jeudi 26 juillet 2007

Troc nucléaire : les réactions s'amplifient ...

Tiré de

Tollé des antinucléaires après l'amorce d'une collaboration nucléaire entre Paris et Tripoli
[26/07/2007 17:46]

MEU109-0725071704

PARIS (AP) -- Les organisations antinucléaires ne cachaient pas leur colère jeudi après l'amorce la veille par Nicolas Sarkozy d'une collaboration dans le nucléaire civil entre Paris et Tripoli, au lendemain de la libération des infirmières et du médecin bulgares.

La France et la Libye ont signé mercredi à Tripoli un «mémorandum d'entente sur le coopération dans le domaine des applications pacifiques de l'énergie nucléaire», alors qu'un peu plus tôt l'Elysée excluait officiellement de parler de «coopération nucléaire».

Un premier projet «éventuel» de collaboration porte sur la construction d'un «moteur nucléaire pour dessaler l'eau» et produire de l'eau potable, a expliqué Nicolas Sarkozy mercredi soir.

«Il y a déjà eu un premier repérage qui a été fait par des ingénieurs français voici trois semaines ou un mois», a précisé le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant sur France-Info. L'objectif est aussi selon lui d'envoyer un «signal politique fort»: que «des pays qui respectent les règles internationales sur l'énergie nucléaire comme la Libye peuvent disposer d'un équipement qui leur est nécessaire pour des besoins civils».

Un deuxième projet en discussion porterait sur la recherche de gisements d'uranium en Libye. «Areva a besoin d'uranium», a noté le président français.

Mardi, le réseau «Sortir du nucléaire» affirmait que la France avait échangé la libération par le colonel Moammar Kadhafi des infirmières et du médecin bulgares détenus depuis plus de huit ans par Tripoli contre la promesse de fournir à la Libye de la technologie nucléaire -des accusations alors fermement rejetées par le chef de l'Etat.

Mercredi, son porte-parole David Martinon assurait encore qu'il n'était «pas question» de parler de «coopération nucléaire» au cours de la rencontre entre MM. Sarkozy et Kadhafi à Tripoli. Finalement, le nucléaire faisait bien partie des accords.

«Il y a pas de lien entre la libération de ces malheureuses et les contrats éventuels», a réaffirmé mercredi Nicolas Sarkozy, en soulignant qu'aucun accord formel n'avait encore été signé et que cela pourrait prendre «plusieurs mois, voire plusieurs années». «Ce mémorandum n'est pas un accord de circonstance», a assuré également le ministère de Affaires étrangères dans un communiqué jeudi.

Nicolas Sarkozy a plaidé pour l'accès des pays arabes au nucléaire civil. «Si on ne donne pas l'énergie du futur aux pays du sud de la Méditerranée, comment vont-ils se développer? Et s'ils ne se développent pas, comment va-t-on lutter contre le fanatisme et le terrorisme?»

«La rançon» pour la libération des infirmières et du médecin bulgares, «c'est une centrale nucléaire» et «toute cette histoire d'une négociation diplomatique et humanitaire, c'est un mensonge», a tonné le député européen Vert Daniel Cohn-Bendit sur RTL. «La France a négocié et a livré une centrale nucléaire civile.»

«M. Kadhafi est un dictateur sanguinaire», a-t-il rappelé. «C'est complètement fou qu'on réhabilite maintenant les dictateurs en fonction du bon vouloir des gouvernants français (...) Je trouve ça écoeurant», a ajouté M. Cohn-Bendit.

«C'est un accord passé sur le dos de la libération de ces infirmières bulgares», s'est aussi insurgé jeudi sur Europe-1 le député Vert Noël Mamère. «Cet accord, c'est un accord passé avec un dictateur (...) patron d'un régime qui est un régime terroriste», a-t-il souligné. «Souvenons-nous de (l'attentat de) Lockerbie.»

La précipitation avec laquelle les choses se sont conclues démontre que «cette affaire politico-commerciale a été envisagée, voire négociée, bien avant la libération des infirmières», estime de son côté dans un communiqué le porte-parole des Verts Yann Wehrling, alors que le réseau «Sortir du nucléaire» reproche au président français d'avoir «menti» lors de sa conférence de presse mardi en niant l'existence d'un tel arrangement. Pour l'organisation, «M. Kadhafi n'a que faire de l'eau, son objectif est d'accéder à des technologies nucléaires».

Pour Greenpeace, la France est «irresponsable». «Cet accord pose un énorme problème de prolifération nucléaire et se situe dans la droite ligne de la politique française d'exportation irresponsable de sa technologie nucléaire», estime l'association écologiste.

Le Parti socialiste français quant à lui «demande au président de la République et à son gouvernement la plus grande transparence». «La normalisation des relations (avec la Libye) (...) doit s'opérer sous le contrôle du Parlement (comme c'est le cas dans toutes les grandes démocraties) et dans un cadre plus collectif, celui de l'Union européenne, et sous le contrôle de l'ONU», estime-t-il. AP

Aucun commentaire: