIVANTE - LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DU CONSEIL REGIONAL
Monsieur le Drian ... Les Bretons et leurs voisins européens réclament une agriculture qui les nourrisse. sans foutre en l'air la qualité de l'environnement et la santé publique. Or que font leurs principaux élus ? En lisant votre courrier (Cf. copie ci-après) nous avons une réponse paraît-il.
Grâce à l'incurie des acteurs économiques, politiques, étatiques, nous vivons avec les algues vertes depuis 40 ans. Concernant leur prolifération et tout ce que cela représente en termes de coûts inutiles et dégâts mortifères - PMPOA, Bretagne Eau Pure I, II, III [1] - dès que vous utilisez l'argent public pour exercer la censure sur une campagne publicitaire – qui, elle, agit en conformité avec l'intérêt général - il n'y a pas de différence entre les actions menées par le PS en Bretagne et celle de vos prédecesseurs. A part la politique incantatoire [2]. En effet vous faîtes le lit de Madame Malgorn et consorts issus de la majorité présidentielle - cette ancienne préfète qui a déjà cautionné la répression des données sur la qualité de l'eau et la fermeture des captages.
A ce qu'il paraït l'Etat français ne donne pas à la Région des moyens financiers suffisants pour accomplir ses diverses missions. Pourquoi donc gaspillez le peu de fonds budgétaires dont vous disposez pour defendre non pas l'image de la Bretagne - comme vous prétendez le faire - mais celle des intérêts d'une minorité prédatrice ? Qu'est-ce qui a changé depuis la balade de Monsieur Fillon et ses ministres sur le littoral ? Une chambre d'agriculture qui ose demander des efforts encore aux collectivités de comprimer leur minuscule apport en nitrates, alors qu'elle rechigne à réduire le gros morceau qui est le leur ! Selon vous nous devons attendre 2027 pour voir la fin des marées vertes ? (Cf. http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/bretagne/algues-vertes-j-y-le-drian-il-faut-les-eradiquer-12-03-2011-1232659.php). Du déjà vu, me semble-t-il ...
PMPOA, Bretagne Eau Pure I, II, III, puis les SAGE – qu'est-ce que nous n'avons pas entendu, quant à cela ? «On ne pouvait pas demander à un tel programme des résultats immédiats, mais difficile d'en nier les insuffisances». La plus forte des critiques des BEP venait en février 2002 de la Cour des comptes qui, dans un rapport, soulignait que «les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur des objectifs». L'éternelle ritournelle que nous n'acceptons plus, Monsieur Le Drian.
L'anathème dont vous parlez ne vient pas de la FNE qui signale - à juste titre - la réalité d'un échec cuisant de l'activité menée par la quasi-totalité de la classe politique française : celle de ménager la chèvre et le chou au bénéfice des banquiers - Crédit Agricole en tête - et au détriment de la santé publique et de la prospérité des populations et communes les plus défavorisées.
L'anathème dont vous parlez vient de la FNSEA, de leurs amis de la Coordination Rurale et de tous ces inconditionnels de la fuite en avant, de la culture nécrotechnologique et de la philosophie hors-sol. Car chaque goutte de pollution a fini par faire déborder la vase. Voilà ce qui porte atteinte à l'mage de marque régionale. Prétendre le contraire c'est se cacher derrière son petit doigt !
Ca fait 40 ans que ça dure, que nos dirigeants – droite et gauche confondues - jouent la montre face au productivisme. Ensemble ils pratiquent deux politiques – celle du pompier pyromane et celle de l'autruche. L'inertie du Conseil régional à majorité PS face à l'amendement Le Fur en témoigne. Autre exemple : toujours à nos frais - dans Bretagne ensemble N° 15 février 2011 - son bulletin de blanchiment écologique, la région annonce le lancement d'un plan d'aide pour l'ostréiculture et d'une consultation publique sur l'agriculture. L'énième consultation publique sur l'agriculture et de l'argent public jeté par la fenêtre pour soutenir une filiale malade à cause du cocktail xénobiotique que le secteur agricole et agro-alimentaire balancent dans la nature. Alors que vous avez déjà moblisé 2,7 millions d'euros entre 2008 et 2010. Toujours des programmes de recherche de l'Ifremer et Cie, pour «une huître de demain». Foutaises, Monsieur Le Drian ! La seule véritable piste de relance pour une activité à l'agonie est d'assainir le milieu marin.
Mais quelle cohérence ! La Bretagne comme le disait Jean-Claude Pierre est au péril de son eau. Ne cherchez donc pas la petite bête en nous citant des mesurettes que vous avez entrepris ou envisagez de faire. Bref Monsieur Le Drian arrêtez vos salades. Vous n'êtes pas le premier à pratiquer le socialisme mou, celui de la gauche caviar. D'où cette pirouette honteuse mais pas surprenante que vous avez effectuée sur l'aéroport de Notre Dame des Landes. Soit. Mais pour ce qui est de l'eutrophisation des eaux à cause des sels nutritifs, la solution est de fermer le robinet et pas d'ecoper la baignoire avec une petite cuillère en or pour le plus grand profit des banquiers.
Vous disiez dans votre courrier «Quatre des six affiches de cette campagne n’appellent pas de commentaire particulier de ma part». Alors pas de commentaire sur :
le tonnage gros voire écrasant de soja OGM importé pour alimenter le cheptel breton ? Vous n'allez pas juguler cela, sans réduire l'élevage concentrationnaire, sans casser le quasi-monopole de Cargill et des grandes enseignes sur la chaïne alimentaire et sans avoir des agriculteurs nombreux qui vivent de leur métier et respectent l'environnement.
l'hécatombe chez les abeilles et d'autres insectes pollinisateurs en liaison incontestable avec l’utilisation des semences enrobées d'insecticides néonicotioïdes. D'ailleurs pas de subventions pour une activité apicole qui est en train de disparaître sous nos yeux. Colony Collapse Disorder n'est pas à l'ordre du jour de la Région ?
les produits phytosanitaires et agrochimiques entraînent un inquiétant appauvrissement du sol lié à la disparition d’une faune et d’une flore indispensables à l’agriculture ; la Région n'a-t-elle pas entendu parler des travaux primordiaux de Claude et Lydia Bourguignon (Cf.http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Bourguignon) ?
ces résidues de la monoculture maïsicole et céréalière qui font courir des risques et dangers sanitaires avérés pour la population – plus de 300 molécules d'origine anthropocentrique trouvées dans les foetus humains selon une étude de 2003 tombée dans les oubliettes (Cf. http://www.wwf.org.uk/filelibrary/pdf/biomonitoringresults.pdf) ?
En conclusion j'insiste sur la nécessaire réforme de la gouvernance et du pôle de compétence de l'eau (transparence, diversité des participants, suivi des décisions, contrôles, évaluation, répression de délits). Je me permet aussi de vous rappeler l'existence de longue date d'une rupture de dialogue et de confiance entre consommateurs et certains agriculteurs compte tenu de l'absence de résultat sur la qualité de l'eau et des montants engloutis dans les plans BEP, PMPOA. Avec votre plainte en justice vis à vis de la FNE, vous me donnez l'impression – me semble-t-il au grand public également - de vous alignez sur les positions de ces mafrats qui ont abusé de nous depuis trop longtemps. Au lieu de dépenser nos sous dans les cabinets d'avocats, le Conseil régional ferait mieux de les verser dans un soutien inconditionnel à l'agriculture biologique et paysanne. Dans l'attente d'une réponse moins séditieuse pour le Bretons, Monsieur Le Drian, recevez mes salutations affligées.
Paul Matthews «Les Déserts» 35580 Saint Senoux 14 mars 2011
[1] «Le coût global pour les élevages intégrables entre 1994 et 1998 se situerait dans une fourchette de 12 à 16 milliards de Francs ; la probabilité de se situer dans le haut de la fourchette étant plus grande ; c'est en gros le double des 7 milliards de Francs prévus initialement (...) L'existence d'économies d'échelle pour les procédés individuels introduit le risque d'une concentration à terme des élevages. Ce risque est d'autant plus fort que les contraintes liées à la disponibilité de surface d 'épandage sont diminuées» Enfin, pour les éleveurs qui ne sont pas en règle avec l'arrêté d'autorisation - déclaration, du fait du dépassement de plus de 25 % de l'effectif autori é , le contrat qui permet le financement des travaux d'amélioration, introduit de fait la possibilité d'une régularisation de la situation , même si certains éleveurs auront à se mettre en conformité avec leur arrêté d'autorisation. Ainsi , la collectivité risque d'entériner les pratiques illégales de certains agriculteurs n'ayant pas respecté la réglementation des «Installations Classées». Il y a là une assez forte distorsion par rapport aux exploitations ayant joué le jeu, d'où un problème d'équité». La maîtrise des Pollutions d'origine agricoles dans les élévages, P. Rainelli, N. Raould, D. Vermersch, INRA ESR Rennes (Cf. http://www.inra.fr/esr/publications/iss/pdf/iss96-4.pdf?PHPSESSID =bfa66421a973bafc09e590ae3af48a5e). Tout cela pour le prix modique de 2 milliards d'euros !! Comme pour le PMPOA , les BEP aussi ont été quasi-pilotés par les Chambres d'Agriculture, avec une action régalienne de l'Etat toujours insuffisante et la marginalisation des associations ... (Cf. http://eau-et-rivieres.asso.fr.icodia.info/media/user/File/PDF/Analyse_BEP3_ERB.pdf).
[2] Je parle en connaissance de cause, Monsieur le Drian ... Ayant - pour tout dire - assisté à la grande messe des Deuxièmes Rencontres d'eté du Pôle Ecologique du Parti Socialiste à Saint-Ciers sur Gironde en août 2010.
From: presidence@region-bretagne.fr
To: mariechristinerigal@..............frDate: Thu, 10 Mar 2011 15:21:22 +0100
Madame,
Comme suite à votre courriel du 21 février dernier concernant la campagne d’affichage de France Nature environnement je me permets de vous transmettre quelques explications relatives à ma démarche.
Le 28 juillet 2009, un cheval décédait sur la plage de Saint-Michel-en-Grève après s’être embourbé dans un tas d’algues vertes en putréfaction. Cet accident tragique m’a amené à interpeller le Premier Ministre pour lui rappeler les demandes que le Conseil régional porte depuis 2004 en rapport avec la qualité de l’eau en Bretagne : transférer la compétence sur l’eau à titre expérimental à la Région, et régionaliser les fonds de la politique agricole commune comme c’est déjà le cas dans de nombreux pays d’Europe.
Répondant à mon courrier du 14 août 2009, le Premier Ministre s’est rendu en personne le 20 août sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, accompagné du Ministre de l’agriculture, de la Ministre de la santé, et de la secrétaire d’Etat à l’écologie de l’époque.
Lors de ce déplacement, le Premier Ministre a refusé une fois de plus d’accéder à nos demandes. Toutefois, deux choses très importantes se sont produites. Tout d’abord, l’Etat a reconnu à cette occasion sa responsabilité dans le phénomène des algues vertes, ce qui ne s’était jamais produit auparavant. Ensuite, tout en souhaitant conserver la compétence sur l’eau, le Premier Ministre a accepté pour la première fois d’associer le Conseil régional à la lutte contre ce fléau.
La porte s’était donc entrouverte. Suite à cette prise de conscience et à cette volonté de recherche d’un consensus régional, une perspective de solution de ce problème apparaissait enfin après des décennies de tergiversation. Pour remporter la bataille contre les algues vertes, j’ai immédiatement proposé quatre principes afin de guider notre action et auxquels je n’ai jamais dérogé depuis :
1. Il faut dire la vérité. Les algues vertes sont un problème environnemental, économique et de santé publique majeur. La Bretagne est malade, mais elle se soigne.
2. Pas d’anathème. Nous ne résoudrons pas ce problème en opposant les Bretons les uns aux autres. Les comportements excessifs ne feront que compliquer la recherche de solutions.
3. Les Bretons doivent s’en sortir ensemble par le haut : cela passe par un changement des pratiques agricoles avec l’accompagnement et le soutien des pouvoirs publics, mais aussi des associations environnementales, de l’industrie agroalimentaire, et de tous les acteurs des territoires concernés.
4. Le Conseil régional sera un partenaire exigeant de l’Etat, sous condition de transparence et de réelle co-responsabilité.
L’Etat a donc présenté son plan contre les algues vertes le 5 février 2010. Ce plan comportait un volet curatif, relevant de la seule responsabilité de l’Etat, et surtout un volet préventif auquel le Conseil régional a décidé de s’associer. J’ai insisté pour que ce volet préventif fasse l’objet de véritables projets de territoire, élaborés par les acteurs de terrain. De plus j’ai souhaité que soit créé un Conseil scientifique qui puisse donner un avis indépendant sur ces projets.
Aujourd’hui, après plus d’un an et demi de travail, nous sommes à un tournant crucial de la lutte contre les algues vertes en Bretagne. Deux projets de territoire ont été déposés, sur les baies les plus touchées (Lannion et Saint Brieuc). Ils sont centrés sur l’évolution des pratiques agricoles afin de limiter les fuites d’azote, notamment en privilégiant les systèmes herbagers. Ils viennent d’être évalués par le Conseil scientifique avec, concernant le projet de la baie de Lannion, un avis globalement favorable et le besoin d’affiner un certain nombre d’objectifs à atteindre et d’indicateurs à mieux expliciter. Concernant le projet de la Baie de Saint Brieuc, le projet déposé a besoin d’être étoffé et complété dans plusieurs domaines.
Je comprends la frustration de beaucoup de Bretonnes et de Bretons qui voient ce fléau polluer leurs plages depuis trop longtemps et se disent certainement que tout cela ne va pas assez vite. Mais il faut prendre conscience que les choses ont vraiment changé depuis l’été 2009. Les algues vertes ne sont plus taboues. Il y a désormais une véritable volonté de résoudre le problème, partagée par tous les acteurs, depuis les élus jusqu’aux agriculteurs, en passant par le monde associatif. Néanmoins, cette dynamique sans précédent est fragile. Si on veut aller trop vite, ou si on cherche à stigmatiser tel ou tel coupable potentiel, le consensus sera rompu, le processus bloqué, et nous aurons gâché une opportunité unique.
C’est dans ce contexte, au plus mauvais moment, qu’est parue la campagne de publicité de l’association France Nature Environnement (FNE). Quatre des six affiches de cette campagne n’appellent pas de commentaire particulier de ma part. Pour ce qui est des deux affiches qui stigmatisent le problème des algues vertes en Bretagne, j’aurais pu comprendre la volonté de les présenter il y a deux ans de cela, c'est-à-dire avant que l’Etat ne reconnaisse sa responsabilité. Mais les publier aujourd’hui, c’est tout simplement irresponsable.
Une seule question mérite d’être posée : cette campagne va-t-elle favoriser la recherche d’une solution ou bien risque-t-elle de détruire le travail collectif patiemment mis en place depuis un an et demi ? Pour moi, et l’ensemble des acteurs impliqués dans la lutte contre les algues vertes sur le terrain, la réponse est évidente : cette campagne risque de tout bloquer et de nous renvoyer 10 ans en arrière.
Les auteurs de cette campagne n’ont de toute évidence aucune connaissance de la Bretagne et du travail qui y est mené. Ils auraient pourtant pu s’informer auprès des associations environnementales qui travaillent avec nous au quotidien pour résoudre le problème. Une association comme Eau et Rivières de Bretagne, étendard de la lutte pour la qualité de l’eau dans notre région, et par ailleurs membre de FNE, s’est clairement exprimée en défaveur de cette campagne de publicité et a regretté que la direction parisienne de FNE ne les ait pas consultés. Ils ne savent que trop bien qu’elle risque d’anéantir tous les efforts qu’ils ont consentis pour faire avancer leur cause.
J’espère qu’il n’est pas déjà trop tard et que la majorité des Bretonnes et des Bretons saura voir cette campagne pour ce qu’elle est : une provocation stérile, faisant fi des réalités de terrain.
Je souhaite enfin préciser les choses quant à la procédure judiciaire en cours. Sur son site internet, FNE présente les deux affiches sur les algues vertes par ces mots : « La Bretagne concentre sur 4 départements la moitié des porcs et de la volaille française. » Cette page internet dément les propos du porte-parole de FNE qui assurait que la Bretagne n’était pas spécifiquement visée par cette campagne de publicité. En particulier, l’affiche titrant « Bonnes vacances », qui expose un enfant jouant dans un tapis d’algues vertes, constitue ainsi une attaque contre la Bretagne toute entière.
En associant clairement la Bretagne et cette affiche sur son site internet, la direction nationale de FNE sous-entend que le problème des algues vertes est généralisé sur l’ensemble de son territoire, et que venir en Bretagne serait dangereux. En tant que Président du Conseil régional, il était de mon devoir de signifier que les Bretons ne pouvaient accepter de tels amalgames. C’est pourquoi, j’ai déposé au nom du Conseil régional une assignation de l’association FNE devant le Tribunal de grande instance de Paris, concernant le lien établi sur son site internet entre la Bretagne et les deux affiches sur les algues vertes.
Cette procédure ne porte évidemment pas sur les affiches elles-mêmes, sur lesquelles la Bretagne n’est pas mentionnée, d’autant plus qu’elles n’ont finalement pas été affichées dans le métro comme c’était envisagé.
En espérant que ces quelques explications vous auront éclairées sur mes prises de position, je vous prie de croire, Madame, à l’assurance de mes salutations les plus distinguées.
samedi 2 avril 2011
Bretagne Morte ou Vivante - Lettre ouverte au président du conseil régional
Un envoi de l'Oncle Paul à M Le Drain, président de la région Bretagne
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